Des milliers de manifestants sous les fenêtres de la ministre Oudéa-Castéra (IO.fr-27/01/24)

Par Michèle LEPEUVE

Plusieurs milliers d’enseignants, d’AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap) sont venus de toute la France pour manifester au ministère de l’Education nationale ce jeudi 25 janvier.

Ils ont répondu à l’appel de la fédération FO de l’enseignement, soutenue par Frédéric Souillot, secrétaire général de la confédération, et par plusieurs unions départementales interprofessionnelles.

Ils sont venus pour crier : « Retrait de l’acte 2 de l’inclusion scolaire (systématique et forcée) ! Non au démantèlement des établissements spécialisés ! Pour un vrai statut et vrai salaire pour les AESH ! »

Plusieurs d’entre eux ont répondu aux questions d’Informations ouvrières.

Noémie, professeur des écoles, présente avec de nombreux collègues de son département exprime sa colère :

« Il faut mettre un coup d’arrêt à la maltraitance ! Maltraitance des enfants, des AESH, des instituteurs ! Dans une classe, on a vu une chaise, et même une table voler car un enfant était en crise.

J’ai pu constater des situations intenables : un enfant en crise par terre que personne ne pouvait calmer, un autre qui essayait d’enjamber la fenêtre, une collègue frappée… La situation est explosive dans les écoles !

Les AESH doivent la plupart du temps suivre plusieurs enfants, en moyenne 3, donc seulement 9 heures chacun, sur une semaine scolaire de 26 heures ! Donc, les deux tiers du temps, c’est l’enseignant qui doit gérer !

Les parents des enfants en situation de handicap ont une attente que l’école dans les conditions actuelles ne peut satisfaire. Donc ils sont mécontents et les parents des autres élèves aussi. Résultat : on culpabilise les enseignants et personnels !

Aujourd’hui il y a un beau cortège, à l’initiative de la seule fédération FO.

S’il y avait l’unité, on pourrait arracher des solutions.

On a noté que la FSU a commencé à reprendre dans certains textes la revendication : non à l’inclusion systématique et forcée. Le succès de la manifestation aujourd’hui est un grand encouragement. »

Une institutrice spécialisée pour l’aide aux enfants déficients auditifs, venue de l’Allier, nous informe de la suppression de son poste à la rentrée prochaine. Pour le ministère, il n’y a plus d’enfants sourds ! Sa collègue ajoute : « Ni d’enfants non voyants ! L’enseignement spécialisé est en train d’être massacré ! »

Aurélie est AESH en collège : « Je suis AESH depuis 4 ans, j’ai 3 élèves handicapés à suivre. Certains de mes collègues doivent en suivre beaucoup plus, dans des écoles différentes et même distantes.

J’ai choisi ce métier, car j’avais la conviction qu’un enfant en situation de handicap peut être progressivement intégré à une scolarité normale, mais les conditions dans lesquelles cela se fait l’en empêchent la plupart du temps !

Et les enfants concernés souffrent encore plus ! »

Virginie, AESH depuis 9 ans, complète :

« J’ai suivi un élève qui devait intégrer une classe de 5e alors que son niveau scolaire était à peu près CE1, un autre, atteint d’autisme qui ne pouvait suivre que dans deux matières.

Résultat : ces jeunes ont ressenti encore plus leurs différences par rapport aux autres enfants.

Les intégrations devraient se faire “au cas par cas” et nous, on devrait avoir des formations spécialisées : les problèmes auxquels sont confrontés les enfants déficients auditifs ne sont pas ceux d’un enfant autiste ! Je n’ai eu personnellement que 60 heures de formation, et au bout de 6 mois… »

« Et moi, ajoute Aurélie, au bout de 2 ans… On sort un enfant autiste d’un institut ou la priorité, ce sont les soins et on le plonge dans un milieu où ce sont les apprentissages scolaires. C’est un traumatisme.

La situation actuelle est catastrophique et le gouvernement prévoit de l’aggraver dans des proportions insupportables, avec l’inclusion systématique et forcée, sous prétexte que les dispositifs spécialisés coûteraient trop cher !

Tout le monde est impacté : enfants, enseignants, personnels d’accompagnement et elesncadrement, parents. C’est l avenir du pays qui est en cause. »

Virginie et Aurélie ne précisent qu’en dernier lieu leurs conditions de rémunération : 850 et 1 000 euros mensuels (dont il faut soustraire les frais de transport en zone rurale…). Payées 10 mois sur 12 !

Le coordinateur Ile-de-France de la Fédération des parents d’élèves (FCPE) a expliqué sa présence : « Nous soutenons ce rassemblement organisé par FO.

Notre fédération est certes favorable à “l’école inclusive”, mais avec les moyens financiers et humains. Il faut créer les postes d’AESH nécessaires.

La mutualisation des AESH sur toute une circonscription les oblige à suivre plusieurs enfants. Il faut créer les postes d’enseignants pour qu’aucune classe ne dépasse 20 élèves. »

Source: https://infos-ouvrieres.fr/2024/01/27/des-milliers-de-manifestants-sous-les-fenetres-de-la-ministre-oudea-castera/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/des-milliers-de-manifestants-sous-les-fenetres-de-la-ministre-oudea-castera-io-fr-27-01-24/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *