Crêpier à Langueux,près de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), Youenn Allano ne peut pas payer sa dernière facture d’électricité, qui a plus que triplé. Sans aide de l’État, il ne sait pas comment il va pouvoir tenir dans les prochains mois.
« Monsieur le Ministre de l’Économie. Je vous fais part de ma vive émotion d’avoir été invité à vos vœux pour cette dure année 2023 qui se profile. Non par le manque de travail, car nous avons beaucoup de travail, mais par la strangulation que nous subissons par nos fournisseurs d’énergie. » La lettre que Youenn Allano, crêpier à Langueux, près de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), aurait voulu remettre à Bruno Le Maire commençait ainsi.
Jeudi 5 janvier, le chef d’entreprise a assisté aux vœux du ministre, à Paris, par l’intermédiaire du député de sa circonscription, Mickaël Cosson. Mais il n’a pas eu l’occasion de lui remettre sa prose.
Il a cru à une mauvaise blague
Deux jours avant, mardi 3 janvier, quand il a téléchargé sa nouvelle facture d’EDF, il a cru à une mauvaise blague. En date du 1er janvier, elle s’élève à 24 873 €, couvrant la consommation de son commerce pour à peine deux mois, du 8 novembre au 31 décembre.
Début novembre, il a déménagé son entreprise dans des locaux plus grands. Dans son nouvel espace, plus fonctionnel, ça sent bon les odeurs de crêpes et de galettes. Les clients peuvent en acheter, ou bien les déguster dans son nouveau restaurant de 28 places.
Son coût de l’électricité a plus que triplé
Fin octobre, il avait échangé avec un commercial d’EDF. « Je suis passé du tarif bleu au tarif jaune, et il a évalué ma consommation à 44 840 € par an. Je passais de 2 800 € à un peu moins de 4 000 € par mois, c’était logique vu mon extension. »
« Il m’avait bien précisé que cela pourrait varier selon ma consommation réelle et le prix du kWh, mais j’étais loin d’imaginer une telle variation ! » Si on ramène sa dernière facture au mois, par rapport à l’estimation initiale, son coût de l’électricité a plus que triplé.
Youenn Allano a contacté EDF. « Pendant trois heures, j’ai été baladé de service en service. Ils m’ont dit qu’il n’y avait pas d’erreur, et que l’estimation n’était qu’une estimation. »
« Quand j’ai quelque chose à payer, je paye »
Il a appelé son banquier, pour lui demander de bloquer le prélèvement d’EDF. « J’attends d’en savoir plus sur les aides de l’État, après les annonces d’Emmanuel Macron pour les TPE. Moi, j’ai quinze salariés, je ne sais pas à quelles aides j’aurai droit. »
« Quand j’ai quelque chose à payer, je paye. Mais là, c’est comme si je facturais 500 galettes au prix de 1 000 ! Ma priorité, c’est de payer mes salariés et mes fournisseurs. EDF, on verra après. »
Il veut rester positif
Il ne veut pas faire travailler ses salariés entre 22 h et 6 h, en heures creuses. « Déjà qu’ils commencent tôt, je ne vais pas en plus leur demander de sacrifier leur vie de famille certains soirs. »
De nature optimiste, le chef d’entreprise costarmoricain veut « rester positif. J’ai envie de croire que le gouvernement va réussir à améliorer les choses ». Mais dans la lettre qu’il avait préparée pour Bruno Le Maire, il écrivait : « Si ça continue, à cause d’EDF, je serai obligé d’arrêter tout ce que j’ai entrepris depuis 15 ans, en mettant mes salariés et leurs familles dans la précarité. »
Auteur : Cédric ROGER-VASSELIN.