Par Benoît GUÉRIN.
Près de 8 millions d’euros vont être débloqués par le Département du Morbihan et l’Agence régionale de santé pour aider des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes en très grande fragilité financière. Mais pour David Lappartient, le président du conseil départemental, « le système est à bout de souffle ».
« Certains établissements publics ont moins de 30 jours d’avance de trésorerie. » Le 22 septembre 2023, devant les élus du conseil départemental qu’il préside, David Lappartient avait donné une idée de la situation préoccupante de certains Ehpad (Établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes) du Morbihan. Alors que se profile, ce mercredi 4 octobre 2023, la journée de mobilisation nationale sur le sujet de la dépendance et des personnes âgées, où en est la situation morbihannaise ?
Le département breton abrite 113 Ehpad, privés et publics, tous cofinancés par le conseil départemental, pour la partie dépendance. Mais ce dernier joue un rôle supplémentaire concernant les 70 établissements publics puisqu’il fixe le plafond du tarif journalier, payé par les résidents ou leurs proches.
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Une vingtaine d’établissements très fragilisés
Selon les services du Département, 60 sont en déficit, et 21 ont une visibilité budgétaire inférieure à trente jours. Plus inquiétant encore : onze de ces établissements en grande difficulté sont des Ehpad « portés » par des CCAS (centres communaux d’action sociale). « Ils sont adossés à une commune. Si l’Ehpad plonge, c’est la commune qui plonge », résume David Lappartient.
Non seulement le Morbihan manque de places d’Ehpad, alors que le vieillissement de sa population s’accélère, mais il fait désormais face à la difficulté de financer correctement celles qui existent. L’inflation, l’explosion des coûts de l’énergie, la revalorisation des revenus sont passés par là. « Et encore, nous avons limité les dégâts grâce à l’achat groupé de Morbihan énergies, jusqu’en 2023. Sauf un, celui de Mareva, qui était sorti de l’accord. Mais l’an prochain, la facture d’énergie sera multipliée par deux, au moins. »
Face à l’urgence, le Département a sanctuarisé une enveloppe de 3,2 millions d’euros. « Ça ne veut pas dire qu’on va tout utiliser, mais ça donnera les moyens d’intervenir. » L’ARS (Agence régionale de santé, qui dépend de l’État) a déjà débloqué 1,5 million pour le Morbihan, et devrait en ajouter 4 autres en fin d’année.
« Un tsunami » dans quinze ans
Une façon de retarder une catastrophe qui s’annonce quand même : dans quinze ans, le Morbihan devra sans doute gérer 75 % de personnes dépendantes en plus. Elles sont 20 000 aujourd’hui. « Elles seront 35 000 demain ». Pour quel coût global et avec quels financements ? Combien de places ? Combien de structures disponibles et dans quel état ? « Cette vague, celle de la génération du baby-boom, sera un tsunami. Particulièrement dans le Morbihan. Les jours à venir ne seront pas heureux s’il n’y a pas une réforme structurelle au niveau national. Le système est à bout de souffle. »
En attendant, le conseil départemental, même s’il dispose de marges de manœuvre budgétaires confortables, doit déjà trouver d’autres leviers. « On pourrait ne plus être en situation d’intervenir dans les mêmes proportions l’an prochain ou l’année d’après. » Piste envisagée : inciter certains établissements à augmenter leur tarification, et se rapprocher du tarif journalier maximal : 67,25 € dans le Morbihan. « Il n’y aura pas le choix », assure David Lappartient.
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