Elisabeth Borne s’attaque aux jeunes et aux plus démunis (IO.fr-2/11/23)

Elisabeth Borne accompagnée de ministre Attal lors du comité interministériel, le 27 octobre à Chanteloup-les-Vignes

Quatre mois après les révoltes urbaines qui ont suivi l’assassinat de Nahel lors d’un contrôle policier le 27 juin, Elisabeth Borne a présenté un véritable plan de guerre contre les jeunes et leurs familles.

Par Marie-Paule LEMONNIER

Le 26 octobre à la Sorbonne, devant une assemblée de maires, la Première ministre annonce, au nom de « l’ordre républicain (…), une réponse pénale exemplaire et du refus total de l’impunité ».

Placement obligatoire dans des unités éducatives de la protection judiciaire de la jeunesse (sous la tutelle du ministère de la Justice), voire, dans certains cas, « un encadrement de jeunes délinquants par des militaires, qui pourront notamment transmettre des valeurs de discipline et de dépassement de soi » et montée en puissance du service national universel (SNU) : voilà ce qu’Elisabeth Borne propose à la jeunesse, alors qu’en juillet 2023, en un mois après la mort de Sahel, plus de 4 000 jeunes, la plupart sans casier judiciaire, ont fait face à une justice expéditive qui s’est traduite dans 60 % des cas par une peine de prison ferme, taux largement supérieur à celui de 2022 (Le Parisien, 11 septembre 2023).

Elisabeth Borne a aussi annoncé un pouvoir accru des polices municipales, des amendes en cas de non-respect d’un couvre-feu quintuplées, des peines de travaux d’intérêt général et des amendes pouvant atteindre 500 euros pour les parents : toujours plus de sanctions s’abattant sur des familles déjà en grandes difficultés, en majorité des femmes élevant seules leurs enfants.

Les préfets incités à ne plus attribuer de logements aux familles en difficulté

Le lendemain, 27 octobre, à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), en présidant un comité interministériel des villes, c’est aux possibilités de logement des plus démunis qu’Elisabeth Borne s’attaque en demandant aux préfets « de ne plus installer via l’attribution des logements ou la création de places d’hébergement, les personnes les plus précaires dans les quartiers qui concentrent déjà le plus de difficultés ».

Il s’agit, pour la Première ministre, de s’attaquer aux ménages Dalo (droit au logement opposable) qui ne pourront plus se voir attribuer de logement dans les quartiers concernés. A ce jour, 93 000 ménages sont en attente de logement malgré la reconnaissance par la justice de leur droit au logement (Le Monde, 28 octobre).

Sur son compte X (Twitter), le directeur des études de la Fondation Abbé Pierre réagit : « Punir les ménages prioritaires Dalo à cause des émeutes, quel contresens abyssal (…). Cette décision (illégale !) leur barrerait l’accès à un bien du parc HLM. »

Le 2 octobre, 2 800 enfants étaient dans la rue, dont 700 de moins de trois ans, selon une enquête menée par Unicef France et plusieurs associations impliquées dans la lutte contre l’exclusion, dont la Ligue des droits de l’homme et la Croix-Rouge. Ce chiffre est très en deçà de la réalité puisque le décompte prend uniquement en compte les familles ayant réussi à joindre le numéro 115, ce que beaucoup ne font même plus, ayant perdu tout espoir d’avoir un hébergement. (Le Monde, 18 octobre). Plus de 6 000 SDF à Paris ont vu leur habitat détruit et ont été déplacés dans des « sas » d’hébergement en province, dans le cadre de la préparation des Jeux olympiques.

De tout ce désespoir, Elisabeth Borne n’en a cure. Elle ose même affirmer : « La mixité [sociale] est une chance. »

Ce à quoi lui répond justement François Piquemal, député LFI de Haute-Garonne, sur X : « Ce qui favoriserait la mixité sociale, ce serait que les maires voyous qui refusent de respecter la loi SRU (qui fixe les quotas de logements sociaux par commune) soient sévèrement sanctionnés et obligés d’en construire. »

En même temps, l’Etat n’accorde aucun euro à la construction de nouveaux logements HLM et se défausse de ses responsabilités sur les communes.

Pour ce gouvernement barbare, les pauvres n’ont plus aucun droit et doivent disparaître.

Source: https://infos-ouvrieres.fr/2023/11/02/elisabeth-borne-sattaque-aux-jeunes-et-aux-plus-demunis/

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