Budget 2024-Face aux crises actuelles, il faut trouver des moyens supplémentaires pour la bifurcation écologique et répondre aux besoins sociaux (H.fr-17/10/23)

Par Eric COQUEREL, Député LFI/NUPES de Seine-Saint-Denis, Président de la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale.

Le budget 2024 ne résoudra rien. Il ne répondra pas aux besoins des Français mais n’atteindra pas non plus les objectifs de réduction de déficit du gouvernement. Se refusant à toute augmentation d’impôts, leurs objectifs impliquent d’espérer dans la seule croissance, combinée à une baisse historique des dépenses publiques.

Mais cette croissance ne sera pas au rendez-vous. Quant aux économies, elles sont plus faciles à dire qu’à faire. Bruno Le Maire a reporté à 2025 le plus gros des baisses des dépenses publiques structurelles, sans d’ailleurs oser dire lesquelles.

Même pour le plus libéral qui soit, pas facile de sabrer dans les budgets sociaux quand le pouvoir d’achat en berne menace la consommation populaire, que la pauvreté s’accroît et que la crise du logement se transforme en bombe sociale. Nombreuses sont les crises qui réclament de l’argent public.

Cette rentrée scolaire a été l’une des pires, les hôpitaux souffrent. Il faut rendre plus attrayants les métiers d’enseignant ou de soignant. Il faut restaurer la santé publique, s’occuper dignement de nos aînés, garantir l’accès aux services publics dans tous les territoires délaissés par la République, quartiers urbanisés et zones rurales.

La politique de l’offre du gouvernement est dans l’impasse. Le temps des crises oblige à inverser les priorités. Il faut partir des besoins et chercher les recettes qui permettent d’y répondre, en enclenchant une politique de la demande écologique et du partage des richesses. Au cœur du budget devrait donc être la bifurcation écologique : 7 milliards d’euros en plus sont prévus en 2024, bien loin de ce qu’il faudrait.

Or, la dette écologique est bien plus grave que la dette financière – problématique certes mais pas vitale comme la première. Pour atteindre l’objectif de neutralité carbone, l’économiste Jean Pisani-Ferry estime nécessaire un investissement public à hauteur de 37 milliards en taxant notamment les plus riches et en laissant filer un peu plus la dette. Les recettes supplémentaires pour l’État sont à chercher dans les richesses outrageusement accumulées par les détenteurs de capitaux avantagés fiscalement depuis des années.

Le paradoxe de ce budget, c’est que le gouvernement est obligé de reconnaître en parole un certain nombre de ces évidences, mais sans en tenir compte, engoncé dans sa logique néolibérale. Pourtant, parce que le camp macroniste, ébranlé par ses contradictions, n’y est pas majoritaire, à l’Assemblée se constituent des majorités pour voter des moyens supplémentaires en faveur des urgences écologiques et sociales.

Les premiers jours de débat en commission ont vu des victoires en faveur d’un impôt universel ciblé, d’un impôt sur le revenu plus juste, rétablissant l’exit tax, d’une taxe sur les super dividendes, d’aides en faveur des associations de solidarité et des bénévoles. D’autres suivront immanquablement.

À l’inverse de 2022, le gouvernement respectera-t-il ces votes majoritaires de l’Assemblée pour les conserver dans son budget, même en imposant le 49.3 déjà annoncé ? Un minimum de respect démocratique le voudrait.

Eric COQUEREL, Député LFI/NUPES de Seine-Saint-Denis, Président de la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale.

Source: https://www.humanite.fr/en-debat/budget/quelles-doivent-etre-les-priorites-du-budget-2024

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/budget-2024-face-aux-crises-actuelles-il-faut-trouver-des-moyens-supplementaires-pour-la-bifurcation-ecologique-et-repondre-aux-besoins-sociaux-h-fr-17-10-23/

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