La Coordination Rurale, c’est le syndicat qui était en première ligne lors de la colère agricole au début de l’année. Le syndicat qui passait à la télé et recevait le soutien de la classe politique pendant qu’il dévastait des préfecture. Le syndicat qui a capté toute l’attention et confisqué une cause juste, la détresse paysanne, pour se faire de la pub.
Figurez-vous que la vice-présidente de la Coordination Rurale est intervenue aux journées d’été du mouvement d’extrême-droite l’Action Française, à la fin du mois d’août. Il ne s’agit pas d’un grand parti national : c’est littéralement un groupuscule royaliste, nostalgique de la France féodale, durant laquelle les paysans étaient réduits en esclavage ! L’extrême droite la plus radicale et rétrograde, qui veut le retour de la noblesse qui écrasait les gueux. La preuve éclatante que la Coordination Rurale ne défend aucunement les paysans et que ce syndicat agricole, soi-disant apolitique, est acquis à l’extrême-droite et instrumentalise les agriculteurs.
La présence de Sophie Lenaerts, éleveuse dans l’Oise et vice-présidente de la Coordination Rurale, auprès d’un mouvement royaliste confirme cette orientation politique et stratégique. Très proches du RN, les responsables de la Coordination Rurale ont appelé à voter pour Jordan Bardella pendant les européennes et annoncent qu’ils “sortiront les fourches si un gouvernement NFP est nommé”, ou encore “qu’ils auraient préféré que le RN gagnent les élections”. Cet été, une purge a eu lieu dans l’organisation pour en chasser les cadres qui n’étaient pas d’extrême droite. Il ne s’agit plus de défendre les agriculteurs, mais de jouer le rôle de voiture balai du fascisme.
Menaces contre les opposant-es aux mégabassines
Lors de la dernière mobilisation anti-mégabassines de juillet, la Coordination Rurale s’est auto-proclamée “défenseur de la ruralité”, en promettant “la guerre civile” si “l’armée n’intervenait pas” contre les manifestant-es. Encore une fois, ce groupe ne défend pas les intérêts des agriculteurs. La mobilisation anti-bassines est animée notamment par des paysan-nes et ces retenues d’eau ne bénéficient qu’à une infime minorité de gros exploitants au détriment de la plupart des paysan-nes. L’organisation défend un modèle d’agriculture injuste, inégalitaire et écocidaire, qui prive la majorité des cultivateurs d’accès à l’eau.
Patrick Legras, porte-parole de la Coordination Rurale, déclarait sur RMC en juillet à propos de la lutte anti-bassines : «S’il n’y a pas l’armée, il y aura des morts !» Il se permettait donc de menacer le droit de manifester, de se constituer en milice et de lancer des menaces de mort dans les médias en toute impunité. Aucune suite n’a été donnée, à notre connaissance, à ces menaces de mort.
Agression de responsables écologistes
Juin 2023, des membres de la CR ont crié «Va faire la soupe grosse salope» ou encore «Vous n’êtes pas les bienvenues» à Marine Tondelier et Sandrine Rousseau, représentantes d’EELV venues apporter leur soutien aux opposant-es d’un projet de golf, à Fontiers-Cabardès.
La Coordination Rurale, lors du déplacement de Marine Tondelier en Lot-et-Garonne, avait aussi déclaré : «Vous incarnez la racine du mal dont souffrent les agriculteurs». Ces propos faisaient suite à des menaces dans l’Aude en mars : «Vous n’êtes pas la bienvenue, le territoire vous est hostile !» Pour l’organisation, la menace contre les agriculteurs ne serait pas le capitalisme, la mise en concurrence ou la spéculation sur la nourriture par la Bourse et les grandes surfaces, ce sont les écologistes. Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt.
Plus récemment, les deuxièmes universités d’été de REV – Rassemblement des Écologistes pour le Vivant – le mouvement du députe Aymeric Caron se déroulaient le week-end dernier à Ouches, près de Roanne. Les agriculteurs de la FDSEA et la Fédération des chasseurs de la Loire, considérant leur présence comme une «provocation», ont tenté de perturber l’événement. «Pas de végans dans nos campagnes», «Écologie radicale, famine totale», «Sauvez un paysan, mangez un végan» : les slogans peints à l’arrache sur les banderoles rivalisent de stupidité.
Ces agriculteurs, qui défendent un modèle intensif «empêchent les invités et les militants d’entrer sur le site que nous avons réservé» dénonçait Aymeric Caron sur Twitter. Le déploiement de gendarmes n’a pas changé grand chose, des pétards étaient envoyés sur le site et l’évènement politique perturbé. Et cette fois, BFM n’a pas hurlé à la «violence anti-démocratique» venue de «groupes radicaux». Il faut dire que les agro-industriels sont habitués à l’impunité : en janvier dernier des autoroutes et des bâtiment de l’État étaient dévastés par ces groupes sans que les autorités y trouvent à redire. Gérald Darmanin estimait que «On ne répond pas à la souffrance en envoyant les CRS» au lendemain de l’incendie de la préfecture d’Agen par la Coordination Rurale, tandis que Gérard Larcher, président du Sénat, était allé soutenir en personne les agriculteurs.
Paysannerie ou agro-industrie : une lutte de classes
Il faut dire que dans le Lot-et-Garonne, le chef du mouvement est Serge Bousquet-Cassagne, agro-industriel millionnaire qui jouit d’une impunité totale et qui crache sur les Gilets Jaunes à l’antenne de Cnews. Père d’un élu RN, c’est lui qui organisait les rassemblements devant la préfecture d’Agen.
Le patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau, est passé quant à lui par une école de commerce, qui spécule sur les produits agricoles et possède 700 hectares de terre. Jérémy Decercle, l’ancien président des Jeunes Agriculteurs, est aujourd’hui élu Renaissance. Les médias dominants et le pouvoir valident intégralement leurs actions, même lorsqu’elles s’en prennent aux préfectures et aux symboles de l’État.
D’un côté, des syndicats de droite et d’extrême droite soutenant les intérêts d’agro-indutriels et attaquant la gauche et les écologistes. De l’autre, de petits exploitants, étranglés par les règles européennes, menacés par le changement climatique, étouffé par le piège de l’agro-industrie qui les oblige à produire toujours plus, à être toujours plus isolés, mal payés, en souffrance. Ces deux mondes sont, en principe, incompatibles et même ennemis. Ils se retrouvent pourtant, paradoxalement, mis dans le même sac : ce sont des agriculteurs. Il y a pourtant des gens qui peinent à vivre de leur travail d’un côté, et des businessmen déguisés en paysans de l’autre.
En revanche, la Coordination Rurale ne s’oppose pas au projet d’autoroute A69, qui va détruire des forêts et des terres cultivables. Cette organisation milicienne a choisi son camp. Ces gens ne sont pas du bon côté de la barricade.
°°°
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/coordination-rurale-faux-syndicat-agricole-vraie-milice-fasciste-ca-net-3-09-24/