D’où vient le stress actuel des assistants d’éducation bretons ? ( LT.fr – 06/07/22 – 06h00 )

Martial Trégaro, 37 ans, est assistant d’éducation (surveillant) depuis onze ans. Après cinq ans au collège Madame de Sévigné de Mauron (56), le surveillant fait partie des profils que la nouvelle loi
Martial Trégaro, 37 ans, est assistant d’éducation (surveillant) depuis onze ans. Après cinq ans au collège Madame de Sévigné de Mauron (56), le surveillant fait partie des profils que la nouvelle loi sur le harcèlement scolaire devrait permettre de titulariser. Mais à la veille des vacances scolaires, il attend toujours.

La loi dit désormais qu’ils pourront être embauchés après six ans de CDD. Mais faute de décret signé, les assistants d’éducation (surveillants) bretons doivent patienter. Au risque de perdre cet avantage pour la rentrée.

Martial Trégaro n’en dort plus depuis deux semaines. À l’approche de ce qui aurait dû être sa dernière année scolaire comme assistant d’éducation, le surveillant de 37 ans (assistant d’éducation), en poste depuis cinq ans au collège public Madame de Sévigné de Mauron (56), est plongé dans un abîme de perplexité.

« J’enchaîne les CDD depuis 11 ans. Comme tous les AED, je me suis réjoui du vote de la loi relative au harcèlement scolaire, le 2 mars 2022. Un des articles me concerne directement. Il rend possible la titularisation des surveillants en contrat à durée indéterminée, après six ans sans interruption. Nous sommes 70 dans ce cas cette année en Bretagne. C’est une avancée que nous n’attendions plus ! J’adore mon poste dans ce petit collège de milieu rural. Ici, il n’y a pas d’étudiants à recruter, comme en ville. Au lieu de postuler dans le privé ou de changer de métier, j’avais une option pour être titularisé ».

J’adore mon poste dans ce petit collège de milieu rural. Ici, il n’y a pas d’étudiants à recruter, comme en ville. La loi m’offre une chance inespérée d’être titularisé. À condition que le décret soit rapidement signé

« Il y a une très forte attente »

Sauf qu’après la joie est venue l’attente. « Pour que le décret d’application soit signé, il faut que les discussions préalables aient eu lieu devant le Comité technique ministériel de l’Éducation nationale, qui donnera les conditions d’embauche de ces personnels, mentionne le délégué Sud Éducation Finistère Olivier Cuzon. Ce CTM se réunit ce mercredi 6 juillet 2022. Soit la veille des vacances scolaires, ce qui est déjà beaucoup trop tard et donne une impression de bricolage. Il y a une très forte attente, on met ces personnels au supplice ! »

Plus les jours passent, plus Martial Trégaro craint de ne pas figurer dans l’effectif de Mauron en septembre. D’autant que les recrutements sont, comme dans tous les établissements bretons, « bouclés tous les ans en juin », confirme ce principal de collège finistérien. « Je sais que dans d’autres académies, des courriers préventifs ont été adressés dès le 15 juin aux chefs d’établissements, pour qu’ils listent en amont les AED en fin de cycle et les associent aux futures équipes, une fois le décret signé. Ce n’était malheureusement pas le cas jusqu’à ces derniers jours en Bretagne ! », déplore encore le surveillant morbihannais.

Depuis cinq ans, je vis 40 heures par semaine au milieu des 180 élèves. Je ne gagne peut-être qu’un Smic, mais j’ai une légitimité. J’aime ce métier et je veux le garder

« J’aime ce métier et je veux le garder »

Interrogé, le rectorat de Rennes indiquait, le 1er juillet, avoir pris « des mesures transitoires », dont la signature d’un contrat à durée déterminée, « afin de permettre à ces personnels une jonction avec le CDI à venir et qu’ils ne soient pas pénalisés par une interruption de contrat ».

Depuis lundi, plusieurs surveillants finistériens auraient aussi été contactés directement, pour négocier les conditions de ces futurs CDI. « Mais on leur propose des temps partiels à 50 % ou 80 %, sans garantie de lieu, déplore le délégué Olivier Cuzon. Cette CDIsation devait aider à sortir de la précarité, et finalement elle en rajoute. Comment voulez-vous contracter un prêt bancaire avec un Smic à mi-temps ? C’est la douche froide ».

À Mauron, ce mardi, Martial Trégaro patientait toujours. « Depuis cinq ans, je vis 40 heures par semaine au milieu des 180 élèves. Gestion de la cour, des retards, des conflits, du relationnel avec les parents ou les profs… le champ de nos missions est très large et passionnant. J’ai aussi appris à déceler les signes qui ne trompent pas en matière de harcèlement, énumère le trentenaire. Je ne gagne peut-être qu’un Smic, mais j’ai une légitimité. J’aime ce métier et je veux le garder ».

Source : D’où vient le stress actuel des assistants d’éducation bretons ? – Bretagne – Le Télégramme (letelegramme.fr)

Auteur : Sophie Prévost

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