
Habitants, élus, agriculteurs… À Commana (Finistère), ils sont venus prêter main-forte aux sapeurs-pompiers sur le terrain et les guider à travers un territoire difficile d’accès. Les feux ont repris samedi 6 août 2022, là où ils s’étaient arrêtés trois semaines plus tôt
Au village de Kerfornédic, à Commana (Finistère), le chemin est escarpé et les pentes sont ardues.
Au milieu des arbres, quatre sapeurs-pompiers tentent de se faufiler entre les ronces et les barbelés. Ils portent 45 kg de tuyaux sur le dos. En contrebas, ils rejoignent le sentier qui longe la rivière de l’Elorn, qui marque la délimitation avec la commune de Sizun.
Tout le long du chemin, le paysage est calciné. Les fumerolles sont parsemées ici et là. Depuis le samedi 6 août, vers 12 h, 10 hectares ont brûlé sur Commana, selon les estimations de David Queinnec, l’adjoint au maire.
Les feux ont repris là où ils s’étaient arrêtés lors du premier incendie, il y a trois semaines. Les pompiers sortent leur lance et arrosent les zones où les flammes persistent.
Dix-neuf pompiers, des agriculteurs en renfort et un guide
« Ce matin [N.D.L.R : dimanche 7 août 2022] on a identifié ce coin-là comme dangereux. On surveillait mais quand le feu est parti, le temps qu’on envoie les engins, c’était trop tard. Il s’est propagé très vite dans les deux sens », raconte David Queinnec. Sur le secteur, ils sont 19 pompiers. Un groupe attaque le feu par le bas, côté rivière. Un autre l’attaque par le haut.
https://www.ultimedia.com/deliver/generic/iframe/mdtk/01124706/zone/1/src/qs5pzuq/ad/no
Au loin, on aperçoit Le Mont-Saint-Michel et les fumées qui montent de Brasparts. « On a 4 camions-citernes feux de forêt et une cellule grande capacité, qui permet de faire le plein des engins en eau », au lac du Drennec, 3 km plus loin, détail Nicolas Perrazi, le chef de groupe des sapeurs-pompiers.
Les agriculteurs sont venus prêter main-forte, avec deux citernes de 10 000 litres, contre 4 000 litres pour un camion-citerne de pompiers : « Ça permet de perdre moins de temps à débrancher les tuyaux et d’attaquer sans cesse le feu », explique Samuel Morvan, un fermier qui habite de l’autre côté de la commune.
« On a essayé de faire des brèches avec des engins agricoles et ainsi créer des passages pour les camions des pompiers », ajoute David Queinnec.
L’adjoint connaît le territoire par cœur. Son rôle à lui, c’est de guider : « On essaye de faire au mieux et d’aider les pompiers [N.D.L.R : de Quimper] qui ne connaissent pas forcément le secteur et de coordonner avec les agriculteurs qui ont envie de sauver leur campagne et de donner un coup de main ».
Lire aussi : Incendies dans les monts d’Arrée : où en est-on ce lundi, deux jours après la reprise des feux ?
« Le feu est plutôt fixé »
Il est 20 h désormais et le feu est « plutôt fixé », selon Nicolas Perrazi. Mais le vent ne leur facilite pas la tâche. « L’essentiel c’est qu’il n’ait pas passé la rivière », poursuit le chef de groupe. De l’autre côté se trouve une sapinière, hautement inflammable, et le village d’Hengoat, côté Sizun, déjà évacué lors de la première vague, du fait des fumées.
Le feu s’est arrêté de lui-même au sentier qui longe l’Elorn : « Il y a des feuillus, de la ronce, des herbes basses, de la fougère… Ça brûle moins facilement, c’est un peu humide, ça fait un peu l’effet d’une tranchée », explique-t-il.
Les flammes persistent néanmoins sur une zone broussailleuse, difficile d’accès. « Les pompiers mettent en place une stratégie pour rallonger les tuyaux et arroser depuis le haut », explique David Queinnec.
Pour l’heure, « pas de risque pour les habitations de Commana, affirme l’adjoint. Il y a peu de chance que le feu prenne dans la prairie », poursuit-il.
« Cel »
Les dernières 72 heures ont été difficiles et la fatigue se fait ressentir. Un soldat du feu, au visage noirci par la fumée, confie : « Cela fait trois jours que je ne dors presque pas ». Pour la plupart, ils sont pompiers volontaires : « Ils ont leur travail à côté. C’est compliqué d’avoir de la disponibilité en semaine », ajoute Nicolas Perrazi. La relève du groupe est attendue pour 21 h.
Du côté des habitants, « il y a une certaine résignation », partage David Queinnec. C’est la deuxième fois, en trois semaines, que la zone est en alerte. « On se rend compte qu’il n’y a pas eu d’entretien. On remarque que certaines parcelles, fourchées tous les trois ans selon un programme, n’ont pas brûlé. Il y a une attente de la part de la population pour que la gestion soit améliorée à l’issue de l’été », ajoute l’adjoint au maire, bien décidé à anticiper la suite.
Noémie SOLAVAIN