Des pêcheurs bretons investissent le port de Brest pour l’opération « filière morte »(OF 30/03/2023 19H06)

Ils étaient plus de 400 pêcheurs venus de toute la Bretagne à Brest (Finistère), jeudi 30 mars 2023, pour signifier leur colère face aux réglementations européennes qui « signeraient la mort de la filière ». Ils s’opposent notamment au projet d’interdiction du chalutage dans les aires marines protégées d’ici 2030. « La goutte d’eau qui fait déborder le vase » pour certains.

Plus de 400 pêcheurs en colère ont allumé un feu de pneus et de palettes sur le port de Brest (Finistère), devant le bureau de l’Office français de la biodiversité. | OUEST-FRANCE

Pancarte en forme de cercueil brandie, Laurent Postic énumère : « On a eu le Brexit, les quotas de pêche, le prix du gasoil qui explose, et maintenant l’interdiction de pêcher dans certaines zones ! Il faut absolument qu’une délégation de professionnels aille à Bruxelles pour nous défendre car tous les problèmes viennent de là. »

Interdiction de la pêche dans les zones protégées en 2030

Les marins protestent notamment contre la décision du Conseil d’État de fermer certaines zones de pêche dans le golfe de Gascogne (de la Bretagne à l’Espagne) pour limiter la capture accidentelle de dauphins et contre la proposition de la Commission européenne d’interdire le chalutage, la pêche à la drague ou au peigne dans les zones marines protégées d’ici 2030.

Plus de 400 pêcheurs ont défilé dans le port de Brest, jeudi 30 mars, à l’appel du comité national des pêches. | OUEST-FRANCE

« C ’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, s’indigne Arnaud, pêcheur sur un chalutier coquiller dans la baie de Saint-Brieuc. Ça fait 30 ans que je fais ce métier, on se serre la ceinture depuis des années, là c’est la mort de la pêche. »  

« Mort pour l’Europe »

« C’est 59 % des eaux bretonnes où on n’aura plus le droit de travailler. Ça veut dire pour le consommateur, plus de coquilles Saint-Jacques, de langoustines. C’est 33 bateaux goémoniers en Bretagne, avec 7 000 emplois derrière », qui sont menacés, estime Philippe Perrot, vice-président du comité des pêches.

Philippe Perrot, vice-président du comité des pêches, a déposé une gerbe pour les bateaux détruits dans le cadre du plan de casse à la suite du Brexit. | OUEST-FRANCE

Dans ses bras, il tient une gerbe de fleurs entourées d’un ruban « Mort pour l’Europe » un geste symbolique pour les bateaux menacés par les restrictions européennes à venir mais aussi pour tous ceux concernés par le plan de sortie de flotte post-Brexit. Certains bateaux seront déconstruits dans le port de Brest.

« On va se battre »

« Ça fait mal au cœur de voir que l’Europe fait en sorte de payer les marins pour tuer le métier. Mais on ne va pas regarder les bateaux se faire détruire à la queue leu leu », assure Nicolas, pêcheur sur un fileyeur basé à Concarneau, en regardant un bateau en cours de déconstruction à Navaleo.https://platform.twitter.com/embed/Tweet.html?embedId=twitter-widget-1641363075428229120&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1641363075428229120&lang=fr

Parmi les manifestants, il y a aussi beaucoup de jeunes comme Gaël, 19 ans, et Hugo, 20 ans, tous les deux venus du Guilvinec. Ils s’inquiètent pour leur avenir. « On va se battre car on ne se voit pas faire d’autre métier », raconte Hugo, mécano à bord d’un chalutier depuis trois ans. Il aimerait avoir son propre bateau « un jour si les réglementations ne passent pas ».

Gaël, 19 ans, et Hugo, 20 ans, qui travaillent sur des chalutiers au Guilvinec, veulent se battre pour leur avenir dans la pêche. | OUEST-FRANCE

Feu de pneus et fusées de détresse

Le cortège où plusieurs fumigènes de couleurs et fusée de détresse ont été allumés a ensuite pris la direction du siège de l’Office français de la biodiversité (OFB), qui gère les zones protégées Natura 2000.

Aux alentours de midi, quelques individus ont entassé pneus et palettes en bois sur la chaussée, avant d’allumer le feu à l’aide de fusées de détresse, créant une épaisse fumée noire. Les manifestants ont ensuite pris pour cible le bâtiment, lançant fumigènes, fusées de détresse et feux d’artifice. Une vitre a été endommagée.

Un manifestant blessé

Vers 13 h, la manifestation a tourné court alors qu’un des participants, a été touché par un tir de fusée. Appelés, les secours sont arrivés rapidement sur place. Le blessé, toujours conscient a été transporté à l’hôpital.

Vendredi 31 mars, rendez-vous est donné à Quimper à 10 h, puis au port du Guilvinec pour une nouvelle journée d’action.

Soutien du député Didier Le Gac

Le député du Finistère, Didier Le Gac, a apporté son soutien aux pêcheurs. « Les organisations professionnelles sont impliquées depuis longtemps dans la préservation des ressources halieutiques, dans une démarche responsable aux antipodes de la pêche illégale pratiquée ailleurs dans le monde », estime le député dans un communiqué.

Il dénonce « le risque de favoriser les importations en provenance de pays très éloignés de nos exigences »« Le développement durable de ces activités doit être encouragé et soutenu », affirme-t-il.

Auteurs : Delphine Van Hauwaert  et Mathilde Tonnerre.

Source : VIDÉO. Des pêcheurs bretons investissent le port de Brest pour l’opération « filière morte » (ouest-france.fr)

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