Concarneau. Thon tropical : la CGT craint la « mort du secteur ». ( OF.fr – 12/07/22 – 05h06 )

Yves L’Helgouac’h et Jean-Paul Guyader, de la CGT des marins, craignent pour le devenir du secteur du thon tropical.
Yves L’Helgouac’h et Jean-Paul Guyader, de la CGT des marins, craignent pour le devenir du secteur du thon tropical.

​La CGT des marins monte au créneau pour dénoncer une directive européenne qui « met en péril » le secteur. Deux des principaux armements français, la CFTO et la Sapmer, sont Concarnois.

« C’est un scandale. On ne pas peut accepter ça ! » Dans le sillage de Michel Goujon, directeur d’Orthongel (1), la CGT des marins de Concarneau, monte, à son tour, au créneau. Objet de son courroux ? Une directive européenne obligeant les thoniers opérant dans l’océan Indien à déclarer, avant débarquement, le tonnage par variété (albacore, listao et patudo) avec une marge d’erreur de 10 %.

Pour les membres du syndicat, la directive est inapplicable. « Pour ce faire, il faudrait comptabiliser le thon au moment où il est remonté sur le bateau. Ce qui est impossible dans la mesure où il doit être congelé rapidement afin de garantir la qualité du produit », pointe son secrétaire Yves L’Helgouac’h. « On est capable de dire, à 10 % près, quelle quantité de poisson on embarque. Mais sur le volume total, pas pour chaque espèce », enchaîne Jean-Paul Guyader, ancien capitaine de thonier.

« Une décision technocratique, inadaptée à l’activité »

La directive européenne existe depuis 2010, mais les thoniers disposaient d’une dérogation jusqu’en 2019. « En y mettant fin, l’Union européenne met en péril toute une filière », tempête Yves L’Helgouac’h. En cas d’infraction, l’armement écope d’une amende et peut voir certains de ses bateaux immobilisés au bout de plusieurs manquements au règlement. « Le capitaine du thonier se voit, lui, infliger un retrait de trois points sur son permis, sachant qu’il n’en possède que dix-huit », pointe Jean-Paul Guyader.

Pour les deux syndicalistes, « l’Union européenne applique une décision technocratique, inadaptée à l’activité. » « C’est une aberration » lance Yves L’Helgouac’h. « On demande au secteur du thon tropical d’être transparent, mais il l’est déjà, appuie Jean-Paul Guyader. On connaît les tonnages précis pour chaque espèce une fois le thon débarqué. Il faut juste accepter d’attendre quelques semaines. »

« La ressource est menacée par la pêche minotière»

Et le marin de poursuivre : « La pêche thonière française travaille de concert avec les scientifiques afin de préserver la ressource. Il y a des observateurs à bord des bateaux. Des zones de pêche ont été fermées il y a une vingtaine d’années dans l’Atlantique. Nous l’avons accepté et nous avons compris pourquoi. Nous n’allons pas scier la branche sur laquelle nous sommes assis. »

Pour Yves L’Helgouac’h, pas question de se réfugier derrière la préservation de la ressource. « La ressource est surtout menacée par la pêche minotière (capture d’espèces transformées en farine, servant essentiellement à nourrir des poissons d’élevage). On parle là de millions de tonnes qui sont pêchées sans aucun contrôle. »

Pour le secrétaire de la CGT des marins, l’Union européenne doit remettre en place une dérogation pour le thon tropical. « Sans quoi, c’est la mort annoncée du secteur ! » Comme le rappelle Michel Goujon, les armements français emploient environ « 600 marins, dont 80 % sont bretons, principalement du pays de Concarneau ».

(1) Orthongel est l’organisation française des producteurs de thon congelé et surgelé. Elle regroupe les trois armements pêchant dans l’océan Indien : la compagnie française du thon océanique (CFTO), la Sapmer et Saupiquet.

Source : Concarneau. Thon tropical : la CGT craint la « mort du secteur » (ouest-france.fr)

Auteur : Stéphane Bacro

A lire également: CGT des Marins : « Après le chalutage hauturier, le thon tropical ? » (letelegramme.fr 11/07/22)https://www.letelegramme.fr/finistere/concarneau/cgt-des-marins-apres-le-chalutage-hauturier-le-thon-tropical-11-07-2022-13106913.php

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *