
Une mobilisation nationale a eu lieu, mardi 11 mars, pour dénoncer les coupes budgétaires dans l’enseignement supérieur et la recherche. À Brest (Finistère), une cinquantaine de personnes alertaient sur la situation financière catastrophique que traverse l’Université de Bretagne occidentale.
Par Baptiste LE ROUZIC.
Étudiants, membres du personnel et syndicats étudiants se sont mobilisés dans toute la France, mardi 11 mars, pour la survie de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR). Le budget de son ministère subit une baisse d’1 milliard d’euros par rapport à 2024 (31,3 milliards d’euros de budget total). Une politique d’austérité souhaitée et assumée par le gouvernement Bayrou. À Brest (Finistère), la colère est portée par une quarantaine d’étudiants, notamment de l’Union Pirate. Vers 10 h 30, quelques drapeaux du syndicat étudiant flottent déjà, en attendant la fin de l’assemblée générale du personnel de l’UBO, qui regroupait plusieurs dizaines de personnes. Une fois toutes et tous réunis, le cortège prend la direction de la faculté des Lettres et Sciences Humaines.
« Offrir la capacité de rêver »
Tout le long du trajet, animé par de la musique et des sourires, les revendications fusent. « Ce que nous demandons, c’est un grand plan d’investissement, explique Maïwenn L. de l’Union Pirate. Également la fin de la privatisation des filières, des cafétérias, la fin de Parcoursup et Mon Master. Arrêtons de dire qu’on manque d’argent. Ce sont des choix politiques, l’argent, il existe. » Hervé Guyon, syndicaliste de la CGT, partage son opinion. « Le Président dit que nous serions en guerre, ironise-t-il. Des milliards vont être débloqués pour l’armée. Il est temps de reconnaître que les universités aussi traversent une guerre. Il faut la mener pour sauver l’enseignement supérieur. »
Les étudiants ne sont pas dupes. Ils observent, comme beaucoup, les services publics, l’enseignement et la culture subir des coupes budgétaires. « Il faut comprendre que l’accès à l’éducation, à la culture, c’est offrir aux gens la capacité de rêver », souligne Léontine, étudiante à l’UBO.
« Les universités seront en faillite »
Comme la CGT, Sud et FO, les étudiants s’offrent le rêve d’un mouvement général, de classe populaire, qui dépasse l’UBO. « Nous espérons une lutte collective, déclare Hervé Guyon de la CGT, devant le bâtiment de la faculté Victor-Segalen. La situation est déjà catastrophique. Avec la nouvelle coupe budgétaire, les universités seront en faillite. Il faut un mouvement national de contestation politique. » Côté personnel, Esther Regnier, maîtresse de conférences en économie à l’UBO soutient le mouvement. « Je m’inquiète du budget, bien évidemment, et je soutiens le mouvement. On observe également une volonté du CNRS (centre national de la recherche scientifique) de se désengager de certains laboratoires, au profit de Key-Labs. » Succinctement, ces « Key-Labs » seront des laboratoires qui bénéficieront de plus de moyens humains et financiers, au détriment des autres.
Le président de l’UBO, Pascal Olivard, alerte depuis des mois sur la situation de l’université à Brest. En novembre 2024, déjà, il déclarait « nous allons droit dans le mur, c’est acté. Nous y allons à vitesse grand V ». Les étudiants, premiers embarqués à vitesse grand V, choisissent d’alerter en gardant la bonne humeur, en chantant Another Brick In The Wall de Pink Floyd, notamment. « On y croit parce qu’on espère un changement, sourit Maïwenn L. Il y a toujours de l’espoir. »
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