« Comment peut-on les laisser dehors ? » : à Rennes, les enfants à la rue logés dans les écoles. (OF.fr – 21/10/23)

Des parents d’élèves scolarisés à Rennes (Ille-et-Vilaine) s’activent pour mettre d’autres enfants à l’abri, la nuit, dans les locaux des écoles publiques.
Des parents d’élèves scolarisés à Rennes (Ille-et-Vilaine) s’activent pour mettre d’autres enfants à l’abri, la nuit, dans les locaux des écoles publiques. | DR

Par Angélique CLÉRET.

À Rennes, 42 enfants dorment encore au campement de Maurepas, selon le collectif Élèves protégés de Rennes. À la veille des vacances scolaires, la solidarité s’est organisée, pour que des élèves à la rue puissent passer la nuit dans les écoles de la Ville.


Il a fallu trouver des matelas. Apporter du pain, de l’huile, du riz. Et s’assurer que chaque matin, les lieux seront désertés, à l’heure où les premiers écoliers arriveront. Depuis plusieurs jours, des parents d’élèves scolarisés à Rennes (Ille-et-Vilaine) s’activent pour mettre d’autres enfants à l’abri, la nuit, dans les locaux des écoles publiques.

Une organisation millimétrée, qui repose sur l’engagement de quelques-uns, « malades de savoir des petits sous tente, avec ce temps », résume Blandine, l’une des 90 membres du collectif Élèves protégés de Rennes. Celui-ci regroupe des parents d’élèves intervenant au soutien d’enfants scolarisés qui dorment dehors, faute de domicile ou de place en hébergement d’urgence.

Ces enfants-là sont nés du mauvais côté de la planète, dans des pays en guerre ou en proie à une extrême pauvreté : l’Afghanistan, l’Albanie ou encore la Géorgie, où 54 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon les statistiques officielles. Leur famille a fui et vit depuis quelques semaines à Rennes, le plus souvent sans titre de séjour.

« Il faut rappeler chaque semaine »

En France, plus de 2 000 enfants vivraient à la rue, selon un rapport publié le 30 août par l’Unicef et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS). Dans la capitale bretonne, vingt et une familles, dont « quarante-deux enfants, sont encore au campement de Maurepas », a compté le collectif. Des chiffres qui pourraient être sous-évalués : certaines personnes n’appellent plus le 115, numéro d’urgence. « On nous répond qu’il n’y a plus de place et qu’il faut réitérer chaque semaine, décrit Édouard, mobilisé avec une dizaine de parents d’élèves », au sein d’une école occupée depuis deux nuits.

Ces opérations « écoles occupées » ont été décidées à la veille des vacances scolaires, parfois depuis plus longtemps. Les parents en informent les directions d’école et la Ville de Rennes. « Les relations avec le collectif des parents d’élèves et les directions d’école sont fluides. Elles ont permis d’assurer un bon fonctionnement des établissements scolaires », précise-t-on, à la Ville de Rennes.

Des plannings de volontaires

Pour les deux semaines à venir, « nous nous sommes organisés pour qu’il y ait toujours quelqu’un, afin d’accompagner les familles, matin et soir », indique Édouard. Les parents d’élèves ont construit des plannings, où s’inscrivent les volontaires pouvant venir leur rendre visite et les aider dans leurs démarches.

« L’une des familles est réfugiée. Originaire du Rwanda, elle a obtenu ce statut à Mayotte, une région française, s’offusque Marie. L’État est donc dans l’obligation de lui proposer un hébergement social prioritaire. » Mais les places manquent. « Des familles sont actuellement installées dans cinq écoles, renseigne la Ville de Rennes. L’année dernière, à cette même période, la situation était similaire. » L’idée est aussi d’occuper les enfants, en journée. « Comme habituellement, les centres de loisirs accueilleront des enfants issus de familles migrantes. Cet été, cela a concerné 22 enfants », expose la Ville.

Un contexte tendu

Dans un contexte tendu, marqué, vendredi 13 octobre, par l’attentat dans un lycée, à Arras (Pas-de-Calais), et une posture Vigipirate rehaussée au niveau le plus élevé « urgence attentat », dans tout le pays, « les gens ont peur », admet une mère d’élève. « On craint qu’un jour, quelqu’un vienne nous le reprocher. Mais nous ne nous posons pas la question de cette façon-là. Ce sont des enfants. Comment peut-on les laisser dehors ? » Ces derniers jours, le temps est chagrin. La nuit, les températures descendent à une douzaine de degrés Celsius. Les établissements scolaires ne sont pas chauffés, mais c’est mieux que « sous une tente, et sous la pluie ».

Source : https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/comment-peut-on-les-laisser-dehors-a-rennes-les-enfants-a-la-rue-loges-dans-les-ecoles-cf2eb504-6f48-11ee-a00f-d55111ba52f2

URL de cet article : https://lherminerouge.fr/comment-peut-on-les-laisser-dehors-a-rennes-les-enfants-a-la-rue-loges-dans-les-ecoles-of-fr-21-10-23/

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