« Ça fait mal à l’amour-propre » : travailleur handicapé, il dort depuis six mois dans sa voiture. ( OF.fr – 14/12/22 – 11h30 )

Une voiture Mercedes usée qui lui sert de toit. Une vie de précarité où il a pour compagnon son chien Malinois. C’est le quotidien fait de journées longues de Gervais Perrot.
Une voiture Mercedes usée qui lui sert de toit. Une vie de précarité où il a pour compagnon son chien Malinois. C’est le quotidien fait de journées longues de Gervais Perrot.

Gervais Perrot, 45 ans, vit dans sa voiture depuis six mois, à Plouharnel, près de Carnac (Morbihan). Il multiplie les galères, mais s’accroche à l’espoir de trouver un logement, qui lui permettrait de rebondir professionnellement. Il témoigne.


Il est arrivé des Vosges après une séparation d’avec sa compagne. C’est un peu le hasard qui a mené Gervais Perrot, 45 ans, sur les routes du Morbihan. Reconnu travailleur handicapé depuis 2019, à cause de nerfs cubitaux comprimés, il vit depuis six mois dans sa voiture, à Plouharnel (Morbihan). Avec pour compagnon, son chien malinois, Nash. Il raconte sa galère pour trouver un logement, clé pour reprendre une vie professionnelle.

« Je dors dans ma voiture depuis ma séparation »

« Dans la voiture, c’est un bazar pas possible ! Ce que l’on est censé avoir dans un appartement, les affaires amassées, se retrouve dans un véhicule. J’y dors depuis ma séparation. Vingt-trois ans de vie commune…

Dans les Vosges, j’ai été éducateur, commercial, ai travaillé dans le BTP, dans la rénovation d’habitat. En 2019, j’ai été reconnu comme travailleur handicapé. Je n’ai plus de sensibilité au niveau des mains. Un travail manuel fin, même écrire, cela me prend un temps fou.

« Ma galère m’a mis sur les routes »

Dans la foulée, j’ai repris les études : j’ai un titre professionnel dans le commerce, niveau bac, obtenu avec l’Afpa. J’ai maintenant un niveau BTS. Ma galère privée m’a mis sur les routes. Je suis accompagné de mon chien, Nash, un Malinois, qui me tient compagnie.

« J’ai dû faire la manche »

J’ai de la famille du côté de Nantes, mais je ne pouvais pas vivre à ses crochets. Je suis arrivé dans le Morbihan par hasard, en mai-juin. Je ne gagnais plus rien. J’ai dû faire la manche, pendant quatre mois. Pas le choix. Cela fait mal à l’amour-propre.

« Je ne peux arriver à un entretien sans être lavé »

Mon problème est simple : je vise plein d’offres d’emploi sur les sites, des entreprises qui me démarchent au vu de mes expériences et je ne peux y répondre tant que je n’ai pas de logement. Je ne peux laisser mon chien seul, à aboyer toute la journée dans une voiture. Je ne l’abandonnerais pas. J’ai bien conscience que Nash est un compagnon sur ces temps difficiles, c’est aussi un frein.

Aujourd’hui comme tout sans domicile fixe, je suis domicilié au CCAS de Plouharnel. J’ai pu rencontrer une adjointe au maire, une assistante sociale à trois reprises. La municipalité est au courant de ma situation. Les gens sont tolérants et compréhensifs, certains m’amènent des plats chauds, des masques.

« Dans une voiture, les nuits sont longues »

Dans une voiture, les nuits sont longues. Même si je viens de l’Est, elles sont très fraîches ces derniers temps. Il y a la solitude, la difficulté pour se laver. Je ne peux arriver à un entretien sans être lavé, avec habits propres, – j’en ai commandé avec mon RSA que je touche depuis ce mois -, c’est une situation très gênante. Mon lien avec l’extérieur, c’est via mon téléphone portable.

Un autre regard sur les gens en galère

Et ce qui me rend fou, c’est de voir autant de maisons vides alentour. Je comprends bien que les gens ont le droit de posséder une résidence secondaire, mais j’en vois tant en promenant le chien le long de la côte. Ne serait-ce qu’un garage, un box à louer me suffiraient dans un premier temps. Le déclencheur, ce serait un logement, pour retrouver une vie sociale. Entre Noël et le Premier de l’an, j’ai une rencontre avec le Service intégré d’accueil et d’orientation du Morbihan, pour un logement, je ne sais trop quoi en penser. Ni ce que je peux espérer. Cela me fait porter un tout autre regard sur les personnes qui, du jour au lendemain, peuvent se retrouver dans une situation de galère. »

Auteur : Loïc TISSOT.

Source : « Ça fait mal à l’amour-propre » : travailleur handicapé, il dort depuis six mois dans sa voiture (ouest-france.fr)

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