Concarneau. Pôle de réadaptation de Cornouaille : le personnel s’alarme (OF.fr-2/06/23)

Les 250 personnels du Pôle de réadaptation de Cornouaille, qui regroupe les sites de soins de suite et de réadaptation de Quimper, Concarneau et Saint-Yvi, géré par l’Ugecam, s’inquiète d’une baisse des effectifs lors du regroupement sur le site de Concarneau (Finistère).

Par Catherine GENTRIC.

Le regroupement des activités de soins de suite et de réadaptation au Porzou, à Concarneau (Finistère), inquiète la communauté médicale et soignante. Une quarantaine de postes pourrait disparaître à l’horizon 2024.

Pourquoi ? Comment ?

Quel est le rôle du Pôle de réadaptation de Cornouaille ?

Créé le 1er janvier 2019, le pôle est né d’une coopération entre l’Ugecam (groupe privé à but non lucratif, branche de l’Assurance maladie) et le Centre hospitalier intercommunal de Quimper-Concarneau (Chic). Il accueille des patients de tout âge et de pathologies diverses. L’objectif est le retour à l’autonomie.

Le pôle regroupe les activités de soins de suite et de réadaptation (SSR) de trois sites géographiques : ceux de Quimper, Concarneau (par transfert d’autorisation SSR du Chic) et de Saint-Yvi, au travers du centre Jean-Tanguy (Ugecam). Ces activités sont gérées par l’Ugecam. Au total, le pôle compte 250 personnels médico-soignants. En 2019, un tiers travaillait sous statut Ugecam et les deux tiers sous statut hospitalier, par un dispositif de mise à disposition individuelle. En 2023, le rapport s’est inversé : il reste 70 personnels mis à disposition, médecins y compris.

Quand le déménagement sur le site du Porzou aura-t-il lieu ?

L’Ugecam construit un bâtiment neuf sur le site de l’hôpital du Porzou. Il accueillera, à terme, 175 lits d’hospitalisation (dont 15 en addictologie) et 54 places de jour. Les travaux ont pris du retard. Un premier déménagement des équipes de Quimper et Concarneau est prévu fin novembre 2023 dans les nouveaux bâtiments. Saint-Yvi et le service pédiatrique intégreront le site concarnois à l’été 2024, une fois que le site SSR du Porzou, qui jouxte les nouveaux bâtiments, sera réhabilité.

Quelle est la problématique ?

« Le message que nous voulons passer vient de l’ensemble des équipes médico-soignantes, tous métiers confondus des trois sites, martèle une membre de l’équipe soignante du Porzou. L’inquiétude porte sur les effectifs que l’Ugecam veut mettre en place dans les nouveaux bâtiments. »

Selon elle, une quarantaine de postes devrait disparaître. Une diminution « drastique » de soignants « dès le premier déménagement » et ce « malgré les avis défavorables et les alertes répétées de la communauté médicale et soignante, insiste-t-elle. L’Ugecam n’a pas pris en compte ce qu’on a demandé lors de la commission médicale d’établissement de septembre 2022. Elle n’a pas changé sa copie de manière significative. »

Quelles sont les craintes ?

« Nous avions un bel outil de travail sur le territoire, que l’hôpital a entretenu depuis des années. Demain, cet outil, que l’on a développé, va être dégradé avec la diminution des effectifs. C’est le fait d’un passage sous une exploitation privée », abonde un autre soignant. Et ce même si les soignants s’attendaient, du fait du regroupement, à des mutualisations de personnel : « Mais là, cela va beaucoup plus loin, alertent-ils. C’est clairement intenable. L’Ugecam nous dit que cela va fonctionner. Mais comment ? »

Au bout, selon eux, « une mise en danger des patients et des professionnels dans leurs activités », avec « une dégradation de la sécurité et de la qualité des soins ». Voire « une diminution de la capacité d’accueil », corrélée à la baisse des effectifs : « Cela va aggraver les difficultés de prise en soins des patients et rendre certaines prises en charge impossibles. Certains services souffriront plus que d’autres. On nous avait pourtant promis en 2019 un pôle d’excellence… »

La communauté médico-soignante s’inquiète également de la perte d’attractivité du pôle pour les soignants « déjà en souffrance », dans un contexte plus global « de crise du monde la santé  », et la fuite des professionnels : « Certains soignants s’interrogent d’ores et déjà de retourner vers l’hôpital. Et la question se pose aussi pour les intérimaires », s’inquiètent-ils.

« Nous ne sommes pas dans une diminution drastique d’effectifs »

Laurent Leclère, nouveau directeur du centre de soins de suite Jean-Tanguy.

Entretien avec Laurent Leclère, directeur du Pôle de réadaptation de Cornouaille.

L’équipe médico-soignante du Pôle s’inquiète du déménagement en fin d’année. Votre réaction ?

Je suis surpris par cette démarche. Nous ne sommes pas dans une situation de conflit social. Nous (l’Ugecam) gérons en effet les activités de rééducation depuis quatre ans sur les sites de Concarneau, Quimper et Saint-Yvi dans le cadre d’un transfert des autorisations convenu avec le Chic. C’est en place depuis le 1er janvier 2019 et ce, sans difficulté malgré les statuts différents entre les salariés et ceux qui sont mis à disposition de l’Ugecam, qui assurent la gestion, les plannings, les remplacements. Mais je comprends que la perspective d’un regroupement peut susciter de l’inquiétude car ce n’est pas le même lieu, la même organisation.

La communauté soignante estime la diminution d’effectifs à une quarantaine de postes. Que leur répondez-vous?

Je ne sais pas d’où sort ce chiffre. Ce qu’il faut savoir c’est qu’il y a des changements de périmètres. Nous sommes sur un nombre de places et de lits plus importants. Cela a été convenu depuis le début du projet avec l’Agence régionale de santé (ARS). On diminue les lits mais à l’inverse on augmente le nombre de places. On accueille moins les personnes en hospitalisation complète mais un peu plus en proximité, en hôpital de jour. Cela répond à la demande des personnes de faire de la rééducation et de rentrer chez elles le soir. Forcément, il y a des réorganisations.

De plus, aujourd’hui, les activités sont organisées sur trois sites et cinq bâtiments. Quand vous les regroupez sur un seul site à Concarneau, il y a obligatoirement des modifications de planning, d’organisation et d’effectifs. Mais qui sont liés à la nature du projet. Nous ne sommes pas dans une diminution drastique d’effectifs. Nous ne sommes pas dans cette logique-là. Nous avons eu l’occasion de faire des consultations dans le cadre du dialogue social. Des avis se sont exprimés. On a travaillé avec les équipes pour les faire évoluer. Après, certaines activités vont changer d’organisation et cela peut susciter de l’inquiétude.

Comment répondre à cette inquiétude ?

J’échangerai avec les équipes. Le point le plus important est d’accompagner et de garantir une bonne prise en charge dans de nouveaux locaux avec, certes, des organisations qui vont évoluer. L’un de nos enjeux est aussi de garder nos professionnels que ce soit sous statut Ugecam ou de mis à disposition. C’est un enjeu de fidélisation et d’expertise que l’on souhaite conforter. Je suis dans cette logique.

Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/concarneau-29900/concarneau-pole-de-readaptation-de-cornouaille-le-personnel-salarme-485e1790-014d-11ee-a1ce-7e6a0e61733b

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/concarneau-pole-de-readaptation-de-cornouaille-le-personnel-salarme-of-fr-2-06-23/

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