Par Léa SOMBRET.
Cette année encore, le coût de la rentrée universitaire pour les étudiants est en augmentation. D’après l’indicateur de la Fédé B, fédération d’associations étudiantes de Bretagne occidentale, le coût de la rentrée 2023 est en hausse de 5 % par rapport à l’année dernière. Exemple à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor).
Comme tous les ans, la Fédé B, première organisation étudiante de Bretagne Occidentale, sort un rapport sur le coût de la rentrée. Pour cette rentrée 2023-2024, et comme tous les ans, leur indicateur montre une augmentation significative des frais de rentrée, en hausse de 4,57 % par rapport à la rentrée 2022. « 2 740,82 €, c’est le montant moyen que devrait débourser un étudiant non boursier en licence lors du mois de septembre en Bretagne Occidentale s’il veut pouvoir vivre et étudier correctement. », détaille Baptiste Le Masson, président de la Fédé B, dans le rapport 2023. Le profil étudié est celui d’un étudiant de 20 ans en licence à l’Université, sans double inscription, non boursier et ne vivant plus au domicile familial.
Le campus tente de lutter contre la précarité étudiante
Au sein du campus Mazier, à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), des actions ont été menées durant toute l’année 2023 pour aider les étudiants en difficulté. « Nous avons relancé l’épicerie solidaire, l’Agorae, ouverte à tous sans condition, en janvier 2022 », explique Efflam Bazire, qui était étudiant en première année de Staps, et chargé de l’accueil à l’épicerie. Les étudiants pouvaient venir, deux fois par semaine, pour récupérer des articles fixés à 10 centimes, dans la limite de 3 €, revenant à un panier de 30 € dans les commerces. « Le nombre d’étudiants à venir chercher un panier a explosé lorsque l’on a retiré le critère sur dossier »,explique Efflam Bazire.
Le campus accueille environ 1 000 étudiants, en comptant les étudiants de l’institut de santé (IFPS) et de l’IUT. « On est passé de deux à trois étudiants à une vingtaine par jour, presque 200 par mois », renchérit Matéo Berthelot, qui vient d’achever son année en service civique au campus Mazier, en charge de la culture et des animations.
« On s’est rendu compte qu’il y a une vraie fracture entre les étudiants et l’administration du campus, ma mission était de recréer du lien, explique le jeune, également engagé à l’égard des personnes handicapées dans la ville. On s’est rendu compte de la précarité des étudiants en allant à leur contact. Avant, ce n’était que des chiffres. »
« Le travail étudiant est la principale cause d’échec scolaire »
Cette hausse de la précarité étudiante a-t-elle pour autant suscité une réponse de la part des pouvoirs publics ? Pas vraiment, pour Thibaut le Hingrat, deuxième adjoint au maire de Saint-Brieuc, en charge des générations, de la jeunesse et de la vie étudiante. « Il n’y a pas eu d’amélioration de la vie étudiante depuis la crise sanitaire », constate l’élu, également vice-président du syndicat de vie étudiante de gestion. Boursiers ou non, les étudiants doivent donc se serrer la ceinture ou trouver des solutions pour financer leurs études. Selon l’adjoint au maire, « le travail étudiant est la principale cause d’échec scolaire ». Pour lui, le développement de plateformes privées de service pour trouver un job étudiant accroît la précarisation, avec des emplois peu rémunérés.
Même constat du côté de Matéo Berthelot, qui a pu suivre les étudiants durant toute leur année scolaire au campus Mazier : « Les étudiants internationaux, qui avaient parfois des emplois de nuit, arrivaient en retard en cours et étaient très fatigués. » Dès la rentrée de septembre 2023, le campus Mazier va continuer à agir contre la précarité étudiante, avec la mise en place d’un frigo solidaire au sein d’un tiers lieu, accessible à tous, la prolongation de l’accès à tous pour l’épicerie solidaire, ainsi que le développement d’un jardin partagé gratuit.
URL de cet article : Comment les étudiants de Saint-Brieuc envisagent leur rentrée sous le signe de l’inflation ? (OF.fr – 28/08/23) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)