Dans ce quartier populaire, un réseau clandestin d’écoute pour les femmes victimes de violences. (OF.fr – 10/09/23)

Fatima, Sandra, Régine, Glad, Stella et Saint-Thomas sont membres du collectif Kuné des femmes de Villejean.
Fatima, Sandra, Régine, Glad, Stella et Saint-Thomas sont membres du collectif Kuné des femmes de Villejean. | OUEST-FRANCE

Par Romain LECOMPTE.

Dans le quartier de Villejean, à Rennes, une dizaine de femmes ont été formées à l’écoute bienveillante. Elles ont monté un réseau d’écoute clandestin pour lutter contre les violences conjugales et sexistes. Une initiative qui fait suite à un féminicide dans ce quartier.

Elles se font appeler les « clandestines ». Leur organisation repose sur la discrétion. « On ne veut pas se mettre en danger, ni faire peser un risque sur les femmes qui viendraient nous voir. On travaille dans le secret pour sortir du silence », résume l’une d’entre elles.

À Villejean, on peut les trouver à la sortie de l’école, à la mosquée, au centre social, au marché… là où vit le quartier. Elles parlent des langues d’Afrique du Nord, de l’Ouest et du Centre, français, anglais, russe, portugais, breton… plus de dix-neuf langues au total.

Leur mission ? Recueillir discrètement la parole d’habitantes qui sont victimes de violences conjugales et sexistes. Pour y parvenir, ces femmes et cet homme ont été formés à l’écoute bienveillante.

« Confidentialité »

Régine Komokoli, membre du collectif Kuné des femmes de Villejean, à l’initiative du projet, raconte : « Cette formation va permettre aux victimes de violences de venir chercher de l’aide en toute confidentialité auprès de femmes issues de la même culture qu’elles. Nous ne voulons plus que les hommes violents puissent continuer leurs forfaits sur des femmes qui n’osent pas témoigner pour des raisons liées à la précarité de leur situation ou à leur pratique difficile de la langue française. »

Un financement participatif avait été lancé pour financer la formation. Le collectif a recueilli plusieurs centaines de dons.

« Nous sommes en mission »

Cette initiative citoyenne fait suite à un féminicide dans le quartier. Le 12 avril 2022, Marie Thakizimana, mère de deux enfants, est retrouvée morte dans son appartement. Son mari n’avait plus le droit de l’approcher. Mais il l’avait rejointe la nuit précédente. Il est mis en examen pour « meurtre sur conjoint ».

Marie était une amie de Régine Komokoli : « Nous sommes en mission, nous ne voulons plus pleurer la mort. Nous n’étions pas destinées à devenir des militantes. Nous ne sommes pas des professionnelles, nous ne sommes pas là pour prendre la place de quelqu’un. Nous voulons juste prendre notre part. »

« La donne change »

Stella, une autre membre du collectif, ajoute : « Nous sommes là pour écouter sans jugement. Notre but c’est de donner aux femmes le courage de briser le silence. Mais dans un cadre qui fait qu’elles sachent que leur secret ne sera pas divulgué. Et si ça nous dépasse on sait quoi faire et quels partenaires contacter. »

Selon Régine Komokoli, les choses commencent déjà à bouger dans le quartier : « Je reçois des appels de femmes tous les jours. L’une d’elles m’a dit que son mari faisait attention, maintenant qu’elle était en contact avec nous. La donne change et ça permet aussi d’envoyer un message fort à nos enfants. »

Source : Dans ce quartier populaire, un réseau clandestin d’écoute pour les femmes victimes de violences (ouest-france.fr)

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