École : « on veut des profs », des parents d’élèves attaquent l’État en justice. ( l’Insoumission – 26/05/23 )

École
« Camarades De Classe Divers Sans Visage Assis Au Bureau En Classe », Katerina Holmes, libre d’utilisation, Pexels.

École. 190 heures d’enseignement perdues pour une classe de 4ème, 4 mois d’absence pour une classe de CE2 et quasiment autant en CP. Voilà les chiffres alarmants du non-remplacement des professeurs, tels que décomptés par la Fédération des Conseils de Parents d’Élèves (FCPE) pour la seule ville de Montreuil.

En France, de manière plus générale et de l’aveu même du ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, 15 millions d’heures de cours sont perdues annuellement du fait du non-remplacement des enseignants absents. Retards d’apprentissage, classes surchargées et contractuels insuffisamment formés sont le lot quotidien d’un grand nombre de jeunes Français, de la Maternelle à la Terminale. 

Pour lutter contre cette situation, conséquence directe de la faible rémunération et des conditions très souvent dégradées de l’exercice du métier d’enseignant, le collectif de parents d’élèves #Onveutdesprofs a lancé ce lundi 22 mai une nouvelle action en justice contre l’État. Notre article.

« C’est vraiment un cri de désespoir », Joyce Pitcher, avocate du collectif #Onveutdesprofs

Après avoir déjà lancé une procédure judiciaire en juin 2022 pour protester contre le non-remplacement des professeurs absents, le collectif #Onveutdesprofs attaque de nouveau l’État. Conformément à la jurisprudence, le collectif demande que chaque heure de cours non-assurée donne lieu à l’indemnisation des familles. Me Joyce Pitcher précise : « Le but n’est pas de nous enrichir, mais d’établir un nouveau rapport de force avec l’État pour réclamer l’embauche d’enseignants ». En parallèle, pour relayer ce combat, le collectif réclame une référente ou un référent dans chaque académie.

Ce n’est bien sûr pas l’absence des professeurs, le plus souvent due à des obligations de formation ou de participation à un jury, qui est dénoncée par le collectif, mais leur non-remplacement. Alexandra Barcon, présidente du FCPE de Montreuil témoigne ainsi à Franceinfo : « Même les absences pour retraite ou des mi-temps annualisés ne sont plus remplacées. ». Elle ajoute : « Cette année, je pense qu’on est au summum de ce qu’on a pu vivre depuis que je suis parent. Jamais je n’ai constaté une situation comme ça, avec des absences aussi longues non remplacées ».

École : malgré les annonces du gouvernement, une situation qui ne s’arrangera pas à la rentrée 2023

Le 20 avril dernier, dans le sillage des annonces d’Emmanuel Macron promettant de « remplacer du jour au lendemain » les professeurs absents, le ministre de l’Éducation nationale dévoilait son programme de revalorisation de la profession d’enseignant. Mais une fois de plus, le gouvernement se contente d’effets d’annonces, sinon de mensonges. Ainsi, à l’image du SNUIPP-FSU, les syndicats éducatifs dénoncent des mesures tardives, insuffisantes, et qui ne feront qu’accroître la charge de travail des enseignants.

Les problèmes de classes surchargées, de faibles salaires ou de respect des droits du personnel seront toujours les mêmes à la rentrée 2023, alarme Guislaine David, porte-parole du SNUIPP-FSU. Or, les conditions sans cesse dégradées de l’exercice de la profession d’enseignant se trouvant être la cause majeure de la pénurie de personnel éducatif, la rentrée 2023 s’annonce encore catastrophique en termes de recrutement de professeurs.

Ainsi le nombre de candidats au concours 2023 pour devenir professeur titulaire en collège-lycée ne progresse que de 3% par rapport à 2022, le SNUIPP-FSU prévoit 1 000 postes de professeurs vacants sur les 8 000 à pourvoir à la rentrée prochaine, et « en même temps » le ministère de l’Éducation nationale annonce la suppression de 1500 postes d’enseignants pour la rentrée 2023, après en avoir déjà supprimé 440 en 2022. En ce sens, la porte-parole du SNES-FSU dénonce auprès de Libération le « cynisme » de Pap Ndiaye, qui instrumentalise « la baisse démographique pour faire baisser les effectifs ».

Le non-remplacement massif des enseignants, symptôme parmi tant d’autres de la casse des services publics

« L’État préfère bricoler à coups de petites annonces, de job dating ». Cette déclaration de Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, est le témoignage criant de l’abandon par l’État du système éducatif. Par idéologie, la macronie ferme les yeux devant les causes structurelles du déficit d’enseignants : elle refuse d’augmenter substantiellement leurs salaires, et de leur garantir des conditions de travail dignes de la grandeur de leur mission.

Elle préfère recruter des milliers de contractuels, parfois formés en seulement 4 jours, ou démissionnaires au bout de 6 mois. « On sait que ces contractuels ne sont pas suffisamment formés, et tous ne sont pas capables d’affronter la réalité du métier » souligne à ce titre Guislaine David.

De manière générale, le néolibéralisme qui guide la politique macronienne s’emploie à dépouiller méthodiquement les services publics de leurs moyens. De l’Hôpital à la Police, de l’Éducation nationale à la Justice, Emmanuel Macron ne recule jamais devant les coupes budgétaires et la privatisation de nos services publics. Il est chaque jour de plus en plus seul à défendre son idéologie mortifère.

Par Eliot

Crédit photo : « Camarades De Classe Divers Sans Visage Assis Au Bureau En Classe », Katerina Holmes, libre d’utilisation, Pexels.

Source : École : « on veut des profs », des parents d’élèves attaquent l’État en justice – L’insoumission (linsoumission.fr)

URL de cet article : École : « on veut des profs », des parents d’élèves attaquent l’État en justice. ( l’Insoumission – 26/05/23 ) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *