« Demain au boulot ! » : elle a filmé les sardinières de Douarnenez dans leur usine (6/01/25)

« Demain au boulot », film documentaire de Liza Le Tonquer, sera projeté en avant-première le 8 janvier au cinéma Le Club de Douarnenez (Finistère). | DR / LIZA LE TONQUER

Liza Le Tonquer est entrée en 2024 chez Chancerelle, à Douarnenez (Finistère) pour filmer les ouvrières d’usine, Rachel, Justine et Patricia, Edith, Solange, Mariem et Marie-Do, dans leur travail. Plusieurs avant-premières de ce documentaire de 52 minutes sont programmées cette semaine au cinéma Le Club. Première séance ce mercredi 8 janvier 2025.

Par Marion GONIDEC.

Entretien avec Liza Le Tonquer, réalisatrice de « Demain au boulot ».

Liza Le Tonquer, documentariste, réalisatrice de « Demain au boulot ». | OUEST-FRANCE

C’est l’année du centenaire des grèves de 1924, mais le film parle d’aujourd’hui…

Oui, c’est un film contemporain. Pour partie, en immersion à l’usine Chancerelle de Douarnenez, de juin à septembre, ainsi que là où les ouvrières ont pu ou bien voulu témoigner. La grève de 1924 est légèrement évoquée parce que la ville célèbre et que de fait, c’est un peu en arrière-plan. Mais ce n’est pas le sujet du film.

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Le film dialogue avec un autre film…

Celui de Marie Helia, Les filles de la sardine (2001). Il y a plus de vingt ans, elle a filmé des ouvrières dans l’usine Chancerelle, quand l’usine était encore sur le port. Paris-Brest Productions et Olivier Bourbeillon, qui a produit ces films, se sont dit qu’il pouvait être intéressant de refaire un film vingt ans plus tard.

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Qu’est ce qui a fondamentalement changé ?

C’est radicalement différent. L’usine n’est plus sur le port mais à Lannugat, dans la zone industrielle, et puis, les femmes qui y sont ne sont plus les mêmes. Il y a quelques anciennes mais à l’usine sardines beaucoup d’anciennes sont passées au conditionnement. Ce sont toujours, à 90 %, des femmes qui travaillent mais elles ne vont plus se baigner au port à la pause en été, beaucoup viennent de Quimper, de Kermoysan, n’ont plus ce même rapport à l’usine dans la ville.

Cela n’a pas dû être simple de recueillir la parole…

J’ai essayé de rencontrer le plus de femmes possibles, une vingtaine, d’abord par le biais des enregistrements audios, puis dans l’usine, pour celles qui ont accepté. Mais cela n’a pas été simple du tout, ni de rencontrer les ouvrières, ni de parler librement.

Pourquoi ?

Certainement par autocensure, au vu de leurs situations précaires et bien entendu, de la peur de perdre leur poste. Mais aussi des contraintes imposées par l’entreprise. J’ai accepté le regard que me proposait Chancerelle, c’est-à-dire de rencontrer des cheffes d’équipe ou des femmes à des postes plus ou moins importants, tout en ayant rencontré des ouvrières à l’extérieur, par le bouche-à-oreille et avec l’aide de la maison solidaire de Kermarron.

En audio, certaines femmes parlaient de plus en plus librement. Dès que la caméra fait irruption, c’est autre chose. On entend à la fois les difficultés et leur attachement à ce travail, l’enjeu de place qui fait beaucoup dans cette parole retenue. C’est très difficile d’approcher une parole libre sur le travail.

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Vous dites, c’est un film sur une communauté de femmes…

Il était possible de faire cinq films différents, en mettant en lumière les parcours de vie de ces femmes et notamment des personnages principales, Rachel, Justine et Patricia, Edith, Solange, Mariem ou Marie-Do. Mais il a fallu faire des choix, difficiles, car 52 minutes, c’est court avec toute cette matière. Ce film c’est plutôt un état des lieux, d’une année, dans cette communauté de femmes au travail, un travail difficile, physique, où les places sont chères.

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Le film raconte aussi ce qui vient…

Les représentantes syndicales avaient l’envie en revanche, de parler de manière moins lisse de l’usine. Le nouveau CSE (comité social et économique) change les choses. En mars, tout le monde est sorti de l’usine faire grève. Le film évoque aussi l’arrivée de nouvelles machines en cette année charnière.

Demain au boulot, un film de 52 minutes, de Liza Le Tonquer avec France Télévisions, avec Gurvan Hue à l’image, Chloé Dubset au son, Emmanuelle Pencalet au montage. En avant-première au cinéma Le Club, à Douarnenez ce mercredi 8 janvier à 18 h, puis à 20 h 45 et le samedi 11 janvier, à 14 h 30 suivi d’un échange organisé avec Pemp real a vo sur les conditions de travail dans les conserveries avec des ouvriers, ouvrières et représentants syndicaux, à 16 heures à l’auditorium. Diffusion sur France 3 Bretagne jeudi 9 janvier à 22 h 50, en même temps que Les Filles de la sardine de Marie Helia et Le chant des sardinières, de Nina Montagné.

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Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/douarnenez-29100/demain-au-boulot-elle-a-filme-les-sardinieres-de-douarnenez-dans-leur-usine-1d42387c-cb84-11ef-ae13-2f9181d4848b

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