Des traces de lithium non explorées dans plusieurs communes bretonnes (OF.fr-21/01/23)

Au Guilvinec (Finistère sud), « un dyke de 35 cm de puissance qui mesure environ 50 m de long […] montre », selon le BRGM, « qu’il pourrait être possible de découvrir d’autres pegmatites minéralisées dans le district ». »

L’Europe veut sortir de sa dépendance à la Chine qui détient 60 % des capacités mondiales de raffinage. Parmi les six gisements français de granite à métaux rares identifiés, celui de Prat-ar-Hastel à Tréguennec (Finistère) est le seul site breton exploré. Mais en Bretagne, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a trouvé des traces de lithium dans d’autres communes.

La guerre du lithium est déclarée en Europe. Le Vieux continent veut sortir de sa dépendance à la Chine qui détient 60 % des capacités mondiales de raffinage quand la moitié de la production est assurée par l’Australie. L’enjeu est stratégique. Sans lithium, ce métal alcalin inscrit sur la liste des matières premières critiques par l’Union européenne en 2020, impossible de fabriquer des batteries de voitures électriques. Or, les besoins explosent. L’Agence internationale de l’énergie prévoit que la demande en lithium du secteur énergétique va être multipliée par plus de 40 d’ici à 2 040.

La France veut rester dans la course. Fin octobre 2022, au Mondial de l’auto, le Président Emmanuel Macron a annoncé le développement des mines de lithium en France « grâce au nouveau code minier ». Fin novembre, l’Observatoire français des ressources minérales pour les filières industrielles (Ofremi) a été créé pour sécuriser l’approvisionnement du pays.

Parmi les six gisements français de granite à métaux rares identifiés par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), celui de Prat-ar-Hastel à Tréguennec, dans la baie d’Audierne (Finistère). Dans un rapport réalisé en 2018, le service géologique national évalue à 66 000 tonnes la ressource en lithium du site qu’il a exploré de 1983 à 1986. Mais, alors qu’il n’existe à ce jour aucune demande d’autorisation d’exploitation du site, cette commune de quelque 320 habitants a fait savoir, dès février 2022, son opposition à toute idée d’extraction du lithium par une manifestation qui a réuni 600 personnes.

À Santec et au Guilvinec, des traces de lithium non explorées

Au Guilvinec (Finistère sud), « un dyke de 35 cm de puissance qui mesure environ 50 m de long […] montre », selon le BRGM, « qu’il pourrait être possible de découvrir d’autres pegmatites minéralisées dans le district ». ».

Dans la Bretagne à cinq départements, Tréguennec n’est pas la seule commune où l’on trouve des traces de lithium, même si c’est le seul site exploré à ce jour. Eric Gloaguen, chercheur associé à l’université d’Orléans (Loiret) et géologue métallogéniste, coauteur du rapport réalisé par le BRGM, explique dans quelles communes on relève des traces de ce métal alcalin et quels sont les freins à son extraction.

Dans le Finistère, le rapport recense des traces de lithium à Santec et, au Guilvinec, « un dyke (filon de roche) de 35 cm de puissance qui mesure environ 50 m de long » et « qui montre qu’il pourrait être possible de découvrir d’autres pegmatites minéralisées dans le district ». « On sait qu’il y a un peu de lithium. C’est intéressant à savoir, détaille Eric Gloaguen. Cela indique que potentiellement, il pourrait y avoir des choses plus intéressantes. Mais cela reste de la probabilité tant qu’il n’y a pas d’exploration. »

Dans les Côtes-d’Armor, le rapport évoque des traces de lithium dans le massif granitique de Quintin, dans la carrière de Gwernavalou et ​au lieu-dit Kerbellec. « Là encore, on parle d’indices. On sait que la géologie est favorable mais il faudrait explorer et seul un industriel peut décider de le faire après avoir obtenu les autorisations nécessaires », précise le chercheur.

En Loire-Atlantique, des traces de lithium ont été trouvées à ​Saint-Sébastien-sur-Loire et à Orvault.

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« Dans ce type de gisement, aucun métal lourd polluant »

On extrait le lithium de la roche par « abattage à l’explosif, explique Eric Gloaguen. Les blocs sont broyés dans trois concasseurs soit en souterrain, soit le minerai est transporté pour être traité en extérieur. Ensuite, on sépare les minéraux en fonction de leur densité avec des procédés physiques ».

« Sur 100 caisses de minerai broyé, indique encore le chercheur, on va récupérer une caisse de mica, 98 caisses de feldspath et quartz – que l’on peut valoriser pour faire de la céramique et des carrelages – et une demi-caisse de cassitérite et de columbo-tantalite qui contient de l’étain et du tantale très utiles ».

On fait ensuite flotter les paillettes de mica dans l’eau pour les récupérer avec un râteau. Ce sont elles qui contiennent le lithium. Selon Eric Gloaguen, « ce type de gisement fait très peu de déchets car presque tout le granite peut être valorisé, à la différence d’autres types de gisements de lithium. L’intérêt, c’est qu’il n’y a aucun métal lourd polluant et que l’on peut valoriser toute la masse ; cela reste du granite. Les granites à lithium sont extrêmement pauvres en fer et peuvent donc être utilisés pour faire de la céramique ».

Laetitia JACQ-GALDEANO

source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/des-traces-de-lithium-non-explorees-dans-plusieurs-communes-bretonnes-e77b971e-98d2-11ed-838e-db5cb73079c3

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