Par Camille PAIN
Quatre nouvelles personnes étaient convoquées au tribunal de Lorient, lundi 18 septembre 2023, dans l’affaire du train bloqué à Saint-Gérand (Morbihan) en mars 2022. Elles ont été mises en examen. Les militants du collectif Bretagne contre les fermes usines se sont réunis en soutien, devant le palais de justice.
C’est la suite de l’instruction en cours. Je prends mes responsabilités. C’est un peu dur
, confie, lucide, Yann, membre du collectif Bretagne contre les fermes-usines. Le jeune homme, qui travaille dans la rénovation thermique des bâtiments, s’apprête à être entendu devant le tribunal de Lorient (Morbihan). J’essaye de faire ce qui me semble juste. Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme. On n’est pas là pour le plaisir.
Il fait partie des quatre nouvelles personnes convoquées devant un juge d’instruction, lundi 18 septembre 2023, dans l’affaire du train bloqué à Saint-Gérand, le 19 mars 2022.
Une cinquantaine de militants avaient mis à l’arrêt un train de marchandise transportant du blé destiné à nourrir l’élevage industriel, sur la voie ferrée à hauteur de Saint-Gérand, où sont installées plusieurs usines d’aliments dédiées à l’élevage hors sol, notamment celle de la multinationale Sanders. Une partie de la cargaison avait alors été déversée sur les rails, pour une perte estimée à deux millions d’euros, selon la coopérative agricole Le Gouessant.
Déjà plusieurs mises en examen
Dans la foulée, en juin 2022, quatre premières personnes avaient été mises en examen et placées sous contrôle judiciaire. Puis, un an plus tard, quatre autres militants s’étaient dénoncés et étaient à leur tour mis en examen et placés sous contrôle judiciaire
« Avec ceux d’aujourd’hui, cela fait potentiellement douze », précise Fanche, elle aussi membre du collectif Bretagne contre les fermes-usines. Ils sont entre autres poursuivis pour pénétration sur le domaine ferroviaire, entrave à la circulation d’un train et destruction volontaire.
Devant le tribunal, une trentaine de personnes se sont rassemblées pour les soutenir, ce lundi. Le collectif a reproduit un train symbolisant l’agro-industrie fonçant dans un mur. À l’entrée, les militants distribuent boissons ou viennoiseries. Le rassemblement est notamment soutenu par Europe Ecologie Les Verts, La France Insoumise ou la Confédération Paysanne.
« Notre procès, c’est le procès de l’agro-industrie »
L’ambiance est conviviale mais n’efface pas l’urgence qui se fait sentir dans la voix des militants. Tant qu’il n’y aura pas de véritable débat démocratique, on n’aura pas de repos
, souffle Hervé, lui aussi convoqué devant la justice. Il faut que les préfets arrêtent de donner des autorisations à tour de bras. Des dizaines de projet vont à contre-sens de l’histoire
, poursuit-il, résolu à ne rien lâcher.
L’objectif c’est d’alerter, de populariser le combat. Il y a une nécessité à agir. Je crois qu’il se passe quelque chose
, appuie Fanche. Si les militants du collectif Bretagne contre les fermes-usines passent à l’action, c’est pour dénoncer l’élevage hors-sol, les importations, la pollution de l’air et de l’eau
, liste Hervé. Notre procès, c’est le procès de l’agro-industrie.
Au sein de RAFU, une coalition de résistance, ils plaident pour l’organisation d’un moratoire sur les fermes usines, dans le contexte de la discussion au Parlement du pacte et projet de loi d’orientation d’avenir agricoles (PLOAA).
Un procès en 2024
Pour occuper le temps, les militants entament des chants. Vers 16 h 30, les applaudissements accompagnent la sortie du dernier membre du collectif entendu par le tribunal. Le juge d’instruction a décidé la mise en examen et le placement sous contrôle judiciaire pour l’ensemble des quatre personnes auditionnées, ainsi que l’interdiction de quitter le territoire et de se rendre à Noyal-Pontivy ou Saint-Gérand, et de rentrer en contact avec les autres membres du collectif entendus par la justice.
Jérôme Bouquet, l’avocat du collectif, sort à son tour. A priori, ce sont les dernières mises en examen. La phase d’instruction devrait être bouclée en fin d’année.
Un procès est prévu à Lorient, courant 2024. Les militants encourent une peine d’emprisonnement avec sursis, une amende et l’obligation d’indemniser les victimes : la coopérative Le Gouessant, la SNCF et Millet Rail. L’avocat assure : On ne va pas y aller en baissant la garde. Nous avons l’intime conviction que les délinquants sont en face.
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/blocage-dun-train-de-cereales-dans-le-morbihan-quatre-nouvelles-personnes-mises-en-examen-of-fr-18-09-23/