Crise du logement en Bretagne : l’État pointé du doigt lors du colloque de la Fondation Abbé Pierre (OF.fr-27/05/23)

Précarité énergétique, loyers inabordables, logements sociaux saturés, hébergement d’urgence en tension, insalubrité… À Guingamp, la Fondation Abbé Pierre a organisé un colloque sur le mal-logement en Bretagne.

Par Scandola GRAZIANI BRANQUET.

Précarité énergétique, loyers inabordables, logements sociaux saturés, hébergement d’urgence en tension, insalubrité… À Guingamp, la Fondation Abbé Pierre a organisé un colloque sur le mal-logement en Bretagne. De nombreux élus bretons étaient présents et ont pointé la responsabilité de l’État.

En Bretagne, 70 000 personnes seraient mal-logées selon le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre. La situation s’est aggravée ces trois dernières années, faisant de la Bretagne une région où se loger devient très compliqué. Pour débattre du sujet, la Fondation Abbé Pierre a organisé un colloque à l’Université catholique de Guingamp (Côtes-d’Armor), mardi 23 mai 2023. Plusieurs élus locaux et représentants d’association étaient conviés. Au total, près de 200 personnes ont répondu présentes à l’invitation, remplissant tout un amphithéâtre.

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« Que font les collectivités ? »

Après la présentation du bilan catastrophique du mal-logement en 2023, un murmure parcours l’auditoire : « Mais qui est responsable ? Et que font les collectivités ? » Certains dirigeants d’associations prennent la parole, comme Noël Lemoine, président de la communauté Emmaüs des Côtes-d’Armor : « Nous, on serait prêt à ouvrir des places d’hébergement d’urgence, mais quand on essaye d’en parler aux collectivités, elles nous répondent que ça ne fait pas partie de leurs compétences, et elles se renvoient la balle sans arrêt. »

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Même son de cloche, un brin plus vindicatif, pour le président de l’association guingampaise Alchi (Association de lutte contre l’habitat indigne) qui s’indigne : « La Bretagne est en train de devenir une terre d’asile pour les marchands de sommeil et les loueurs de taudis ! »

Plus de 200 personnes étaient présentes au colloque organisé à l’université catholique Bretagne Nord de Guingamp (UCO).

L’État pointé du doigt

Pourtant, les élus disent déjà faire le maximum à tous les échelons : conseillers départementaux, élus régionaux, maires… Celles et ceux présents au colloque, majoritairement des femmes, en profitent pour présenter ce qui est déjà mis en place, ce qu’ils projettent de faire, et aussi ce qui les empêche d’aller plus loin en matière de logement.

Sur ce point, tous sont d’accord pour pointer du doigt la responsabilité de l’État : « On ne peut pas faire à la place de l’État, parce qu’on n’a pas les moyens pour ça », explique Fanny Chappé, conseillère régionale en charge du logement. Selon elle, la seule chose sur laquelle peut agir la Région, « c’est sur le foncier. On pourrait par exemple envisager de mettre à disposition une partie du foncier qui appartient à la Région pour faire du logement ».

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À l’échelle du département, le sentiment d’impuissance face à la question du mal logement est aussi partagé : « On a pleinement conscience de la situation, mais entre avoir la volonté politique de régler le problème et avoir les moyens de le faire, il y a un immense fossé », déplore Gaëlle Routier, vice-présidente des Côtes-d’Armor, déléguée au logement et à l’habitat.

En Ille-et-Vilaine, l’élue déléguée à l’insertion et à la lutte contre la pauvreté, Caroline Roger-Moigneux, lui emboîte le pas : « La difficulté est d’ordre politique : le département est volontaire, mais nos dispositifs sont saturés. On ne peut pas continuer à prendre la place de l’État sans le mettre face à ses responsabilités. »

Des bailleurs parfois récalcitrants

Quant aux maires bretons, ils sont prompts à agir directement face au mal logement, en rédigeant des arrêtés contre l’insalubrité ou en mettant en demeure les bailleurs récalcitrants, mais ils se heurtent parfois à une certaine hostilité : « J’ai fait passer un arrêté, et j’ai été agressée par un propriétaire qui ne voulait pas régler le problème d’insalubrité », témoigne Fanny Chappé, qui cumule la casquette de maire de Paimpol, en plus de son mandat régional.

À ces difficultés s’ajoutent aussi les contraintes liées à l’objectif de « zéro artificialisation nette » du gouvernement, qui accroît la tension sur l’accès au foncier et complique la tâche des élus locaux. De quoi replacer le dialogue entre l’État et les collectivités au cœur du sujet de la crise du logement breton.

Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/crise-du-logement-en-bretagne-letat-pointe-du-doigt-lors-du-colloque-de-la-fondation-abbe-pierre-1388782c-f93b-11ed-9cb0-66cad6563dc6

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/crise-du-logement-en-bretagne-letat-pointe-du-doigt-lors-du-colloque-de-la-fondation-abbe-pierre-of-fr-27-05-23/

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