Décès d’un sans-abri à Hennebont : « C’est choquant de mourir comme ça »(LT.fr-21/12/22)

Didier était sans abri depuis des années, à Hennebont. Il a été retrouvé mort début décembre. Un décès qui a surpris et choqué les habitants.
Le décès d’un sans-abri provoque l’émoi, à Hennebont. Des habitants sont choqués que l’on meure, seul et à la rue, dans une ville de 15 000 habitants.

Didier est parti début décembre, sans un bruit. Un décès à l’image du bonhomme. Le sexagénaire n’était pas du genre à se faire remarquer. « Il était très discret. Secret même. Mais vraiment très gentil. Il aurait donné sa chemise pour les autres. C’était mon copain depuis dix ans », confie un proche, encore ému par cette disparition soudaine. Didier n’aimait pas faire parler de lui. Pourtant, sa mort fait beaucoup de bruit. Parce qu’à Hennebont, le décès d’un homme dans la rue n’est pas commun.

Didier était ce qu’on appelle pudiquement un sans-abri. Sa santé était très fragile. Il avait même dû être amputé d’une jambe. Pourtant, il dormait sous sa tente dans le parc de Kerbihan, par tous les temps. C’est là, dans le froid de ce début décembre, qu’il a été découvert mort. Il avait 61 ans.

C’est intolérable que des gens meurent seuls, dans la rue.

« Il faut que ça serve d’électrochoc »

« C’est choquant de mourir comme ça », souffle Jean-Michel Baudry. Avec ses camarades de La France Insoumise, le Hennebontais a décidé de réagir en organisant un rassemblement, ce jeudi 22 décembre, à 18 h 30, devant la mairie d’Hennebont. À la fois pour rendre hommage à Didier et tirer la sonnette d’alarme. « Il faut que ça serve d’électrochoc. C’est intolérable que des gens meurent seuls, dans la rue. On parle du drame de ce monsieur, mais il y a aussi des personnes au RSA qui ne peuvent plus se loger, des smicards qui dorment dans leur voiture. C’est inadmissible ! », s’agace Jean-Michel Baudry. Il y a quelques jours, il a écrit au préfet pour lui demander de réagir. Il réclame la réquisition de logements pour mettre à l’abri les gens dans le besoin. « Le 115 ne fonctionne pas. On manque de moyens, de matériel et de personnel ».

De son côté, la maire d’Hennebont confie être marquée par ce décès. Mais elle est volontairement discrète sur le sujet. « Par respect pour la famille ». Elle a tout de même pris la parole pour réagir aux propos de La France Insoumise. « Monsieur Baudry a raison d’alerter, mais il ne faut pas instrumentaliser un dramatique fait divers et une histoire qu’on ne connaît pas à des fins politiques ».

Il était suivi et soigné

Michèle Dollé assure aussi que la mairie et les différentes structures sociales ont fait leur travail pour aider Didier. « Ce monsieur n’était pas du tout laissé à l’abandon », souligne-t-elle. Le sans-abri hennebontais était suivi par une conseillère en économie sociale et familiale avec laquelle une relation de confiance s’était installée. Pour sa jambe, il bénéficiait aussi de soins quotidiens prodigués par un cabinet infirmier. C’est d’ailleurs ce dernier, sans nouvelle du sans-abri depuis quelques jours, qui a donné l’alerte début décembre. Avant qu’on le retrouve mort.

« Didier n’était pas du genre à réclamer de l’aide. Il nous disait qu’il avait un appartement à Lorient pour ne pas qu’on sache qu’il dormait dehors », confie son ami. Chaque soir, il regagnait en fait sa tente. Selon Michèle Dollé, il faut se garder de juger cela. « Il avait fait un choix de vie différent. On peut ne pas le comprendre, mais on doit le respecter »

Dominique MORVAN

source: https://www.letelegramme.fr/morbihan/lorient/deces-d-un-sans-abri-a-hennebont-c-est-choquant-de-mourir-comme-ca-21-12-2022-13246793.php

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