Aux urgences de Nantes, « on frôle la catastrophe » et « rien ne bouge », entend-on(OF.fr-9/02/23)

« Le personnel s’effondre et les patients sont mis en danger par l’hôpital », alertent les blouses blanches du CHU de Nantes.

Tension extrême aux urgences du CHU de Nantes. Une quarantaine d’infirmiers et d’aides-soignants ont déposé des arrêts maladie. Un ultime SOS pour qu’on écoute leur détresse.

Ils veulent créer un électrochoc. Montrer que l’hôpital craque de l’intérieur. Alors ils ont consulté, le même jour, des médecins, afin de faire constater leur épuisement physique et moral, leur stress permanent, leur inquiétude vis-à-vis des patients de plus en plus mal accueillis​.

Mis en arrêt maladie deux jours, une semaine ou quinze jours, ces quelque quarante d’infirmiers et aides-soignants des Urgences du CHU de Nantes s’avouent obligés « d’aller jusque-là » ​pour qu’on entende leur voix. Les urgences ont beau être en grève depuis plusieurs mois, « ça ne suffit pas », souffle Rémi (prénom d’emprunt). « Tous réquisitionnés, on travaille le mot grève ​affiché sur la blouse. Mais rien ne bouge. Nous ne sommes pas entendus par la direction. »

Infirmier depuis dix ans, Rémi a été mis en arrêt mardi. Usé de ne pas pouvoir travailler dans des conditions acceptables​, le soignant ne supporte plus, par-dessus tout, de voir les patients souffrir ». ​Tout se dégrade, répète-t-il, en particulier le côté humain. Est-il normal de voir des personnes âgées rester 72 heures sur des brancards durs comme du béton ? Est-il normal que de plus en plus de morts inattendues surviennent sur ces brancards ? Et d’ailleurs, est-il normal de finir sa vie seul sur un brancard ? ​demande l’infirmier en colère. On n’a tellement pas de place qu’on met des gens dans les couloirs. La Zad, zone d’attente et de diagnostic, est devenue carrément une zone d’hospitalisation.

« J’ai l’impression d’être un prolétaire à l’usine »

Comme beaucoup de ses collègues, Rémi envisage de changer de service, voire de métier. « J’ai l’impression d’être un prolétaire à l’usine. Je fais des perfusions à la chaîne, des prises de sang à la chaîne. À l’école d’infirmiers, on nous apprend que l’accompagnement, l’écoute, la relation au patient, sont capitales pour la guérison. Mais ça, ça ne rapporte pas d’argent. Maintenant, les gens sont considérés comme des marchandises », lâche l’infirmier, à bout.

Face à la vague d’arrêts maladie, la direction du CHU a dû remanier ses services pour parer au plus pressé. Et solliciter d’autres établissements. Des patients ayant des pathologies plutôt légères ont été dirigés vers les urgences de la clinique Confluent. Les patients plus critiques ont été acheminés au centre hospitalier de Saint-Nazaire. « La situation est difficile, les urgences réduisent les entrées, rapporte Patrick Youx, patron d’Assistance ambulance. Le problème reste le temps d’attente pour déposer les patients au CHU et à Confluent. La situation est tendue également dans notre profession. C’est tout le système de soins qui est sous tension. »

« On frôle la catastrophe »

Pour Tony Gilbert, secrétaire général FO CHU, « on frôle la catastrophe. Mais c’est aussi parce qu’on manque de lits partout. Alors, ça bouchonne aux urgences et on met les patients en danger. On n’avait pas ça il y a deux ans », relève le syndicaliste.

Pour l’intersyndicale CGT-FO-Sud CHU, l’heure est grave : « Les hospitaliers n’ont plus les moyens d’exercer leur profession en sécurité. »

Isabelle MOREAU

source: https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/aux-urgences-de-nantes-on-frole-la-catastrophe-et-rien-ne-bouge-entend-on-4710038e-a884-11ed-aeeb-69381795ad8f

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