École d’art de Lorient : « On occupe le site jour et nuit, on ne le bloque pas » (OF.fr-13/03/23)

Inès, Sarah, Adèle et Lino, étudiants des Beaux-Arts de Lorient, occupent le site de Lorient depuis cinq jours.

Cela fait cinq jours que l’école des Beaux-Arts de Lorient (Morbihan) est occupée par des étudiants, de jour comme de nuit, pour protester contre le manque de dotations. Sur site, le mouvement s’organise. Et les soutiens ne manquent pas.

Les cinq nuits passées dans des salles de classe aménagées en dortoir n’ont pas tiré les traits des visages juvéniles. Ni échaudé leur volonté, restée de fer.

Cinq jours après le début de l’occupation de l’école des Beaux-Arts de Lorient (Morbihan), jeudi 9 mars 2023, les étudiants comptent bien poursuivre le mouvement. « On occupe le site jour et nuit mais on ne le bloque pas », martèlent Inès, Sarah, Adèle et Lino, quatre des nombreux jeunes engagés dans le mouvement « Écoles d’art en danger ».

Dans le hall, ce lundi 13 mars 2023, chacun vaque d’ailleurs d’un cours à l’autre. « C’est notre manière de le faire savoir, de montrer notre mécontentement. Même à Lorient, qui n’est pas le site le plus à plaindre, on a bien vu la différence depuis deux ou trois ans… » Exemples à l’appui : « Avant, on avait tous les mois et demi un work shop, c’est-à-dire que l’on recevait des artistes, on menait des opérations à l’extérieur. Depuis la rentrée 2023, c’est arrivé une seule fois », déroule Inès, 22 ans, en 3e année. « On arrive à travailler, mais c’est souvent le système D », renchérit Adèle, 20 ans, également en 3e année.

« Ça ne s’est jamais produit ici »

Alors chaque jour, le groupe, formé de près d’une centaine d’étudiants, se rassemble pour mener son assemblée générale.

Pour l’heure, l’issue est toujours la même : « On reconduit la mobilisation. » Une situation inédite d’après le directeur du site lorientais de l’EESAB, Roland Decaudin : « À ma connaissance, ça ne s’est jamais produit ici. Ça se passe bien, ils n’empêchent pas le fonctionnement de l’école », détaille celui qui n’est pas à convaincre.

« Évidemment, on ne peut être que solidaires de ce mouvement. Nous sommes tous impactés, Lorient compris, par les restrictions budgétaires. »

L’école a dû contractualiser trois agents de sécurité supplémentaires, pour assurer la sécurité du site, 24 heures sur 24.

Entre vingt et trente jeunes investissent chaque soir, à la fermeture des portes, à 21 h, des salles de cours, au dernier étage du bâtiment, pour y poser matelas et couettes. « On se relaie. »

Et le groupe se structure. Tous les jours, une équipe est dédiée à la confection des repas. Les étudiants ont reçu de nombreux dons de produits secs et d’ustensiles depuis jeudi. « Le prix est libre. Et ça nous permet de nous renflouer pour racheter ce dont on a besoin. »

Adeptes du système D, ils visent les invendus des magasins et des marchés, rapportent brosses à dents et gants pour la toilette du soir, « et pour les douches, on rentre quand même chez nous. »

Pour ou contre le retour des maths en Première ?

Et tous les matins depuis cinq jours, c’est le même rituel : il faut ranger les couchages avant le début des cours. Et repartir au combat.

Des ateliers pour soutenir le mouvement

Durant toute la durée (pour l’heure indéterminée) de l’occupation des lieux, les étudiants vont proposer, à partir de ce mardi, des ateliers et des projections. « Venez participer pour nous soutenir », lit-on sur leur tract.

Le premier, « Bricole ton badge », aura lieu ce mardi 14 mars 2023 (16 h à 19 h) ; deux autres, consacrés à la création de fanzines (à partir de 9 h), et aux masques (de 14 h à 16 h ou de 16 h à 18 h) se dérouleront mercredi 15 mars ; le dernier de la semaine, autour des fresques, est programmé vendredi 17 mars (14 h à 16 h 30).

Contact et inscriptions : okuplorient.56@gmail.com ; site internet : okupeesablorient.blogspot.com ; radio de l’occupation disponible sur mixcloud.com/Okup56/

Durant toute la durée (pour l’heure indéterminée) de l’occupation des lieux, ils souhaitent proposer, à partir de ce mardi 14 mars 2023, des ateliers et des projections.

Un budget pour 2022 en déficit

Dans un communiqué adressé ce lundi 13 mars, Sophie Palant Le Hégarat, présidente de l’EESAB, détaille qu’au regard des difficultés rencontrées par les écoles d’arts (hausse des coûts de l’énergie, relèvement du point d’indice, etc., et la non-augmentation des dotations de l’État depuis 2011), « l’EESAB (qui réunit les sites de Brest, Lorient, Quimper et Rennes) va déclarer pour la première fois de son histoire un budget en déficit pour 2022. Ce déséquilibre conduit l’établissement à élaborer une démarche de révision de son projet et de son périmètre d’activités (options / niveaux de diplômes…) L’équipe de direction est aujourd’hui chargée de proposer différents scénarios d’évolution du projet de l’établissement, permettant, à partir de priorités et de choix d’orientation, de rétablir l’équilibre budgétaire dans les cinq prochaines années. »

Pauline DECKER

source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/lorient-56100/ecole-dart-de-lorient-on-occupe-le-site-jour-et-nuit-on-ne-le-bloque-pas-82cd0872-c1b6-11ed-aad2-778331a86007

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