CNR-Emmanuel Macron inaugure son « machin » à bas bruit (LH.fr-9/09/22)

À Marcoussis, le chef de l’État s’est contenté d’un très court discours.

Majorité-Le président de la République a donné le coup d’envoi du conseil national de la refondation, jeudi, dans l’Essonne, avec une allocution sans saveur et peu convaincante, à l’image de cette prétendue « innovation démocratique ».

Le conseil national de la refondation (CNR) a été lancé le 8 septembre à Marcoussis (Essonne). Hasard de la géographie, c’est à quelques kilomètres du site de la Fête de l’Humanité. Mais la concurrence ne devrait pas être trop déloyale. Encore flou sur sa feuille de route et la nature concrète de ses futurs travaux, le CNR fait un flop avant même d’avoir commencé. Emmanuel Macron lui-même s’est contenté d’une très courte allocution (quelques minutes, le temps de répondre à une poignée de questions à la volée) pour en donner le coup d’envoi, avant une première journée de travail entre représentants de la majorité, associatifs et élus locaux.

Le président de la République a vanté devant la presse une « innovation démocratique » à la hauteur des aspirations des Français. Pourtant, un citoyen sur deux n’a jamais entendu parler du CNR (selon un sondage Ifop pour le JDD). Pour « remettre les Français au sein des grands choix de la nation », Emmanuel Macron dégaine une « grande consultation nationale en ligne » sur les axes du quinquennat : plein-emploi, santé, école, transition écologique, grand âge… Et laisse ouverte la possibilité que ces travaux débouchent sur des référendums, sans plus de précision. Tout un chantier, donc, qui mériterait mieux qu’un « grand débat 2.0 », surtout lorsqu’on considère tous les biais qu’implique une consultation Internet : fracture numérique, incapacité à toucher un public précaire qui n’a pas le temps de s’y intéresser… En espérant que les fruits de ce forum citoyen connaissent un meilleur destin que les cahiers de doléances du grand débat national, toujours en train de moisir au fin fond des archives départementales.

Un CNR boudé par les syndicats et l’opposition

Le chef de l’État prétend que le CNR doit être un lieu de « consensus » entre les « forces vives » du pays qui, jusqu’ici,  « ne travaillaient pas ensemble, restaient dans leur couloir de nage ». Comme si, là encore, il n’y avait pas déjà un Parlement, des commissions parlementaires, des auditions d’experts devant les députés et sénateurs pour nourrir les lois. Ces derniers, hors majorité, ne sont d’ailleurs pas dupes. Le conseil est boudé par les partis de l’opposition et plusieurs syndicats (CGT, FO, CFE-CGC). Les socialistes évoquent un « machin », les insoumis un « bazar ». Les élus communistes à l’Assemblée nationale taclent, eux, un « miroir aux alouettes démocratique », une « voie détournée » pour que « la feuille de route reste inchangée ». Ils appellent en revanche à redonner plus de pouvoir à l’Assemblée. Car Emmanuel Macron n’a pas tort en déclarant que les Français attendent une nouvelle méthode de gouvernance : c’est le sens du désaveu que les électeurs ont infligé au président aux élections législatives. Mais ce dernier préfère se saisir du boycott pour renvoyer la responsabilité du probable échec du conseil à ses adversaires : « Les absents ont toujours tort. On ne peut pas ne pas être là et ensuite dire “on ne nous consulte pas, le pouvoir est trop vertical”. » On prend les paris que, si, on pourra continuer à le dire.

Florent LE DU

source: https://www.humanite.fr/politique/conseil-national-de-la-refondation-cnr/emmanuel-macron-inaugure-son-machin-bas-bruit-762961

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