“Je me suis réveillé & j’ai vu des gens éparpillés au sol. Un mort ici, un là. Regardez ce cratère, il fait au moins 20 mètres de large. D’autres sont sous le sable, on ne les découvrira qu’au matin.”
Par Qassam Muaddi, le 11 septembre 2024
Israël a commis un nouveau massacre dans une zone désignée comme étant une “zone sûre”. Les frappes aériennes ont enseveli des familles entières dans le sable.
Les lampes de poche des secouristes percent l’obscurité dense qui règne sur le sable à al-Mawasi, le campement de tentes abritant les Palestiniens déplacés à Khan Younis. Un groupe d’hommes munis de pelles s’efforce de déblayer le sable au milieu d’un cratère géant creusé par une frappe aérienne israélienne sur la “zone sûre” désignée par les Israéliens. Dans un témoignage vidéo recueilli pour Mondoweiss, des secouristes sortent du sable des couvertures à moitié enterrées et expliquent qu’ils tentent d’extraire des personnes de l’énorme cratère causé par une frappe aérienne israélienne.
Le massacre israélien de Mawasi aux premières heures du mardi 10 septembre est le dernier d’une série de frappes israéliennes ciblées sur des camps de déplacés dans la bande de Gaza, ainsi que le bombardement d’abris scolaires. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le massacre a coûté la vie à au moins 40 Palestiniens et en a blessé 60 autres, selon le ministère de la santé basé à Gaza. Il s’agit également du deuxième grand massacre dans la “zone sûre” de Mawasi et du cinquième dans cette zone. Le premier grand massacre a eu lieu à la mi-juillet et a entraîné la mort de 90 Palestiniens. Lors de cette attaque, Israël a affirmé avoir visé le chef des brigades Qassam du Hamas, Muhammad al-Deif. Lors de l’attaque la plus récente de mardi, l’armée israélienne a prétendu cibler un centre de commandement du Hamas.
Selon l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme, le dernier massacre à al-Mawasi a été perpétré à l’aide de bombes fabriquées aux États-Unis et dotées d’une “grande capacité destructrice”. Le secrétaire général des Nations unies, le coordinateur des Nations unies pour les affaires humanitaires en Palestine et le chef de la diplomatie de l’Union européenne ont tous condamné le massacre.
Une attaque sans sommation
“Ils nous ont dit d’aller à al-Mawasi, alors nous sommes allés à al-Mawasi”, explique à Mondoweiss un homme d’âge moyen vêtu d’un tee-shirt bleu, au lendemain de l’attaque.
“Ils ont attaqué sans préavis. Ils ne nous ont pas dit de bouger, ni qu’il s’agissait d’une zone de combat. Ils nous ont attaqués par surprise”.
“Je me suis réveillé en cherchant mes enfants, puis je suis sorti, et j’ai vu des gens éparpillés au sol. Un mort par ici, un autre là”, poursuit-il. “Regardez ce cratère. Il fait au moins 20 mètres de large. Évidemment, d’autres victimes se trouvent sous le sable, mais nous ne le découvrirons qu’au matin.”
“Ceux qui vivent ici sont des pauvres qui fuient les bombardements”, explique à la caméra un autre habitant de Mawasi d’un certain âge. “Certains d’entre eux paient un loyer pour l’endroit où ils se trouvent, d’autres sont autorisés à rester gratuitement, mais ce sont tous des gens ordinaires. Aucun d’entre eux ne fait partie de la résistance ou quoi que ce soit d’autre.”
“Nous avons extrait de nombreux morts et blessés. Il y en a encore beaucoup sous le sable, et la plupart sont des femmes et des enfants !”, s’exclame-t-il.
Au cours des dernières semaines, l’armée israélienne a réduit les zones désignées comme étant des “zones sûres” à Gaza à moins de 30 % de la surface de l’enclave. Plus d’un million de personnes, soit la moitié de la population de Gaza, sont contraintes de s’entasser dans ces petites parcelles. Chaque fois que l’armée israélienne bombarde ces campements, des familles entières sont souvent tuées. Lors du massacre de Mawasi, mardi, de nombreuses familles ont été enterrées dans le sable.
Les bombes israéliennes bouleversent le territoire
Bien que l’armée israélienne affirme que chaque attaque débouchant sur un massacre a pour cible le Hamas, les campements sont en grande partie improvisés et ne disposent que de peu d’infrastructures susceptibles d’être utilisées par le Hamas comme “centres de commandement”. À al-Mawasi, les Palestiniens ont installé des toilettes improvisées entre les divers campements, seules structures existantes à part les tentes fragiles. Lorsque les bombes israéliennes tombent sur ces zones, elles bouleversent le territoire.
“L’explosion a été si forte que même l’eau est sortie du sol”, raconte un survivant déplacé à Mondoweiss. “Comme vous pouvez le voir, il n’y a que des tentes autour de nous, rien d’autre”, souligne-t-il. “Imaginez vous en train de dormir quand soudain vous découvrez que tout ce qui vous entoure est en train de se disloquer. Bien sûr, nous avons été choqués ! Après l’attaque, je ne voyais plus rien ni personne autour de moi”, ajoute-t-il.
“Il y avait cinq tentes ici”, dit-il en montrant l’un des cratères. “Et puis quatre autres là-bas, et des toilettes de ce côté-là”.
“Je me suis réveillé couvert de sang”, raconte un autre survivant, un pansement sur le front et la moitié du visage brûlée à la suite d’une autre attaque. “J’ai couru en criant, appelant ma famille, pour découvrir que la maison voisine s’était effondrée sur eux, mais Dieu merci, ils ont tous survécu.”
“Ils [l’armée israélienne] ont bombardé un autre campement de l’autre côté, et la maison qui se trouvait ici s’est effondrée sur ses occupants”, ajoute-t-il, le souffle court. “Je ne sais plus quoi dire d’autre. Que Dieu nous vienne en aide”.
Source : https://ssofidelis.substack.com/p/autour-de-moi-tout-sest-disloque
URL de cet article : https://lherminerouge.fr/autour-de-moi-tout-sest-disloque-israel-commet-un-nouveau-massacre-dans-la-zone-sure-de-gaza-sofs-11-09-24/