En Bretagne, pourquoi de nombreuses plages sont interdites à la baignade [Carte] (LT.fr 08/08/2023)

Quarante-sept plages en Bretagne sont interdites à la baignade depuis plusieurs jours. En cause, une contamination des eaux à des bactéries, après les fortes pluies.

47 plages sont interdites à la baignade en Bretagne. (Le Télégramme)

Mauvaise nouvelle pour les baigneurs : le soleil et la chaleur sont de retour mais vous ne pourrez peut-être pas piquer une tête dans l’eau de votre plage préférée. Nombreux sont les sites à être actuellement interdits à la baignade.

Les plages des Glénan (29), la plage de Penfoul à Landunvez, celle de Treompan à Ploudalmézeau, du Ganaoc à Saint-Pabu ou encore des Quatre-Vaux à Saint-Cast Le Guildo (22)… En tout, il était interdit de se baigner dans 47 plages en Bretagne, le matin du 8 août.

Au début de la saison, ce chiffre était bien moindre : cinq, selon l’Agence régionale de santé Bretagne. Que s’est-il passé pour que les arrêtés d’interdiction pleuvent depuis et les drapeaux violets (pour pollution) et rouges (pour interdiction de baignade) sont autant hissés sur les plages ?

Les fortes pluies de l’été

La pluviométrie importante depuis la mi-juillet et les nombreuses dépressions – Antoni, Patricia – sont passées par là. Il n’y a qu’à voir la date des arrêtés : la plupart sont signés au 2 août, au moment du passage de Patricia.

« Avec les fortes précipitations, si le bassin-versant est urbain, l’eau pluviale vient lessiver les routes, nettoyer les sols et les trottoirs, qui ne sont pas forcément très propres », explique Laurent Le Berre, de l’association Eau et rivières de Bretagne. « Les égouts débordent aussi et toutes ces bactéries viennent polluer les cours d’eau. Des rivières qui vont se jeter dans la mer, dégradant la qualité de l’eau. »

Le rôle de l’assainissement et des terres agricoles

Les dysfonctionnements des systèmes d’assainissement, individuels comme collectifs, ont aussi une responsabilité : l’arrivée des eaux pluviales multiplie le volume d’eau reçu, pour des systèmes déjà fortement sollicités en période touristique. « Les ouvrages censés ralentir le débordement se remplissent trop vite et débordent jusqu’à la mer. »

Il y a également, comme dans le Nord-Finistère, les bassins-versants agricoles. « L’épandage de lisier se fait sur des sols nus. Dès qu’il pleut abondamment, le film de bactéries se décroche, ruisselle jusqu’au cours d’eau et contamine les eaux de baignade », poursuit Laurent Le Berre.

« Les causes sont multifactorielles et peuvent se cumuler : à Landunvez (29), on a un petit ruisseau qui rejoint la mer, avec, tout autour, des assainissements qui sont plus ou moins aux normes, des terres d’épandage, des terres de pâtures… »

E. Coli et entérocoques intestinaux

Résultat : lorsque les experts mandatés par l’ARS contrôlent les eaux après le passage d’une telle perturbation, il est très courant de retrouver des bactéries escherichia coli et entérocoques intestinaux dans les prélèvements. Au 8 août, 149 sites présentaient des résultats d’analyse « moyens » ou « mauvais ». C’est un quart des plages contrôlées. De mauvais résultats qui peuvent amener les mairies ou le préfet à édicter un arrêté d’interdiction de baignade.

C’est ce qu’il s’est passé au Moulin de la Rive, à Locquirec (29) : interdiction de s’y baigner pour des « raisons sanitaires », les analyses ayant retrouvé une quantité trois fois plus élevée de bactéries que les seuils autorisés. Même chose à la plage Melon, de Porspoder (29), où la présence de bactéries entérocoques atteint près de quatre fois la norme admise. C’est encore pire aux Glénan : 11 000 E. Coli pour 100 ml d’eau retrouvés autour de l’île de Bannanec, quand la règle se situe autour de 15 E. Coli.

Interdictions préventives

Certaines zones sont plus propices que d’autres aux contaminations aquatiques : celles exposées à des bassins-versants agricoles, urbains, ou à des systèmes d’assainissement défaillants, donc, mais aussi les plages fermées, qui empêchent le renouvellement des masses d’eau. Sur la carte de la Bretagne, les secteurs où les analyses sont les plus mauvaises sont d’ailleurs relativement localisés : le golfe du Morbihan, les territoires de Quiberon et Lorient et le nord Finistère.

Nombreuses sont donc les mairies à savoir, à l’avance, si un risque de pollution se profile après un épisode orageux. Des sondes peuvent aussi être posées pour prévenir les risques de débordements des eaux usées. Ce qui permet de prendre des arrêtés d’interdiction préventifs, comme sur la plage du Port Leen, à Arzon (56) – « fermeture préventive suite à de fortes pluies » – ou sur la plage des Quatre Vaux, à Saint-Cast-le-Guildo (22) – « résultats d’analyses obtenus dans le cadre de la surveillance de la qualité de l’eau réalisée par l’exploitant des systèmes d’assainissement collectif ».

« On le voit, le problème des eaux de baignade en Bretagne est un problème de pollution des cours d’eau », déplore Laurent Le Berre. Les collectivités et le monde agricole assurent, eux, continuer à mener des actions pour améliorer la qualité des eaux.

Auteur : Nicolas Arzur

Source : En Bretagne, pourquoi de nombreuses plages sont interdites à la baignade [Carte] | Le Télégramme (letelegramme.fr)

URL de cet article : En Bretagne, pourquoi de nombreuses plages sont interdites à la baignade [Carte] (LT.fr 08/08/2023) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)

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