Brest 44 cherche la famille du résistant Vuillemin, fraîchement décoré (LT.fr-31/01/24)

Gildas Priol, de Brest 44, a contribué, avec des anciens combattants, à permettre à deux Brestois fusillés au Mont-Valérien, non pas de sortir de l’oubli (leur nom figure sur une stèle à Saint-Marc) mais d’être sur un pied d’égalité avec leurs camarades : Paul Monot et Charles Vuillemin. (Photo Le Télégramme/David Cormier)

Brest compte deux nouveaux récipiendaires de la médaille de la Résistance française : Charles Vuillemin et Paul Monot, fusillés au Mont-Valérien à l’automne 1943. Brest 44 recherche des membres de la famille du premier.

Par David CORMIER

« C’est une distinction, créée par le général De Gaulle, qu’on ne peut plus obtenir qu’à titre posthume parce qu’il faut avoir trouvé la mort dans le cadre d’une action de résistance. Près de 70 000 personnes en France l’ont reçue, à rapporter au nombre de victimes de la Seconde Guerre mondiale. Il en est attribué à peine 20 par an ». Gildas Priol sait le prestige de la médaille de la Résistance française. Pour son association Brest 44, aidée notamment par l’Association nationale des anciens combattants (Anacr), cette attribution est aussi le fruit de près de deux ans de démarches.

La médaille de la Résistance nationale a été décernée à près de 70 000 personnes, mortes pour la France à la suite d’un acte (ou plusieurs) de résistance.
La médaille de la Résistance nationale a été décernée à près de 70 000 personnes, mortes pour la France à la suite d’un acte (ou plusieurs) de résistance. (Photo Le Télégramme/David Cormier)

Le Journal officiel l’a en effet inscrit dans le marbre, ce lundi 29 janvier 2024. Deux Brestois de Saint-Martin sont nouvellement décorés, plus de 80 ans après leur disparition : Charles Vuillemin et Paul Monot. Ils ont été exécutés avec 17 camarades au Mont-Valérien, près de Paris, à l’automne 1943, mais eux n’avaient pas reçu cette décoration. Ils entrent ici rejoindre la Ville de Brest (une des 18 collectivités distinguées). Le dossier est passé par le ministère des Armées, puis la commission de la médaille de la Résistance nationale, puis de nouveau au ministère, qui l’a envoyé à la Première ministre Elisabeth Borne jusqu’à la signature d’un décret par le président de la République, Emmanuel Macron.

Ils participent à des attentats

De Paul Mathurin Monot, il reste une photo et une famille. Né à Brest le 1er juin 1921, il grandit rue Conseil. Cet électricien de l’arsenal milite à la CGT puis adhère au PCF. Il participe notamment à des sabotages sur son lieu de travail, sous l’Occupation et contribuerait à la fabrication de bombes artisanales, qu’il stocke à son domicile. En 1942, il participe, semble-t-il, à l’attentat contre le Gasthaus (auberge allemande) de la rue Jean-Jaurès. Il agirait aussi dans le Morbihan. Arrêté en octobre 42, torturé, il est condamné à mort en août 43 par le tribunal allemand de Paris. Sa dépouille est rapatriée à Brest en 1947. Cent un ans tout juste après sa naissance, le 1er juin 2022, une plaque est posée sur l’immeuble où il a vécu.

Paul Monot est un des deux nouveaux Brestois décorés, cette semaine, de la médaille de la Résistance française.
Paul Monot est un des deux nouveaux Brestois décorés, cette semaine, de la médaille de la Résistance française. (Photo Brest 44)

De Charles Julien Joseph Vuillemin, on n’a pas de photo. Né le 28 mars 1918 à Brest, il réside rue Ernest-Renan, à côté du cimetière de Saint-Martin. Militant communiste puis Franc-tireur et Partisan, il participe à plusieurs attentats ou tentatives, jetant une bombe devant des soldats allemands à Saint-Martin, le 1er janvier 43, puis il récidive le 5, devant la Kommandantur. Il est arrêté, avec Yves Giloux et Jean-Louis Primas, le 20, près de Nantes. Il est condamné à mort, lui aussi, en août cette année-là.

Des neveux ou nièces, cousins ou cousines ?

« Les papiers n’ont pas été faits à son décès. Sa mère, commerçante, qui avait perdu son mari en 1918, est décédée quelques mois à peine après son fils. Ce dernier avait une grande sœur, Yvonne, et peut-être un demi-frère ou une demi-sœur, raconte Gildas Priol après d’actives recherches. Sa sœur s’est-elle mariée ? A-t-elle eu des enfants ? Existe-t-il des cousins ou cousines de Charles Vuillemin ? ».

La Ville de Brest entend organiser, courant 2024, une cérémonie pour remettre la distinction à la famille de Paul Monot. « Nous sommes en contact avec deux de ses cousines, venues au 80e anniversaire de l’exécution, en septembre 2023 », reprend Gildas Priol. « Mais nous cherchons à trouver des membres de la famille de Charles Vuillemin », notamment pour qu’elle soit présente aussi à cette cérémonie.

À Saint-Marc, au jardin des fusillés, 19 noms de Brestois abattus au Mont-Valérien figurent sur une stèle. Un seul, désormais, n’est pas (encore ?) honoré de la médaille de la Résistance française : Louis Le Guen.
À Saint-Marc, au jardin des fusillés, 19 noms de Brestois abattus au Mont-Valérien figurent sur une stèle. Un seul, désormais, n’est pas (encore ?) honoré de la médaille de la Résistance française : Louis Le Guen. (Photo Le Télégramme/David Cormier)

Un troisième à venir

Sur la stèle des fusillés, dans un jardin de Saint-Marc, à l’angle des rues Lacordaire et Georges-Mélou, un seul des 19 Brestois abattus au Mont-Valérien reste privé de la distinction qui glorifie ses camarades. « Nous avons fait la demande aussi pour Louis Marie Le Guen, né le 25 février 1907, mais cela a été refusé : il n’avait pas été déclaré officiellement mort pour la France », regrette Gildas Priol. Mais les efforts ont payé : après une assez longue procédure, c’est fait depuis quelques semaines et il y a tout lieu de penser qu’il sera médaillé à son tour la prochaine fois.

Contact

On peut contacter l’association Brest 44 par courriel, brest44@live.fr

Source: https://www.letelegramme.fr/finistere/brest-29200/brest-44-cherche-la-famille-du-resistant-vuillemin-fraichement-decore-6516818.php

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