Colombie : Investiture de Gustavo Pétro & Francia Marquez (telesurtv.net-7/08/22)

Investiture de Gustavo Pétro et Francia Marquez en Colombie

Gustavo Pétro et Francia Marquez ont été investis dimanche président et vice-présidente de Colombie par le président du Sénat de la Colombie, Roy Barrerás. À cette cérémonie ont participé la philharmonique de Bogotá, l’épée de Bolivar, des invités internationaux et des milliers de personnes sur la place historique Bolivar.

Après son investiture, le président Gustavo Pétro a mis l’accent sur le fait que durant son gouvernement, les politiques destinées à protéger la vie et la mise en place de l’accord de paix seront renforcées et qu’il aura comme axe central le respect de la Constitution de 1991.

« Être arrivé là signifie parcourir une vie, la vie qui ne se parcourt pas seul, personne n’existerait en moi sans ma mère, là, il y a mon père, mes frères, mes fils, mon épouse (qui accompagnera les femmes de Colombie dans leurs efforts pour avancer), ici, il y a le peuple, les mains humbles de l’ouvrier, du paysan et de ceux qui barrent les rues, » a déclaré le chef de l’État.

Le président a qualifié cette nouvelle étape de seconde opportunité de la Colombie pour en finir avec la violence et la pauvreté extrême : « Nous sommes contre tout pronostic, contre ceux qui ne voulaient pas lâcher le pouvoir mais nous l’avons. Rendons possible l’impossible, en parcourant et en écoutant avec des idées, avec amour, avec le cœur et le cerveau. À partir d’aujourd’hui, nous commençons à travailler pour que plus de choses impossibles soient possibles en Colombie. Si nous avons pu, nous pourrons. »

« Nous devons en finir pour toujours avec 60 ans de conflit, nous respecterons l’accord de paix, nous suivrons à la lettre les recommandations de la commission de la vérité qui compte les morts (…) Nous ne pouvons pas rester dans le pays de la mort et nous devons construire le pays de la vie. Ce Gouvernement est le Gouvernement de la vie, de la paix et c’est ainsi qu’on s’en souviendra, la paix est possible si nous déployons le dialogue social dans les régions pour nous rencontrer au milieu des différences. »

En même temps, le nouveau chef de l’État a expliqué que pour atteindre la paix, il faut ouvrir des canaux de dialogue avec tous les acteurs armés et non armés : « Le Gouvernement du changement sera décentralisé, nous travaillerons depuis Leticia jusqu’à Punta Gallinas, depuis Cabo Manglares jusqu’à l’île San José. L’absence de l’Etat dans plusieurs points du pays fait beaucoup de peine. »

« La paix est possible si on change la politique contre les drogues vue comme une guerre pour une politique forte de prévention de la consommation. C’est le moment d’une nouvelle convention internationale qui accepte que la guerre contre la drogue échoué, a assassiné des millions de Latino-américains et fait 70 000 morts nord-américains par overdoses chaque année. La guerre contre la drogue a renforcé les mafias et amené les Etats à commettre des crimes, » a expliqué le président Petro.

Changements socio-économiques 

« Nous allons faire une Colombie plus égalitaire avec plus d’opportunités, l’égalité est possible si nous sommes capables de générer de la richesse pour tous et si nous sommes capables de la distribuer plus justement, c’est pourquoi nous proposons une économie basée sur la production, le travail et la connaissance, c’est pourquoi nous proposons une réforme fiscale qui amène la justice. »

Le président Pétro a insisté sur l’importance de conduire la Colombie vers l’égalité et pour cela, l’investissement, le travail et la production sont nécessaires : « Les dépenses de l’État ne sont pas pour les mafias politiques, elles sont pour les gens du peuple, c’est pourquoi nous envisageons une réforme fiscale, de la santé et des retraites, de l’éducation, et un contrat social. »

« Les impôts ne seront pas confiscatoires mais justes dans un pays qui doit reconnaître comme une aberration les énormes inégalités sociales dans lesquelles nous vivons, dans un État qui doit garantir la transparence des dépenses et une société qui mérite de vivre en paix. »

Et il a appelé instamment tous les secteurs sociaux du pays y compris le patronat à contribuer grâce à des impôts justes à l’investissement dans l’éducation, dans la santé, dans les retraites et dans les programmes d’alimentation : « Nous n’avons pas avancé en tant qu’humanité par la compétition, nous l’avons fait en nous aidant, nous serons égaux quand celui qui a le plus d’impôts à payer le fera fièrement sachant qu’il aide l’enfant, la femme, le vieux. »

« La Colombie est un pays qui doit et peut jouir de la souveraineté alimentaire pour qu’il y ait 0 faim (…) Nous recommencerons à construire des districts d’arrosage avec l’armée et des maisons paysannes avec les soldate de la Patrie, l’armée et la production peuvent s’unir en une éthique sociale indestructible. Les avions ne servent pas qu’à combattre mais aussi à créer la première infrastructure de mobilité pour la santé du peuple colombien. »

Concernant ses engagements envers le peuple colombien, le président a fait connaître les 10 points suivants :

1. Respect des accords de paix et mise en œuvre des recommandations de la commission de la vérité

2. Protection des vieux, des enfants et des personnes handicapées

3. Gouvernement paritaire et création du ministère de l’égalité

4. Dialogue avec tous les groupes et tous les secteurs sociaux

5. Connexion avec les régions

6. Politiques de Paix et contre la violence

7. Garantie du droit à l’opposition sans persécution

8. Protection de l’air et du sol

9. Production et travail

10. Respect de la Constitution.

« Nous ne serons riches que si nous produisons et la richesse se trouve dans le travail. C’est pourquoi, à partir d’aujourd’hui, les biens en extinction de propriété de la société des actifs spéciaux (SAE) deviendront la base d’une économie productive administrée par des paysans, des associations de jeunes et des coopératives gérées par des femmes, » a annoncé le président.

Le président a appelé instamment la communauté internationale et les délégués qui assistaient à la cérémonie à travailler en commun pour stimuler des politiques socio-économiques pour le changement climatique : « Nous devons trouver un modèle qui soit soutenable socialement et environnementalement, la science a annoncé l’extension possible de l’espèce humaine dans un ou deux siècles à cause des effets sur la santé du changement climatique, » a-t-il prévenu.

« Nous ne sommes pas dans la guerre, Nous sommes dans la vie, nous chercherons de meilleures alliances avec l’Afrique, nous chercherons une alliance du peuple afro en Amérique, de Saint Andrés sortiront tous les ambassadeurs de Colombie pour les pays des Antilles, nous chercherons une alliance avec le monde arabe, nous chercherons à réunir notre Buenaventura et Tumaco et l’Est asiatique, » a fait savoir le président.

Un Congrès pour la paix et la justice sociale

Le président du Sénat, Roy Barreras, a axé son discours sur l’importance de l’accord de paix et sur les politiques laissées par Ivan Duque, sur l’importance de l’intégration régionale et sur l’importance d’avancer dans les réformes sociales au Congres National.

« Au milieu des carnages des guerres s’élèvent des voix qui résonnent avec la possibilité d’arrêter la guerre. Aujourd’hui, nous essayons d’arrêter la mort et de transformer la Colombie en une puissance mondiale de la vie, nous cherchons à soigner les blessures et pour les soigner, nous devons les rappeler et les connaître, » a indiqué Barreras.

En même temps, il a évoqué les millions de Colombiens qui ont élevé leur voix contre les guerres et ont travaillé inlassablement pour la construction de la paix au milieu des hostilités : « Nous venons d’une histoire dans laquelle il y a eu des voix qui ont voulu arrêter la guerre mais aujourd’hui elles sont en train de revendiquer. »

« Aujourd’hui, nous sommes arrivés la grâce a un mandat du peuple, un torrent d’énergie, un peuple qui a élevé la voix et a dit : « Plus jamais ! Nous sommes capables de diriger notre propre destin, oui, on peut ! »

Il a évoqué le soutien du peuple au projet politique de Gustavo Pétro et de Francia Marquez et déclaré qu’ils incarnent les revendications de la majorité qui réclame ses droits : « Pour la première fois en 200 ans de vie républicaine, un Gouvernement progressiste est arrivé en Colombie. Cela a une signification historique, c’est une rupture de l’histoire parce que la réclamation, la douleur et la pauvreté convenaient aux hégémonies et aux groupes de pouvoir. »

« Les vents de la paix ont été les vents de la mobilisation sociale, ici, en Colombie, la mobilisation s’est transformée en pouvoir, c’est pourquoi nous venons défendre l’héritage de Paix et nous disons à l’Armée de Libération Nationale (ELN) : déposez les armes (…) La victoire de Gustavo Pétro est la preuve que la violence politique n’a plus de chemin. »

Barreras a exigé des trafiquants de drogue qu’ils arrêtent les assassinats systématiques de dirigeants sociaux et environnementaux : « Il n’y aura pas d’encouragement au Congrès pour avancer dans de nouvelles formes de soumission à la justice s’ils continuent à assassiner (…) Le mandat de la paix qui exige la justice sociale et environnementale nous a amenés sur cette place qui célèbre la renaissance de l’espoir. »

Devant les invités étrangers, le sénateur Barreras a plaidé pour une véritable intégration régionale et proposé la création d’un parlement latino-américain contraignant et la création d’une seule monnaie : « Nous venons aussi pour dire au monde que nous avons l’eau, la biodiversité et les aliments dont tout le monde a besoin. »

« Nous sommes venus récupérer ce que nous avions perdu, il y a quatre ans, nous avions un taux de chômage de 9,4 %, aujourd’hui il est de 11,3 % ; un taux de pauvreté de 26 % et aujourd’hui, il est de 39 % ; un taux d’inégalités de 0,508 % et aujourd’hui il est de 0,520 % ; nous avions 7,4 % de pauvreté extrême et aujourd’hui, nous en avons 12,2 %, » a précisé Barreras.

Enfin, le président du Sénat a remis en question le discours du Gouvernement uribiste: « Ils nous ont dit que nous avions laissé (sous le Gouvernement Santos ) une mer de coca de 180 000 ha et aujourd’hui, il y en a 245 000 (…) Nous avons l’obligation de faire mieux qu’hier et mieux que jamais, » a-t-il déclaré.

« Gustavo Pétro a dit que le véritable changement, ce sont les réformes, ce Congrès est responsable de ce changement parce qu’il a le mandat de l’équilibre, la moitié du pays exige le changement et l’autre moitié la stabilité et l’équilibre, » a conclu Barreras.

 

Source en espagnol: https://www.telesurtv.net/news/colombia-gustavo-petro-francia-marquez-asumen-presidente-vicepresidenta-20220807-0020.html

Source en français (traduction de Françoise Lopez pour Bolivar infos): http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/08/colombie-investiture-de-gustavo-petro.html

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