EN IMAGES. Après huit ans d’occupation, l’Avenir de Brest s’est éteint en quelques heures (OF.fr 27/07/2023)

La lassitude de la ville de Brest (Finistère) l’a emporté sur le rêve des occupants de l’Avenir. Un escadron de gendarmerie mobile a été dépêché sur la place Guérin, jeudi 27 juillet 2023, pour évacuer l’ancienne salle municipale, dont s’était emparé un collectif d’habitants en 2015, sans jamais donner de garanties suffisantes aux autorités.

Une cinquantaine de gendarmes est intervenue pour déloger les cent personnes venues défendre le collectif « Pas d’avenir sans Avenir ». | OUEST-FRANCE


Ils s’y attendaient tous. Au moins depuis deux jours. Dès mardi 25 juillet 2023, des barricades avaient été installées devant l’entrée de l’ancienne salle de l’Avenir, à Brest (Finistère). Sur les réseaux sociaux, les soutiens du collectif « Pas d’avenir sans Avenir », investis dans les lieux depuis 2015, appelaient à se mobiliser contre une éventuelle procédure d’expulsion.

Celle-ci a finalement été lancée jeudi 27 juillet 2023, aux aurores, à la demande de la municipalité, propriétaire du site.

7 h du matin, début de l’assaut

Dès 6 h du matin, une centaine de personnes sont positionnées devant le site de la place Guérin. Les accès à la rue Bugeaud sont bloqués par des palettes, des bouts de tôle et des poubelles. Des militants, pour partie cagoulés, décident d’incendier ces barrages de fortune.

Les manifestants ont eux-mêmes éteint le feu, qui risquait de se propager aux habitations voisines. | OUEST-FRANCE

À distance, des sympathisants suivent l’avancée de l’escadron de gendarmerie mobile, dépêché par les services de l’État. Il est aperçu en haut de la rue Jean-Jaurès. L’assaut est imminent.

Peu après 7 h, la brigade met fin aux sommations. Une cinquantaine de gendarmes, postés au croisement de la rue Duret, s’avance en direction de l’Avenir, en arrosant la place Guérin de bombes lacrymogènes.

Un épais nuage de fumée a recouvert la place Guérin. | OUEST-FRANCE

Moins de dix minutes plus tard, la place est presque vide. Huit fourgons prennent position devant l’ancienne salle municipale.

Une démolition inéluctable

Les manifestants sont contraints de se retrancher dans les rues adjacentes. Le face-à-face se tient à distance. D’un côté, les invectives. De l’autre, de nouvelles projections de gaz lacrymogène. « Vous n’avez pas honte ? Vous êtes en train de canarder des gens qui n’ont rien fait », lance une femme aux forces de l’ordre.

Le cortège est une première fois repoussé vers l’église Saint-Martin, puis sur la rue Jean-Jaurès. Il tente de revenir aux abords de la place Guérin, mais là encore, une nouvelle salve de lacrymogènes le maintient éloigné.

Les soutiens du collectif « Pas d’avenir sans Avenir », contraints de rebrousser chemin sur la rue Jean-Jaurès. | OUEST-FRANCE

Ceux restés à proximité de l’Avenir ne peuvent que constater, vers 8 h, l’arrivée d’une pelle mécanique. En quelques secondes, le bras de l’engin déchiquette l’entrée, puis pénètre à l’intérieur du site pour s’attaquer aux deux bâtiments qui y avaient été aménagés pour recevoir des évènements.

Une pelleteuse est intervenue sur les coups de 8 h pour démolir le lieu culturel de la place Guérin. | OUEST-FRANCE

« L’Avenir avait une fonction, une humanité »

Sur la place Guérin, c’est l’exaspération. Tout au moins, pour certains, de la tristesse. L’un des membres du collectif « Pas d’avenir sans Avenir » accepte de témoigner : « On s’était pris au jeu de la médiation. Lors des dernières réunions, on commençait même à parler d’association, confie l’homme de 61 ans. Mais les délais politiques ne sont visiblement pas les mêmes que les nôtres. »

Ces dernières semaines, les négociations semblaient en effet avoir atteint un point de non-retour. Lors du conseil municipal du 27 juin, les élus de la majorité regrettaient le « refus de communication » de la part d’une « minorité de blocage » au sein du collectif. Ce dernier, dans un communiqué publié quelques jours plus tard, rejetait la faute sur la municipalité. Le lien était déjà rompu.

Vers 9 h, les riverains de la place Guérin se réveillent sous un nouveau jour. Un commerçant découvre, dépité, les dégâts causés sur la vitrine de son magasin. « C’est bien triste, déplore de son côté une habitante. L’Avenir avait une fonction, une humanité. C’était un vrai lieu culturel au sein du quartier. »

Auteur : Étienne LANNUZEL

Source : EN IMAGES. Après huit ans d’occupation, l’Avenir de Brest s’est éteint en quelques heures (ouest-france.fr)

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