Cette révolte vient de loin. Elle prend racine dans le système d’exploitation capitaliste. (PRC – 04/07/23)

 Le 27 juin, à la suite d’un refus obtempérer lors d’un contrôle routier à Nanterre, le jeune Nahel de 17 ans est tué à bout portant par le tir d’un policier. Le meurtre est filmé et diffusé sur les réseaux sociaux.

Le meurtre ne fait tellement aucun doute que les dirigeants de l’État, pourtant si prompts à couvrir les actes des services de répression, s’emploient rapidement à essayer de déminer le terrain en jugeant que l’acte policier est inapproprié et le policier est, fait rarissime, inculpé pour : homicide volontaire!
Ce meurtre soulève une indignation légitime. Il n’est malheureusement pas le premier et s’ajoute aux humiliations que subissent quotidiennement une partie de la jeunesse et tout particulièrement celle issue de l’immigration. Il s’ajoute aux discours de haine proférés par un large spectre des partis politiques et du pouvoir vis-à-vis des immigrés qui s’emploient à valider de nouvelles restrictions de leurs droits.
Cette indignation est l’étincelle qui déclenche des réactions violentes et des affrontements avec les forces de l’ordre dans de nombreuses villes de France. Ces réactions se traduisent par des attaques contre des bâtiments publics (y compris des écoles et des mairies), des centres commerciaux et des magasins ouvrant la voie à des scènes de pillage largement exploitées par tout ce que notre pays compte de chiens de garde(1) et de nouveaux chiens de garde(2) du système capitaliste. De leur côté, les syndicats policiers Alliance et UNSA sont à la manœuvre et dans un communiqué commun affirment que l’heure : “n’est pas à l’action syndicale mais au combat contre ces nuisibles”, expression qui suinte le fascisme et qui dénie la qualité d’Homme à ceux qu’ils désignent pour les rejeter dans la partie des animaux qu’il faut éliminer physiquement pour sauver la société. Leur communiqué, comme l’expression de nombreux politiques denote la peur viscérale des travailleurs, de la jeunesse, de leurs luttes. Le déchaînement est général et nous sommes sommés d’appeler au calme et au retour de l’ordre républicain. Les mêmes qui appellent à ce calme et à cet ordre républicain, se gardent bien de dire pourquoi nous en sommes arrivés là ! Et pour cause, ils connaissent pertinemment leurs responsabilités : celle de dirigeants de l’ordre social capitaliste qui écrasent les salariés et enferment dans la misère et des ghettos urbains des quartiers sensibles des millions de travailleurs et de jeunes. Dans la dernière période, des millions de salariés ont manifesté pacifiquement pour faire valoir leurs droits. Qu’ont-ils obtenu ? Rien que la répression qui s’abat aujourd’hui contre ceux qui ont mené les luttes !

Soyons clair, nous ne pensons pas qu’attaquer des bâtiments publics et piller des magasins soient par nature des actes révolutionnaires, mais nous pensons qu’ils reflètent une révolte et une colère qui viennent de loin et qui prennent racine dans le système d’exploitation capitaliste.
Ce système pour obtenir les profits les plus élevés s’emploie à exploiter le travail salarié. Depuis des décennies, il s’emploie à détruire les conquêtes sociales de la classe ouvrière et à détruire les organisations ouvrières qui organisent et appellent à une résistance collective, il favorise celles qui ne mettent pas en cause l’ordre capitaliste et collaborent à la mise en œuvre de sa politique, il organise une ségrégation sociale visant à parquer les plus pauvres et les plus précaires dans des zones de quasi non-droit où, à la violence du capitalisme et de son État, s’ajoute celle des maffias et des réseaux de drogues.
L’Observatoire des Inégalités fait observer que dans ces zones, c’est le sur-chômage qui domine. Un quart des actifs y sont au chômage et c’est encore plus flagrant pour les moins de 30 ans où ce taux atteint 33%. C’est plus du double que celui des quartiers populaires dit non-prioritaires! Quand Macron ose sermonner les parents qui ne contrôleraient pas leurs enfants, il fait semblant d’ignorer que les grands-parents de ces enfants, souvent des ouvriers, ont été les premières victimes du chômage lié à la désindustrialisation résultat des délocalisations dans les pays à bas coût de la force de travail, que leurs parents qui subissent les petits boulots les plus dégradants, les plus précaires, les plus mal payés et se débattent eux-mêmes dans des difficultés terribles pour faire vivre leurs familles. Ce qui se résume souvent par l’impossibilité d’assurer en même temps le payement du loyer, le couvert, l’éducation des enfants, souvent victimes d’un échec scolaire et qui subissent une dégradation sans précédent des services publics au bénéfice d’un assistanat humiliant. Si les dames patronnesses du XIXe et XXe siècle ont disparu, les ONG, certaines associations, les prêcheurs en tout genre et les grands frères ont pris le relai, mais le principe est le même : contenir la colère et empêcher une prise de conscience révolutionnaire.
Les travailleurs conscients les travailleurs conscients de la nécessité d’un changement de société et qui travaillent à son organisation doivent donc porter une attention toute particulière à la signification des événements en cours et ne pas se laisser berner par les discours sur la concorde nationale et l’ordre républicain. Ils doivent mesurer que leurs luttes ne peuvent laisser sous l’œil des radars le cri venu des profondeurs que porte cette révolte, qui si elle peine à désigner clairement l’adversaire de classe n’en est pas moins révélatrice et porteuse d’une soif que les choses changent en profondeur.
C’est parce que nous pensons qu’il n’y a pas de lutte politique et sociale pour abattre le capitalisme sans un parti révolutionnaire que nous avons créé le Parti Révolutionnaire COMMUNISTES et que nous posons en permanence la question de son renforcement.

1 Au sens qu’en donnait le philosophe Paul Nizan : Les Chiens de garde, Rieder, Paris, 1932; réédité en 1969 par l’éditeur Maspero
2 Les Nouveaux Chiens de garde, Serge Halimi, Liber- Raisons d’agir, novembre 2005
https://www.inegalites.fr/Chomage-QPV

Source : Cette révolte vient de loin. Elle prend racine dans le système d’exploitation capitaliste (sitecommunistes.org)

URL de cet article : Cette révolte vient de loin. Elle prend racine dans le système d’exploitation capitaliste. (PRC – 04/07/23) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)

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