De sombres nuits néonazies dans la campagne sud-finistérienne (LT.fr-17/11/23)

Depuis plusieurs années, se tiennent des concerts ouvertement néonazis dans la campagne kernévelloise, à Rosporden (29). Le dernier événement, en juin, avait été interdit par les services de l’État. Mais il aurait bien eu lieu…

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« Des gestes et propos antisémites » ; « des références symboliques au régime nazi, dont le swastika, des sigles SS, ainsi que le chiffre 88, représentation chiffrée du salut nazi » ; « un drapeau représentant une totenkopf, emblème de la troisième division SS en charge des camps de concentration »…

La liste est longue. Elle donne le tournis. Elle est sans ambiguïté. Elle a été dressée par le préfet du Finistère, le 1er juin dernier, pour motiver l’interdiction d’un festival organisé dans la campagne de Kernével, commune associée à Rosporden, comme viennent de le révéler nos confrères de Mediapart, qui font état de trois concerts interdits par l’État en France, en 2023.

Apologie du national-socialisme

C’est un endroit isolé, au bout d’une impasse, dans le bocage kernévellois. Quatre conteneurs, une maison d’habitation, et un hangar. C’est là, dans ce grand bâtiment privé, que s’est vraisemblablement tenue, le 3 juin 2023, « la sixième édition de l’événement de musique nationaliste dénommé La Crémaillère », selon l’arrêté préfectoral. Tout avait été annoncé, sur les réseaux sociaux : le prix des entrées, les horaires, les modalités de réservation, les noms des groupes, aussi. Bref, « cette manifestation musicale doit être regardée comme une réunion publique », résume l’arrêté.

Les groupes à l’affiche sont réputés « pour leur implication dans la mouvance néonazie », souligne alors le préfet d’alors, Philippe Mahé. À l’image de Bunker 84, connu pour faire « l’apologie du national-socialisme », avec des titres aussi nauséabonds que « Mein Kampf », « Troupes skinheads », « Nacht und Nebel » ou « KKK ». Ou du groupe Mauvais Troquet, dont le S renvoie à une typographie chère aux nostalgiques du Troisième Reich, et dont membres et fans font référence au nombre 88 à plusieurs reprises sur Facebook. Un groupe dont, justement, l’un des musiciens n’est autre que l’organisateur de l’événement. Le rendez-vous a par ailleurs été fréquenté, par le passé, par des membres du Bastion social, « groupe d’associations dissoutes par décret du Président de la République du 24 avril 2019 ». Pas de doute : ce concert sent le soufre.

Dans la mouvance des skinheads quimpérois

D’autant que l’organisateur, qui s’est vu notifier l’interdiction, est bien connu de la justice. Il fut en son temps l’un des fers de lance du Kemper Krew, un groupe de skinheads d’ultra-droite évoluant à Quimper et dans sa région proche.

À lire sur le sujet Justice : des skinheads en fâcheuse posture à Quimper

Les membres de la bande avaient fait beaucoup parler d’eux, dans les années 2014 et 2015. Ils avaient alors été mis en cause dans plusieurs agressions à la sortie de différents bars quimpérois, dont l’une au moins à caractère raciste. Une bagarre générale impliquant au moins sept d’entre eux avait été déclenchée dans un fest-noz, à Ergué-Gabéric (29). Et un jeune lycéen avait subi les foudres homophobes de l’un de ces skins…, l’organisateur des festivals kernévellois. Ces faits lui avaient valu trois mois de prison ferme, avant une nouvelle condamnation, quelques mois plus tard, pour d’autres faits de violences.

La Crémaillère 2023 aurait bien eu lieu

Après quelques procès et condamnations, le groupe n’a plus vraiment fait parler de lui. Reste que certains semblent toujours accrochés à leur vieille idéologie d’ultra-droite. Sur une vidéo interne, qui aurait été tournée, en 2022, dans le fameux hangar, on distingue clairement, inscrits sur les murs, les initiales SS, ainsi que la rune d’Odal, emblème des jeunesses hitlériennes, repris depuis par de nombreux groupes néonazis et suprémacistes blancs. Ou encore les initiales VDL BSK, nom d’un groupuscule nationaliste d’extrême droite de l’est de la France. Est également affiché le drapeau des États confédérés et sécessionnistes américains.

Selon nos informations, le concert organisé il y a deux ans, avait rassemblé entre une centaine et 200 personnes. Quant à la « Crémaillère » de juin 2023, plusieurs sources s’accordent sur le fait qu’en dépit de l’interdiction préfectorale, « à Rosporden ainsi qu’en tout autre lieu du Finistère », elle aurait bien eu lieu. Une procédure a-t-elle été engagée suite à cette violation de l’arrêté ? Contactée, la préfecture du Finistère confirme l’interdiction de la manifestation et que des contrôles ont été opérés.

Source: https://www.letelegramme.fr/bretagne/a-rosporden-de-sombres-nuits-neonazies-dans-la-campagne-kernevelloise-6469507.php

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