
Par Caroline TREMAN (Presse Ocean)
Après la grève du 9 juin de médecins généralistes, certains ont décidé d’aller plus loin. Ils vont augmenter le tarif de leurs consultations à 30 € pour protester contre l’échec des négociations sur les rémunérations.
La colère gronde dans les cabinets de médecins généralistes. Certains seront en grève ce 9 juin 2023 afin de protester contre la proposition de loi « Valletoux » débattue le 12 juin à l’Assemblée nationale. Une loi qui entraînerait des obligations de permanence de soins, des contraintes liées à l’installation, déplore Médecins pour demain.
Un autre mouvement de colère, sur le long terme, prend racine dans plusieurs départements, dont la Loire-Atlantique. La journée de fermeture des cabinets doit être bien suivie. Et à la reprise, lundi, nous allons appliquer un nouveau tarif, sans concertation avec l’Assurance maladie
», indique Thomas Lacroix, un des médecins faisant partie d’un collectif de médecins de Loire-Atlantique.
« Il y a clairement une volonté de détruire la médecine libérale »
Dès le 12 juin, au moins 200 généralistes de Loire-Atlantique (sur 1 200) passeront à la consultation à 30 € voire plus. Si on a chacun 1 000 patients, cela peut impacter des milliers de personnes.
Ils sont en colère après l’échec des négociations entre l’Assurance maladie et les syndicats. Au final, un passage de 25 à 26,50 € la consultation à partir de l’automne a été décidé par la CPAM. Insuffisant selon de nombreux médecins.
Des généralistes décident donc de choisir leurs tarifs pour protester contre la situation de la médecine générale. C’est un mouvement qui part du terrain localement après une réunion ensemble.
On est assez en avance dans les décisions en Loire-Atlantique »,
Derrière eux, pas de syndicats, pas d’associations, même si certains les soutiennent.
Des médecins vont augmenter à 30 €, d’autres plus. C’est un mouvement collectif d’individualité.
Le but : mobiliser un maximum de confrères et faire comprendre à la population que l’Assurance maladie propose des tarifs qui ne sont pas raisonnables
.
À titre personnel, Thomas Lacroix exprime un sentiment d’exaspération : On ne se voit pas comme des ouvriers du soin avec des consultations toutes les dix minutes, standardisées à 25 €. On se voit comme des artisans qui travaillent avec chaque patient individuellement. On doit pouvoir fixer un tarif adapté pour une consultation plus longue
.
Pour lui, le discours est clair : On n’est pas dans une précarité. Mais on souhaite être reconnus pour la difficulté et le niveau important de responsabilité. Il y a clairement une volonté de détruire la médecine libérale. On essaye donc de sauver les meubles.
Des impacts
À partir du 12 juin, cette hausse sera « interprétée comme un dépassement exceptionnel (DE), cadré. On ne va pas utiliser ce moyen-là. On est dans une augmentation de nos honoraires de façon unilatérale
», précise le médecin généraliste. À voir si les patients devront débourser les 5 € ou s’ils seront remboursés par les mutuelles. L’objectif n’est pas d’impacter les patients mais bien de déclencher une prise de conscience sur les moyens accordés aux soignants de premiers recours ».
Une augmentation, hors du cadre, peut créer des soucis. Si l’un de nous est importuné, on organisera une action collective de défense.
Certains médecins déterminés iront plus loin. Si rien ne s’arrange, j’envisage de quitter Couëron et de me déconventionner.
Avec des consultations non remboursées aux tarifs libres.
Un effectif en recul
Chiffres. Parmi les 11 371 médecins dans les Pays de la Loire, – dont 25 % ont plus de 60 ans -, on compte 5 512 spécialistes de médecine générale et 5 858 autres spécialistes, selon le bilan de l’Observatoire régional de santé de février 2023 (données de 2022). 3 703 sont en libéral (ou mixte, libéral et salarié) et 599 sont remplaçants. En dix ans, on est passé de 5101 à 5512 médecins généralistes (+ 0,8 %) mais la démographie a explosé, notamment en Loire-Atlantique. Pour la première fois, en 2022, l’effectif des généralistes était en recul dans la région (-40). Les Pays de la Loire comptent 145 généralistes pour 100 000 habitants (149 pour 100 000 en France). Depuis 2012, la proportion de médecins salariés a augmenté (+2,3 %).
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