Crise de la pêche. « Il faut frapper fort et monter à Paris ! » scandent les pêcheurs à Concarneau (OF.fr-10/01/24)

La réunion entre pêcheurs, dans la soirée du 10 janvier 2024, s’est tenue dans l’amphithéâtre de la criée de Concarneau (Finistère) | OUEST-FRANCE

Plus de soixante pêcheurs se sont réunis à la criée de Concarneau (Finistère) pour sortir de l’impasse face à l’arrêt de pêche d’un mois dans le Golfe de Gascogne. Pour se faire entendre, les pêcheurs iront dire leur mécontentement à Paris.

Par Catherine GENTRIC et Chloé SARTENA.

La colère gronde sur les quais concarnois. La décision du Conseil d’État de mettre à l’arrêt les bateaux de plus de 8 m et notamment les fileyeurs, du 22 janvier au 20 février 2024, dans le Golfe de Gascogne, pour limiter les captures accidentelles de dauphins, ne passe pas. Tout comme les quotas de pêche annoncés le 12 décembre 2023.

Mercredi 10 janvier 2024, en fin d’après-midi, à la criée de Concarneau (Finistère), une soixantaine de pêcheurs de Lorient à Audierne, poissonniers, patrons de chalutiers solidaires, mareyeurs ou marchands de filets maillants, se sont réunis, durant près de deux heures, à la criée de Concarneau, pour tenter de trouver « des positions communes » et « sortir de l’impasse ». Une réunion, menée par David Le Quintrec, patron pêcheur à Lorient, et Thomas Le Gall, ligneur à Audierne et président de l’association Pêche avenir cap Sizun, dans laquelle les pêcheurs n’ont pas mâché leurs mots.

Tous à Paris

À la question centrale de savoir si les marins allaient braver l’interdiction de pêche en allant en mer le 22 janvier ou rester à quai en touchant des aides, David Le Quintrec a invité les pêcheurs à « prendre de la hauteur » : « Si on va en mer, on peut avoir des amendes. Nous avons des VMS (système de gestion de la vidéosurveillance) à bord des bateaux qui permettent de savoir où on est. Et si l’on perd un gars ou que quelqu’un se blesse pendant l’interdiction, on peut tout vendre après. Même notre maison. » Rappelant que « les revendications lors des grèves n’ont pas été prises en compte », il suggère de « frapper fort et de monter à Paris avec toute la filière et de demander aux agriculteurs de venir avec nous pour la préservation de la souveraineté alimentaire, entre autres. »

La réunion entre pêcheurs, dans la soirée du 10 janvier 2024, s’est tenue dans l’amphithéâtre de la criée de Concarneau (Finistère). | OUEST-FRANCE

« Il est temps de sonner le glas ! »

Expliquant que toute la filière pêche est impactée, les chalutiers avec le plan de sortie de flotte, les fileyeurs et « les ligneurs pointés du doigt par les ONG (Organisations non gouvernementales) », David Le Quintrec assène : « La pêche est un métier appelé à mourir mais je me défendrai ! Reste à savoir si tout le monde veut se défendre. » Et de s’interroger : « Pourquoi tant d’acharnement contre nous ? À qui cela profite-t-il ? poursuit-il, évoquant dans la foulée « la planification des océans, l’éolien, l’extraction minière… Les pêcheurs dérangent ! Il est temps de sonner le glas ! »

La réunion entre pêcheurs, dans la soirée du 10 janvier 2024, s’est tenue dans l’amphithéâtre de la criée de Concarneau (Finistère). | OUEST-FRANCE

Dissolution du Comité national des pêches

Pointé du doigt par les pêcheurs : les structures professionnelles, et notamment le Comité national des pêches, représenté pour partie par des « groupes industriels », dont la gouvernance est jugée trop « verticale ». Un Comité national qui ne défend « plus les intérêts des pêcheurs depuis des années. On leur a fait confiance alors que leur politique nous a menés droit dans le mur. Le système actuel est obsolète. Personne n’y trouve son compte », assène David Le Quintrec. « Il faut demander la dissolution du Comité national des pêches », cingle un pêcheur.

Car l’inquiétude est réelle. Les pêcheurs s’attendent à ce que l’interdiction de pêche soit étendue à « un mois, deux mois ou trois mois » de plus. « Cette fermeture n’est qu’une première étape, explique un pêcheur. Le système est enclenché. Les procédures sont gratuites devant le Conseil d’État. Les ONG ont déjà eu deux bonnes décisions et ils ont une armée d’avocats. »

« N’aurait-il pas fallu discuter avec les ONG écolos il y a des années pour trouver des solutions ensemble afin de ne pas se retrouver dans cette situation ? », s’interroge David Le Quintrec.

« C’est le début d’un renouveau »

« Il y a de moins en moins de bateaux et de plus en plus de dauphins. C’est paradoxal », soupire un pêcheur. « Malgré la surpopulation de dauphins, on n’en pêche pas plus qu’avant », assure David Le Quintrec.

Dissoudre les comités de pêche ? Profiter du mois de février pour créer un Comité de survie des pêcheurs, à l’instar de la crise de la pêche dans les années 90 ? Les pistes pourraient être creusées. Un représentant pour chaque port a été nommé lors de la réunion. Pour Concarneau, il s’agit de Florian Garrec.

En fin de réunion, tous se sont unanimement mis d’accord, pour aller à Paris durant deux jours, aux côtés d’agriculteurs qui connaissent « la même problématique ». La date sera précisée ultérieurement. « Tout le monde sera tenu au courant pour que chacun ait le temps de se préparer », prévient David Le Quintrec. Ce n’est pas la fin mais le début d’un renouveau. On pourra aussi demander un entretien à Hervé Berville (Secrétaire d’État chargé de la Mer). »

Source: https://www.ouest-france.fr/mer/peche/crise-de-la-peche-il-faut-frapper-fort-et-monter-a-paris-scandent-les-pecheurs-a-concarneau-f5dcc7a6-afdd-11ee-82ae-73e88db45bf9

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