Une quarantaine de cadres de santé du CHU de Rennes (Ille-et-Vilaine) se sont mis en grève, jeudi 12 janvier 2023. Ils dénoncent des conditions de travail de plus en plus difficiles et un projet de modification de leur rythme quotidien.
« Pression, désillusion, intimidation, épuisement, injonction, destruction… Voilà ce que nous vivons avec vous amenant à une perte de sens et à une qualité de vie au travail illusoire… » Jeudi 12 janvier 2023, vers 10 h, devant le grand bâtiment du CHU de Rennes, une quarantaine de cadres de santé manifeste après avoir déposé un préavis. « Nous ne sommes vraiment pas habitués à manifester, explique l’une d’entre elles. Pour certaines, c’est même la première fois. Mais ça montre aussi à quel point nous sommes fatigués et inquiets pour notre avenir et celui de nos services où nous exerçons. »
« À force de ne pas être entendus »
Ces cadres de santé sont des éléments clés dans le fonctionnement des services hospitaliers. Souvent d’anciens ou anciennes infirmiers, ils sont les garants, en lien avec les médecins, les infirmiers, les aides-soignants et autres intervenants, de la qualité des soins, de la gestion des effectifs, de la conduite des projets. Leur mission est de résoudre au quotidien, tous les obstacles qui peuvent survenir.
« Mais nous sommes en colère aujourd’hui à force de ne pas être entendus, insiste une autre cadre. Devenir cadre a été un choix et nous sommes tous passionnés. Mais face aux difficultés croissantes auxquelles nous sommes confrontés, ça devient de plus en plus difficile. On doit gérer les fatigues et burn-out dans nos équipes alors que nous-mêmes sommes à la limite de craquer. Beaucoup se posent aussi la question sur la perte de sens de ce que l’on fait. »
Bientôt sans bornes horaires ?
Ce jeudi, ces cadres ont décidé, une fois n’est pas coutume, de se faire entendre. D’autant qu’un récent projet de la direction d’aménagement de leur temps de travail a catalysé les mécontentements. « La direction veut mettre en place le forfait jour que l’on appelle aussi la permanence des soins, résume Fabienne Dubeaux, déléguée syndicale CFE-CGC et elle-même cadre. « On va donc nous demander de continuer à travailler et à assumer un nombre important de missions sans bornes horaires. »
De son côté, la direction affirme que des négociations sont en cours et que la permanence des soins souhaitée comblerait des plages horaires non couvertes par les cadres de santé.
Mais le malaise ne s’arrête pas à cette question. « Nous sommes toujours en train de regarder comment on va faire pour remplir notre mission, poursuit la représentante syndicale. Le mieux ou le plus possible avec le moins de moyens possibles. » Un exercice de plus en plus compliqué.
Auteur : Samuel NOHRA.