Dans l’agroalimentaire, la mobilisation porte ses fruits (LH.fr-19/10/22)

Salaires-En ce mardi de manifestations, la CGT a mis en avant trois luttes victorieuses récentes dans le secteur, qui ont permis chacune des hausses de rémunération.

En préambule, Maryse Treton, secrétaire de la fédération nationale agroalimentaire et forestière (Fnaf) de la CGT, précise bien que « ce n’est pas parce qu’ils ont obtenu des avancées salariales significatives que les travailleurs ne sont pas en grève, ce mardi, pour les salaires et le respect du droit de grève ». Elle rappelle aussi que les salariés du secteur ont travaillé très dur pendant les périodes de confinement. En tout cas, que ce soit chez Tereos, Marie Surgelés ou sur le site de Lactalis à Lons-le-Saunier (Jura), ces militants sont bien la preuve que la lutte pour les salaires paie.

Dans les sucreries, cela a commencé dès mars. La direction de Tereos proposait unilatéralement 3,2 % d’augmentation. Clairement insuffisant pour ces salariés à faibles revenus. « La CGT et la CFDT sont allées dans 9 usines organiser une importante consultation auprès des salariés, explique Maryse Treton. Le ton est monté à l’été quand il y a eu l’annonce de la suppression d’un emploi. Les syndicats ont menacé de faire grève, alors que la campagne sucrière allait débuter. » Non seulement les salariés ont obtenu le maintien dans l’emploi, mais aussi une augmentation de 70 euros par mois, en plus des 3,2 % promis par la direction. Pour les plus bas salaires, cela représente une hausse de 7,7 % et de 6,5 % pour les techniciens et agents de maîtrise. « Cette victoire a permis le renforcement de la CGT, il y a eu une bonne soixantaine de nouvelles adhésions dans les sucreries », se réjouit la cégétiste.

augmentations, embauches…

La lutte chez Lactalis devrait permettre aussi à la CGT de devenir représentative aux prochaines élections du personnel. « Suite à la bataille sur le site de Lons-le-Saunier, où il n’y avait pas eu de grève depuis quarante ans, notre jeune équipe de militants reçoit des appels de salariés du groupe pour adhérer quasiment tous les jours », assure Maryse Treton. C’est qu’ils n’ont pas plié, malgré une direction qui persistait à les renvoyer dans le mur : les négociations salariales se font à l’échelle du groupe, pas des sites. Leur grève, qui s’est achevée le 11 octobre, a finalement poussé le directeur général à venir discuter à Lons-le-Saunier, et ils ont obtenu 7,2 % d’augmentation contre les 5,2 négociés à l’échelle du groupe. Lactalis a tout de même accumulé près de 500 millions d’euros de bénéfice net en 2021, et la famille de son PDG, le multimilliardaire Emmanuel Besnier, dispose de la neuvième fortune française.

Le groupe Marie va très bien aussi et a enregistré, sur 2022, une hausse de 10 % de ses ventes sur la quasi-totalité des catégories sur lesquelles elle opère (plats cuisinés, snacking…). Demandant leur part du gâteau, les salariés de la branche Surgelés de Mirebeau (86) et d’Airvault (79) se sont mis en grève du 26 au 30 septembre à l’appel de la CGT. Ils ont obtenu 6,9 % d’augmentation, mais aussi 8 embauches en CDI et une modification substantielle de l’organisation du travail, leur permettant de ne plus travailler qu’un samedi par mois, au lieu de trois, sans perte de salaire. « Les entreprises du secteur ont aussi largement profité de la crise, avec les luttes, les salariés qui ont travaillé comme des damnés en prennent conscience, assure Maryse Treton. C’est aussi pourquoi nous avons réalisé plusieurs centaines d’adhésions sur la période.  »

Pierric MARISSAL

source: https://www.humanite.fr/social-eco/agroalimentaire/dans-l-agroalimentaire-la-mobilisation-porte-ses-fruits-767830

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