Dans le pays de Lorient, les cours d’eau sont en grande souffrance (LT.fr-15/08/22-18h)

“Le débit du Blavet dépend de ce qu’on lâche à Guerlédan. C’est 3m3 par seconde. À l’aval de la station de pompage, il reste 1m3 par seconde “, souligne François Le Sager, président de l’AAPPMA du pays de Lorient.
Les cours d’eau, dans le pays de Lorient, sont en grande souffrance. On déplore même des assecs. Pour le président des pêcheurs, qui préconise le retour des zones humides, la situation est « exceptionnellement grave ».

Dans le pays de Lorient, « les débits des cours d’eau sont historiquement bas », constate François Le Sager, président de l’Association agréée de pêche et de protection des milieux aquatiques (AAPPMA). Si la pluie tombée dimanche 14 août, après de longues semaines sans la moindre goutte d’eau, est une bonne nouvelle pour le milieu, « elle n’a eu aucun effet », reconnaît amèrement le président de cette association qui intervient sur un vaste secteur, de Guidel à Languidic. L’homme suit avec attention les conséquences de la sécheresse sur le milieu. « Tous les jours, les débits sont de plus en plus bas. Ça baisse tous les jours sous l’action cumulée de la chaleur et du vent ». Avec des situations variables selon les bassins-versants. Sur celui du Blavet (Sebrevet, Kersalo, Temple), « ça tient, il n’y a pas d’assèchement ». Du côté de Guidel, Fort-Bloqué, « c’est très très bas ». Sur le bassin du Pont du Rock, la situation est, par endroits, plus critique, même si, dans certains lieux, la présence de station d’épuration fait « qu’il y a de l’eau ».

La situation est exceptionnellement grave. On est en avance de deux mois sur un étiage classique.

De fortes mortalités

Sur le Rion (au-dessus de Languidic), « l’écoulement est en train de s’arrêter ». Sur le Riant, c’est déjà trop tard. « C’est mort depuis le début de semaine dernière. Le constat est sans appel, la rivière a disparu pour laisser place à un fossé sans eau, avec des truites mortes ». Alerté par la maire de Kervignac, François Le Sager a constaté, impuissant, les effets de la sécheresse. La crainte, c’était l’état du Lezevry, à Merlevenez, où jeudi 11 août, subsistait encore « un léger écoulement d’eau ». Les fortes chaleurs de vendredi et samedi lui ont été fatales. « Il n’y a plus rien. Mortalité totale des poissons, dont truites et anguilles. Vendredi et samedi, cela a été les journées de trop pour nos ruisseaux. Aujourd’hui, certains ne sont plus que des fossés. La situation est exceptionnellement grave. On est en avance de deux mois sur un étiage classique ».

Le Lezevry, route de Saint-Hélène à Merlevenez, n'est plus qu'un chemin creux. François Le Sager y a constaté une forte mortalité, anguilles et truites.
Le Lezevry, route de Sainte-Hélène à Merlevenez, n’est plus qu’un chemin creux. François Le Sager y a constaté une forte mortalité, anguilles et truites.

Laisser les poissons tranquilles

Pour survivre, les poissons « ont besoin d’un filet d’eau courante » et que la température de l’eau n’excède pas 20 degrés. En certains endroits du territoire, les récentes pluies ont permis de maintenir ce léger filet d’eau. Évitant ainsi toute disparition de la vie aquatique comme c’est le cas ailleurs, dans les secteurs de Riantec, Kervignac ou Merlevenez, où la situation est jugée « dramatique » par François Le Sager. Dans ce contexte tendu, les pêcheurs ont demandé l’arrêt de la pêche dans les rivières de première catégorie. Mais les pêcheurs « n’ont pas attendu cette demande de fermeture » pour l’appliquer. « Elle est de pure cohérence. Il faut les laisser tranquilles, ne pas les manipuler et espérer qu’il pleuve ».

Retour souhaité des zones humides

Pour faire face à des épisodes secs qui pourraient devenir la norme, « il faut donner du temps à l’eau », assure François Le Sager. Pour lui, la réflexion doit intégrer différents axes : « remettre en place des zones humides, supprimer des drains (qui sur les terrains agricoles permettent de favoriser l’évacuation de l’eau présente dans le sol, NDLR) et mener à l’échelle du pays de Lorient une politique d’acquisition de territoire consacrée à l’eau ». Une voie dans laquelle il est, selon lui, urgent de s’engager afin que les cours d’eau et les espèces aquatiques, animales ou végétales, qui y vivent puissent continuer à exister. À défaut, ces cours d’eau se transformeront en chemins creux.

Stéphane Guihéneuf

source: https://www.letelegramme.fr/morbihan/lorient/dans-le-pays-de-lorient-les-cours-d-eau-sont-en-grande-souffrance-15-08-2022-13149889.php

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