Côtes-d’Armor. Comment les pompiers se sont préparés aux risques de feux de forêts pour l’été 2023(OF.fr-8/06/23)

Le 11 juillet 2022, un incendie sur l’île Tanguy, à Pleumeur-Bodou, avait mobilisé d’importants moyens des sapeurs-pompiers des Côtes-d’Armor.

Par Cédric ROGER-VASSELIN

Après un été 2022 intense au niveau des feux d’espaces naturels, les sapeurs-pompiers des Côtes-d’Armor se sont préparés pour être prêts en cas de nouvel été très chaud cette année. Tour d’horizon des moyens supplémentaires.

Du 1er juin au 30 septembre 2022, dans les Côtes-d’Armor, les sapeurs-pompiers ont enregistré 853 sorties d’engins pour des feux d’espaces naturels, mobilisés pour éteindre environ 600 incendies de végétation. C’était huit fois plus qu’en 2021. Toutes les communes du département ont été concernées.

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« Depuis les années 1990, détaille la préfecture, le nombre de feux de végétations par an restait inférieur à vingt, et les surfaces brûlées ne dépassaient pas les 100 hectares. »

À l’automne 2022, le Sdis 22 (Service départemental d’incendie et de secours) a établi un retour d’expérience sur cette saison hors norme d’incendies, pour être prêt en cas de nouvel été chaud et sec en 2023. Voici ce qu’il en est ressorti.

Pas de feux d’ampleur, mais très mobilisateurs

Dans ses souvenirs, le lieutenant-colonel Claude Denoual, chef du groupement opérations du Sdis 22, remonte à 2013 et 2016 pour trouver trace de feux de forêt d’ampleur dans les Côtes-d’Armor, à chaque fois dans le massif de Penhoat, à Plourivo.

« Depuis vingt ans, les feux de forêts ont augmenté en France et se sont déplacés vers le nord. Si les Côtes-d’Armor sont moins exposées à ce risque a priori, dès 2021, le Sdis avait anticipé cette intensification. »

L’année 2022 est venue confirmer ce phénomène. « Nous n’avons pas eu de feux d’ampleur, comme aux monts d’Arrée dans le Finistère, mais beaucoup de feux très mobilisateurs et en journée. Peu de massifs forestiers, mais des feux de chaumes, de récoltes, de jachères, etc. On a dû gérer des interventions longues, sur plusieurs heures. »

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Le lieutenant-colonel se souvient de l’alerte rouge canicule à la mi-juillet. « Le 16 juillet 2022, on a eu 21 interventions pour des feux d’espaces naturels, un chiffre exceptionnel ici. La difficulté a été de coordonner ça avec une pression forte sur le reste, en particulier les secours à la personne, ce qui avait été remonté au Samu. » Un chiffre illustre cette tension : en 2022, le Sdis 22 a été sollicité pour plus de 41 500 interventions, en hausse de 10 % par rapport à 2021.

Des moyens supplémentaires

Le Sdis 2022 a décidé de renforcer ses équipements pour les incendies. Des casques spécifiques pour les feux végétaux, avec des lampes spéciales, ont été financés, le marquage des toits des engins feux de forêts a été revu, pour une meilleure coordination avec les moyens aériens. Des renforts saisonniers seront mobilisés au CTA, le centre de traitement des appels, où l’activité a été très dense l’été dernier.

Le 22 août 2022, à Plérin, un nouveau feu était déclenché, dans une série d’incendies volontaires entre Plérin et Pordic à l’été 2022.

Dans le Finistère, le Sdis 29 a loué pour la saison estivale un hélicoptère bombardier capable de larguer mille litres d’eau. Une convention est en cours de finalisation avec le Sdis 22 pour l’utilisation de cet hélicoptère dans les Côtes-d’Armor en cas de besoin, moyennant le paiement des heures de location. Le Sdis 22 possède également plusieurs drones, qui permettent une reconnaissance rapide.

L’État a décidé de subventionner quatre nouveaux engins feux de forêts pour le département, au lieu des deux demandés. Le lieutenant-colonel Denoual complète : « Nous disposons aujourd’hui de 25 engins. Les quatre supplémentaires seront cofinancés par le Sdis 22 et l’État. Il faut un délai d’environ deux ans pour les réceptionner. »

Des sapeurs-pompiers mieux formés

« La formation des pompiers aux feux naturels a été un temps mis de côté, la priorité était donnée au secours à la personne et aux feux urbains », concède Claude Denoual. Ce n’est plus le cas. Des stages supplémentaires sur les feux de forêts sont proposés depuis janvier, sur cinq jours au lieu de trois auparavant.

Au premier semestre 2023, 72 sapeurs-pompiers ont été formés au niveau 1 ou 2, 65 ont effectué une mise à niveau de leurs acquis.

Renforcement de l’aide extra-départementale

Avant 2022, le Sdis 22 mobilisait jusqu’à dix sapeurs-pompiers pour des interventions en soutien dans d’autres départements. En août 2022, au plus fort des incendies en Gironde, 44 soldats du feu costarmoricains étaient partis là-bas.

« Pour la première fois, notre capacité de mobilisation a été largement insuffisante, on a dû rappeler du personnel. Chaque département a été confronté à ça, pour répondre à une demande nationale, avec le souci de maintenir, dans le même temps, nos moyens sur notre territoire. »

Cette année, le Sdis 22 a augmenté son engagement extérieur, en collaboration avec le Sdis 29. Un GIFF (Groupe d’intervention feu de forêt) commun aux deux départements a été monté. Un second pourra être déployé en cas de besoin.

Ce vendredi 9 juin 2023, les vingt pompiers du premier GIFF partent aux aurores pour les 24 Heures du Mans. Objectif : se tester en conditions réelles, dans le cadre d’un dispositif prévisionnel de secours. « L’endroit est assez boisé, le risque de feu de végétation existe, si ça devait arriver, c’est ce GIFF qui interviendra », expose le lieutenant-colonel Denoual.

Convention avec les agriculteurs et base de données nationale

En juillet 2022, le Sdis 22 avait sensibilisé la chambre d’agriculture sur les consignes à passer pendant les moissons. « On incite les agriculteurs à être équipés pour éteindre un feu en cas de départ pendant les moissons. Les premières minutes sont toujours primordiales. » Une convention est à l’étude au niveau national à ce sujet.

Autre projet national auquel le Sdis 22 participe : une base de données pour suivre le phénomène des feux naturels. Des informations sur la géolocalisation des départs de feux, la superficie brûlée, l’origine du sinistre et le type de végétation détruite seront remontées. « Les forestiers de l’ONF (Office national des forêts) pourront confronter ça à leurs visites de terrain. »

25

C’est le nombre d’engins feux de forêts dont dispose aujourd’hui le Sdis 22, pour ces 59 centres de secours. 21 ont une capacité de 4 000 litres maximum, les quatre autres peuvent larguer de 6 000 jusqu’à 10 000 litres.

Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/saint-brieuc-22000/cotes-darmor-comment-les-pompiers-se-sont-prepares-aux-risques-de-feux-de-forets-pour-lete-2023-ec78ab3a-0475-11ee-ba53-20eb6006433b

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/cotes-darmor-comment-les-pompiers-se-sont-prepares-aux-risques-de-feux-de-forets-pour-lete-2023of-fr-8-06-23/

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