Entres les criées de La Turballe et du Croisic, le ton monte (OF.fr-1/02/24)

La criée de La Turballe génère 600 emplois directs et indirects.
La criée de La Turballe génère 600 emplois directs et indirects. | PHOTO ARCHIVES PRESSE OCÉAN

À vol d’oiseau, quelques kilomètres séparent les criées de La Turballe et du Croisic, les deux de Loire-Atlantique. Aujourd’hui, elles sont menacées par une étude du Département qui envisage une fermeture. Dans chaque commune, la défense s’organise.

Par Lisa Morisseau (Presse Océan)

 Le maire, les élus et les Turballais soutiennent les pêcheurs et la criée , peut-on lire affiché en grand à l’entrée de La Turballe. Au marché de la commune, ce mercredi 31 janvier, le maire Didier Cadro distribue des tracts avec ce même message. La crainte : une fermeture de la criée et des 600 emplois directs et indirects qu’elle génère.

Le Département a lancé une étude en décembre 2023 sur l’avenir des criées de La Turballe et du Croisic, les deux de Loire-Atlantique. Elles sont sous la houlette de deux structures : le syndicat mixte des ports de Loire-Atlantique (Sym), qui en est propriétaire pour le compte du Département, et la société d’économie mixte locale (SAEML) qui les gère, en sachant que le Sym est l’actionnaire majoritaire.

Garder les deux criées, les fusionner ou fermer les deux

 D’un point de vue économique, est-ce tenable de garder deux criées sur le territoire ? , s’interroge Lydia Meignen, présidente de la SAEML et en charge de l’étude qui s’achèvera fin mars pour une décision rendue en juin 2024. Garder les deux criées, les fusionner ou fermer les deux : rien n’est exclu.  Un comité de pilotage a été mis en place. En parallèle depuis deux mois, nous consultons l’ensemble de la filière : pêcheurs, mareyeurs, élus… À ce stade, aucune décision n’a été prise , insiste-t-elle et assure :  Mon but est de maintenir les métiers de la pêche en Loire-Atlantique .

Le maire de La Turballe Didier Cadro incite les Turballais à signer une pétition pour soutenir les pêcheurs. | PHOTO PRESSE OCÉAN-LISA MORISSEAU

« Si l’on ne le fait pas aujourd’hui dans 2-3 ans, les deux criées ferment »

Avant de connaître ses conclusions, les élus de La Turballe se mobilisent.  Bonjour, voulez-vous signer une pétition contre la fermeture de votre criée ? , répète ce mercredi Didier Cadro aux Turballais venus au marché.

Alors que la menace plane, le maire se veut pragmatique :  Les finances de la SAEML sont au plus mal, je pense qu’il faut en fermer une des deux. Si l’on ne le fait pas aujourd’hui, dans deux-trois ans les deux mettront la clé sous la porte . L’édile pointe  des frais d’électricité multipliés par deux en 2023, passés de 200 000 à 400 000 €, et des mareyeurs qui achètent de plus en plus en ligne sans venir sur place . Naturellement, sa majorité défend le maintien de la criée de La Turballe contre celle du Croisic. Ses arguments : la criée se hisse à la première place en tonnes débarquées pour le département, le port en eau profonde peut accueillir 24h sur 24 des navires, quelle que soit la marée, contrairement à celui du Croisic, et la meilleure accessibilité de la commune pour le fret routier.

Le port de La Turballe et sa criée. | PHOTO ARCHIVES PRESSE OCÉAN

Finie l’unité des deux communes

Un changement de ton par rapport à juin dernier où les maires des deux communes affichaient leur unité. Une grande réunion avait été organisée à La Turballe, les maires y défendaient avec vigueur la filière et les 980 emplois qu’elles font vivre sur les deux communes. Était vantée la complémentarité des deux ports. Le Croisic spécialisé dans les crustacés vivants, quand La Turballe se concentre davantage sur le poisson. Désormais, chacun pour sa commune.

Au Croisic aussi, on s’organise (*). Les professionnels du secteur viennent de se rassembler dans un groupe de réflexion. Ils s’appuient sur une étude pour montrer la viabilité de leur « halle à marée ». Celle-ci met en avant  les 53 marins et 18 navires de la commune, les 1 732 tonnes débarquées en 2022 pour une valeur de 14 millions d’€ qui classe la criée au cinquième prix moyen le plus élevé en France et la 20e criée en valeur sur les 33 en France .

Didier Cadro et les élus de La Turballe font signer une pétition pour les pêcheurs au marché. | PHOTO PRESSE OCÉAN-LISA MORISSEAU

Six bateaux envoyés à la casse

Plus largement, le secteur de la pêche est en crise. En 2023, à La Turballe, six bateaux ont été envoyés à la casse avec un plan de sortie de flotte lié au Brexit. Les investissements du port sont également à l’arrêt. Les grues qui servent à décharger le poisson datent de 1984. Et des pêcheurs sont en difficulté. À La Turballe, dix-neuf bateaux sont impactés par la trêve d’un mois dans le golfe de Gascogne pour protéger les dauphins.

(*) Contactée, Michèle Quellard, la maire du Croisic, n’a pu être jointe.

Source: https://www.ouest-france.fr/economie/economie-de-la-mer/entres-les-criees-de-la-turballe-et-du-croisic-le-ton-monte-13b4e578-c029-11ee-9812-c8f10941541a

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