Alors que l’État annonce la fin des 20 centimes de rabais sur le litre de gazole pour les pêcheurs pour le 15 octobre 2023. À Saint-Malo, les professionnels attendent avec inquiétude les avancées des discussions en cours.
« Pour qu’un armement soit rentable, il ne faudrait pas dépasser 60-65 centimes le litre de gazole. Ce lundi matin à Saint-Cast, il était à 96 centimes », témoigne Philippe Orveillon, le président du Comité départemental des pêches 35.
Si on enlève les 20 centimes d’aide accordés par l’État, « cela fait tout de même 76 centimes ». Pas étonnant alors que l’inquiétude monte dans les rangs des pêcheurs, à l’annonce de la suppression de ce coup de pouce financier, à compter du 15 octobre 2023. La raison de cette décision : « c’est parce qu’il est incompatible avec les règles européennes », souligne Philppe Orveillon.
Le sujet de la suppression de cette aide s’est tout naturellement invité sur les quais des ports de pêche bretilliens, 64 navires cumulés pour un effectif de 200 marins. « Mais la profession vit au jour le jour, dépendante de nombreux aléas notamment météorologiques, alors davantage que l’inquiétude, c’est l’attente qui domine actuellement. » À Saint-Malo notamment où de nombreux bateaux restent à quai, « la pêche à l’araignée est fermée et celle à la coquille n’a pas démarré ».
« C’est la double peine »
Mais toutes les attentions se tournent vers les discussions en cours, « le comité national des pêches est au travail avec le secrétaire d’État à la mer et la commission européenne, qui cherchent des solutions acceptables ». D’autant que jeudi et vendredi se dérouleront les assises de la pêche, à Nice, « il va y avoir de gros débats. On attend les pistes du secrétariat d’État ! »
Sans solution de rechange, « les armements ne seraient pas en péril. Mais cela aggraverait les difficultés économiques qu’ils rencontrent, dans une période inflationniste et sans augmentation de salaires. C’est la double peine ! »
Pour les armements, « et pour le calcul de la part de pêche des marins, qui prend en compte les recettes mais aussi les dépenses, dont le gazole. Sur les chalutiers hauturiers, cela peut impacter le salaire de 20 % ».
À ce jour, « aucune action n’est envisagée. Les marins ne sont pas du genre à pleurer avant d’avoir mal. Mais la conjoncture est particulière : les cours du poisson sont en baisse mais en hausse pour les consommateurs. Et concernant la coquille, la pêche a été très abondante l’an passé, les stocks sont importants… Alors ça, et sans compensation des 20 centimes, est-ce que les chiffres d’affaires seront suffisants ? »
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