Cet armateur bigouden dénonce la liste « honteuse et lamentable » de l’ONG Bloom contre le chalutage (OF.fr-4/04/25)

Julien Le Brun, armateur à Loctudy. | OUEST-FRANCE

Certains des neuf bateaux de pêche de Julien Le Brun, armateur de Loctudy (Finistère), sont cités dans la « liste rouge » de l’ONG Bloom qui demande une « déchalutisation » de la pêche. Un procédé que le patron-pêcheur juge « honteux » au regard des strictes réglementations qui régissent son travail.

Entretien réalisé par Anaëlle BERRE.

Julien Le Brun est armateur de neuf bateaux à Loctudy (Finistère). Ses navires figurent sur la « liste rouge » de Bloom. Il livre ses impressions et évoque la réalité de son métier.

Vos bateaux figurent sur la « liste rouge de Bloom ». Comment avez-vous vécu cela ?

Cette liste est lamentable. C’est honteux et déplacé. Ces ONG ont du pouvoir, du temps et des moyens pour faire le buzz. Mais moi, je fais mon métier en respectant toutes les règles ! Certes, au départ, la pêche au chalut n’était pas assez encadrée. Mais depuis trois décennies, heureusement, des réglementations ont été mises en place. Quotas, zones de pêche, sélectivité… Aujourd’hui, sincèrement, on peut dire que les choses sont bien gérées. Je crois qu’il faudrait échanger avec ces ONG. Nous sommes ouverts au dialogue et avons déjà su le faire dans le passé.

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L’ONG pointe la pêche dans les aires marines protégées. Quel est votre rapport à ces zones ?

C’est une pêche qui est légale et hyper réglementée. Dans ces endroits, on est surveillé en permanence, on ne peut pas y faire n’importe quoi. Mais si on interdit la pêche dans les aires marines protégées, il faut avoir conscience que pour certains bateaux, elles représentent jusqu’à 90 % de la zone de pêche. Cela veut aussi dire qu’il n’y aura plus de langoustine bigoudène.

Dans sa liste, Bloom cible des bateaux très différents…

Oui ! Ça n’a pas de sens. Mes bateaux font 15 mètres. Certains des navires-usines qui figurent dans la liste ramassent en une seule action de pêche tout ce que je ramène en une année avec un de mes bateaux.

La France devrait-elle renégocier les accords européens pour mieux protéger ses secteurs économiques stratégiques (agriculture, pêche) ?

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Quelle solution voyez-vous pour sortir de ce clivage ?

Tant qu’il n’y aura pas de volonté politique nationale et européenne, les choses seront compliquées. Un bateau neuf comme les miens, en 2016, il coûtait 1,5 million d’euros. Aujourd’hui, c’est 2,3 millions d’euros. Parallèlement, on ne vend toujours pas notre poisson, on nous l’achète. Les principales espèces que je pêche – la raie, la cardine et le merlu – se vendent moins cher qu’il y a vingt ans. Bien sûr que la filière va chercher des solutions pour faire mieux. On l’a toujours fait. Mais on ne peut pas aller plus vite que la musique !

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Source: https://www.ouest-france.fr/mer/peche/cet-armateur-bigouden-denonce-la-liste-honteuse-et-lamentable-de-long-bloom-contre-le-chalutage-c7109f12-10a1-11f0-9328-e5f61e6be38b

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