Prix du gasoil, réglementation européenne, pression administrative, demande du Conseil d’État de fermer des zones de pêche… En Bretagne, l’exaspération tous azimuts des pêcheurs bretons monte de jour en jour. Ce lundi 27 mars 2023, plusieurs dizaines d’entre eux ont enchaîné les démonstrations de force. Réunis au Guilvinec (Finistère), 300 d’entre eux ont décidé une opération « ports morts ».
Prix du gasoil, réglementation européenne, pression administrative, demande du Conseil d’État de fermer des zones de pêche… tous azimuts, la grogne des pêcheurs bretons monte de jour en jour.
Après une violente manifestation qui a fait trois blessés, mercredi 22 mars 2023, à Rennes, après avoir saccagé les bureaux de l’organisation des producteurs pêcheurs Pêcheurs de Bretagne, à Lorient, vendredi 24 mars, ils ont enchaîné les démonstrations de force lundi 27 mars, toute la journée, de Lorient (Morbihan) au Guilvinec (Finistère), en passant par la région de Quimperlé (Finistère). Désormais, leur colère vise aussi leurs organisations professionnelles.
« Avec les pêcheurs, nous avons un objectif commun »
7 h 30. Une trentaine de pêcheurs lorientais se retrouve dans le calme, devant le domicile de la présidente de l’association Sea Shepherd France, Lamya Essemlali, près de Quimperlé (Finistère). Ils protestent contre l’ONG accusée « de militer pour un arrêt de la pêche » comme le dénonçait samedi matin Olivier Le Nézet, le président du comité régional des pêches. Ils en veulent aussi aux comités de pêche (régional et national) ainsi qu’à leur organisation de producteurs de ne pas assez les défendre face à ces lobbies.
Et pourtant, estime Lamya Essemlali, « avec les pêcheurs, nous avons des objectifs communs. Si l’océan meurt, on meurt… et il n’y a plus de pêche de toute façon. Notre rôle est de préserver la biodiversité et nous ne pouvons y arriver qu’en travaillant avec eux ».
Criée et port de Lorient bloqués
Midi. Une cinquantaine de pêcheurs morbihannais et finistériens s’emparent des clés du siège du Comité départemental des pêches, situé à deux pas de l’entrée du port de Lorient-Keroman, et en verrouillent symboliquement l’accès. Le matin même, ils ont bloqué la criée et, la veille au soir, le port de pêche avec un filin. À quelques encablures, des pêcheurs de Quiberon (Morbihan) annoncent la fermeture de la criée, alimentée par une centaine de bateaux, dès ce mardi et pour toute la semaine.
17 heures. Plus de 300 professionnels se réunissent à la criée du Guilvinec, à l’initiative du comité départemental des pêches. Des pêcheurs du Guilvinec, de Loctudy, de Concarneau, du Nord-Finistère ainsi qu’une soixantaine de Morbihannais sont présents. Yannick Calvez, président du comité départemental du Finistère, et Sébastien Leprince, vice-président, relaient le message du comité national qui plaide pour « deux journées filière morte ». David Le Quintrec, porte-parole des pêcheurs en colère du Morbihan, pousse pour une opération « ports morts », afin que « les bateaux ne repartent pas en mer dès ce soir ». Objectif : pousser Bruxelles à recevoir le comité national des pêches et à revoir sa copie. « Il faut que les politiques reprennent la main face aux ONG », martèle Yannick Calvez, président du Comité des pêches du Finistère.
18 h 30. La proposition est approuvée par vote. Conséquence : dans le Finistère, les bateaux déjà à quai le resteront dès ce soir. Ceux en mer pourront rentrer pour vendre ce qu’ils ont pêché. Les criées vont donc devoir s’adapter. « Ça peut durer longtemps, avait promis le pêcheur lorientais, dès dimanche soir, quand un filin a été déployé à l’entrée du port de Lorient. On va rentrer un peu plus dans le dur. »
Laetitia JACQ-GALDEANO avec Olivier CLERO et Rose-Marie DUGUEN
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