Culture bretonne. Quand l’Ankou s’invite à un concert d’Erik Marchand (OF.fr-7/11/23)

La harpiste Maëla Le Badelet, le sonneur Didier Durassier, le chanteur-musicien Erik Marchand et Jean Lambert-wild, clown blanc. | LA COOPÉRATIVE 326

L’Ankou, le messager de la mort en Bretagne, s’invite au théâtre sous les traits d’un clown blanc, en bousculant un concert d’Erik Marchand…

Par Jean-Marc PINSON,

Dans la culture bretonne, l’Ankou, avec sa faux, annonce la mort. Ce messager-psychopompe, canal entre le monde des vivants et celui des défunts, décide un beau soir de perturber un concert d’Erik Marchand et ses deux musiciens, le sonneur de biniou Didier Durassier et la harpiste Maëla Le Badezet.

Erik Marchand, chanteur et musicien. | LA COOPÉRATIVE 326

C’est Jean Lambert-wild, auteur, scénographe, poète (1), qui prête ses traits de clown blanc à l’Ankou. Tirades, faux dialogues, distribution de feuilles volantes au public, chansons bretonnes… le spectacle Au cas où l’Ankou tient à la fois du théâtre, de la musique, du chant et de l’univers circassien autour de ce clown blanc.

L’ouvrier de la mort

« Je vis dans la peau de ce clown depuis vingt ans. Un clown gentil mais autoritaire, au rire élégant », souligne Jean Lambert-wild. Par opposition à son compère extravagant et gaffeur Auguste, le clown blanc est une espèce en voie de disparition : « Nous ne sommes plus qu’une petite dizaine en France. »

Jean Lambert-wild a travaillé, il y a quelques années, avec Yann-Fañch Kemener, puis avec Erik Marchand. « La figure populaire de l’Ankou m’intéresse. Le psychopompe est présent dans beaucoup de civilisations, Afrique, Japon, Inde, Chine. »

La poésie clownesque permet « de nous réconcilier avec la mort, chassée de nos sociétés modernes. Il faut rire de la mort sans crainte de trébucher ou d’être mal vêtu dans l’au-delà. L’Ankou a mission de récolter les corps de ceux qui nous quittent. Cet ouvrier de la mort (Oberour ar marv) qui, dans la culture bretonne, conduit une charrette (Karrigel an Ankoù) dont le grincement (Wig ha wag) est de bien mauvais augure. Il pourrait facilement trouver sa place dans les types de la commedia dell’arte ! »

L’Ankou va demander à Erik Marchand de chanter la mort. Le public peut suivre, ou pas, avec des feuilles volantes calligraphiées par Gaël Lefeuvre.

« De tradition orale, les répertoires de chansons bretonnes ont été diffusés avec des imprimés bon marché, parfois gratuits, souligne Gaël Lefeuvre, spécialiste de l’art urbain. Certaines dynasties d’imprimeurs, comme les familles Lédan à Morlaix (Finistère) ou Le Goffic à Lannion (Côtes-d’Armor), vont inonder la Bretagne de ces feuillets populaires. »

Pour le spectacle, Gaël Lefeuvre a revisité cette tradition de l’imprimé populaire.

Pendant ce temps, l’Ankou, archange noir de la mort et son alter ego le clown blanc demandent à Erik Marchand de chanter Ann Ankou hag ann Dioul c’houer Ann vache rée. Soit, « L’Ankou et le diable faisant une boisson forte ». À notre santé ?

(1) Ancien directeur de la Comédie de Caen, aujourd’hui directeur artistique de la Coopérative 326 à Vannes.

Les 7-8 novembre au Théâtre de Cornouaille à Quimper, le 9 au théâtre du Pays de Morlaix, le 17 à Amzer Nevez à Ploemeur (Morbihan).

Source: https://www.ouest-france.fr/culture/culture-bretonne-quand-lankou-sinvite-a-un-concert-derik-marchand-da7e0cd4-77ef-11ee-b7ba-95ef9cb6f5e8

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