« Des sujets peu clivants », la peur de « garantir la continuité » du macronisme…Des discussions en demi-teinte entre Bercy et une partie du NFP sur le budget (H.fr-9/01/25)

La réunion entre le PCF, EELV, le PS et les ministres de l’Économie et des Comptes publics s’est achevée peu après 23 heures. La France insoumise a préféré attendre le discours de politique générale du premier ministre François Bayrou, le 14 janvier prochain. © Alexis Jumeau/ABACAPRESS.COM

Les Écologistes (EELV), le Parti socialiste (PS) et le Parti communiste français (PCF) se sont rendus à Bercy, mercredi 8 janvier au soir, dans le cadre des consultations souhaitées par le ministre de l’Économie, Eric Lombard, et la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin. Une rencontre où le vote d’un budget pour 2025 et la réforme des retraites ont été abordés, mais dont il ressort « un sacré boulot pour ne pas aboutir à la censure ».

Par Tom DEMARS-GRANJA.

Le casse-tête se poursuit pour le ministre de l’Économie, Eric Lombard, et la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, chargés d’établir un budget 2025 à même d’éviter la censure au gouvernement de François Bayrou. Alors que le texte hérité de son prédécesseur, Michel Barnier, doit être examiné mardi 15 janvier au Sénat et que le discours de politique générale de François Bayrou est prévu un jour plus tôt, le 14 janvier, trois membres du Nouveau Front populaire (NFP) – les Écologistes (EELV), le Parti socialiste (PS) et le Parti communiste français (PCF) – se sont rendus à Bercy, mercredi 8 janvier au soir, dans le cadre des rencontres organisées avec les partis représentés au Parlement.

La rencontre entre les trois délégations de gauche et le duo composé de l’ex-directeur général de la Caisse des dépôts et consignations et de l’ancienne représentante de la France à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’est divisé en deux temps : un premier où seuls EELV et le PCF ont été reçus, dans l’après-midi, puis un second où ces derniers ont rejoint le PS – déjà invité lundi 6 janvier – dans la soirée. La France insoumise, elle, n’était pas présente.

« Nous estimons aussi que l’union fait la force »

« Nous avons accepté de rester pour une autre réunion de travail ce soir, qui était prévue avec le PS, auquel le PCF et les Écologistes vont se joindre parce que nous estimons aussi que l’union fait la force », avait ainsi annoncé la secrétaire nationale du parti les Écologistes, Marine Tondelier, peu après la conclusion de la première rencontre.

Deux temps, donc, dont « rien de conclusif » n’est ressorti, a annoncé le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, au sortir de la réunion achevée peu après 23 heures, au micro de BFMTV. « Rien n’est achevé et c’est une vraie négociation, estime-t-il. Nous continuerons à défendre nos positions, mais pour qu’il n’y ait pas de censure, ça suppose qu’il y ait une inflexion forte sur la politique qui est conduite jusqu’ici. »

« Les discussions ont été limitées à des sujets peu clivants. La question centrale des retraites, de la justice fiscale et de la fonction publique ont été remises à plus tard », appuie un cadre socialiste, mentionnant toutefois une « réunion utile et constructive ».

« L’abrogation de la réforme des retraites, c’est la condition sine qua non pour commencer les discussions avec nous », a de son côté souligné Marine Tondelier, alors que les Écologistes sont ressortis de ces rencontres avec le sentiment qu’il reste « un sacré boulot pour ne pas aboutir à la censure ». Même bilan pour la délégation communiste, qui avait indiqué, plus tôt dans la journée, vouloir mettre « en tête de gondole » de ses demandes l’abrogation de la réforme des retraites.

« En tout cas, trouver le moyen de suspendre la mesure d’âge, expliquait alors le secrétaire national du PCF Fabien Roussel. Aujourd’hui, ce n’est pas oui, ce n’est pas non, c’est en discussion. » Si, jusqu’ici, le gouvernement n’ouvrait la porte qu’à des discussions à la marge, sans accepter pour autant la suspension exigée par la gauche, Eric Lombard et Amélie de Montchalin « ont entendu le message », rapporte Fabien Roussel, interrogé par l’Humanité. « Nous attendons l’arbitrage du premier ministre », confie-t-il.

La France insoumise (LFI) a, de son côté, refusé d’entamer les concertations avec les ministres de l’Économie et des Comptes publics, préférant attendre la déclaration de politique générale de François Bayrou. « Le Nouveau front populaire s’est constitué pour tourner la page du macronisme, pas pour en garantir la continuité en négociant le poids des chaînes avec Bayrou, Borne et Retailleau », a ainsi regretté le coordinateur national de la France insoumise, Manuel Bompard.

De même pour le fondateur du mouvement, Jean-Luc Mélenchon, qui a fustigé les choix de leurs partenaires au sein du NFP, sur son compte X : « Aucun accord de non-censure du PS et d’EELV ne nous concernera jamais. Cette façon de négocier dans le dos du NFP et contre son programme est une forfaiture d’un irrespect total pour notre alliance. Mais nous dormirons tranquilles. La petite gauche traditionnelle n’a rien à offrir et ses négociateurs sont juste ridicules de servilité. » Le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, le député insoumis Éric Coquerel, serait néanmoins reçu, seul, ce jeudi 9 janvier.

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Source: https://www.humanite.fr/politique/budget/des-sujets-peu-clivants-la-peur-de-garantir-la-continuite-du-macronisme-des-discussions-en-demi-teinte-entre-bercy-et-u

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/des-sujets-peu-clivants-la-peur-de-garantir-la-continuite-du-macronisme-des-discussions-en-demi-teinte-entre-bercy-et-une-partie-du-nfp-sur-le-budget/

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