ENTRETIEN. Crise du logement en Finistère : « On est au début du problème » (OF.fr-3/12/23)

Le centre de Brest vu du ciel

Le président de l’association des maires du Finistère, Dominique Cap, donne son sentiment sur la crise du logement. Une inquiétude quotidienne pour les édiles du département.

Entretien avec Dominique Cap, président de l’association des maires du Finistère et maire de Plougastel-Daoulas, réalisé par Aurore TOULON

Le logement est-il un sujet de préoccupation pour les maires finistériens ?

C’est LE sujet aujourd’hui. Tous les maires y sont confrontés. La situation est extrêmement tendue, avec un cumul de mesures et de contraintes que je n’ai jamais vu depuis vingt ans que je suis maire.

Par exemple, les passoires énergétiques ne peuvent plus être louées en E et F. C’est bien. Mais je pose la question : vaut-il mieux un mauvais logement ou pas de logement du tout ? Les locataires qui se retrouvent dehors viennent nous voir en mairie. Le nombre de dossiers en attente d’un logement social a explosé.

Dominique Cap, maire de Plougastel-Daoulas et président de l’association des maires du Finistère.

Vous faites face à des situations d’urgence ?

On est confrontés à ça tous les jours, nous les maires. Un logement conventionné s’est libéré sur ma commune de Plougastel-Daoulas, récemment. Le lundi on me dit : une famille l’attend depuis deux ans. Chouette ! Le mercredi, on me parle d’une autre famille, qui vit dans un logement insalubre avec un enfant asthmatique. Le vendredi, c’est une femme battue avec ses deux enfants qui a besoin d’un hébergement en urgence. Je n’ai qu’un seul logement, il faut que je choisisse. J’ai mis à l’abri la femme battue, évidemment. On traite en fonction des priorités.

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Quels sont vos moyens d’action ?

Construire est devenu difficile. On nous dit : « Vous n’avez qu’à grimper. » Mais dès qu’on a des projets où on monte, on a des comités de riverains qui se créent.

On a eu des commissions d’urbanisme avec zéro permis, ici dans une ville de 13 000 habitants ! On a beaucoup construit après le Covid, en 2021 et 2022. En 2023, ça s’est effondré et 2024 est dans la même lignée. On est au début du problème.

Vous craignez l’application de la loi Zan, zéro artificialisation nette. Qu’est-ce que ça implique ?

La loi Zan, c’est 50 % de consommation de foncier en moins. C’est tout à fait justifié, je ne remets pas en cause la raison. Mais moins de foncier, ça veut dire du foncier plus cher.

En Bretagne, on a consommé 18 000 hectares entre 2011 et 2021. On a donc droit à 9 000 hectares jusqu’en 2031. Et le compteur tourne depuis 2021 ! Certaines communes ont peut-être déjà consommé toute leur enveloppe.

À quelle échéance va se faire la répartition ?

On est arrivé au niveau des pays et des communautés de communes, puis on va arriver au niveau communal. Les discussions vont être assez animées.

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Certains secteurs du Finistère sont-ils plus touchés que d’autres par cette crise du logement ?

Il y a une liste des communes en tension. Les grosses agglomérations, les villes moyennes, le littoral bien sûr sont particulièrement touchés. Et les secteurs où il y a beaucoup d’emplois. Avant on cherchait un boulot, maintenant on cherche un logement.

Source: https://www.ouest-france.fr/societe/logement/entretien-crise-du-logement-en-finistere-on-est-au-debut-du-probleme-c787d66a-904e-11ee-b098-8644c47fd929

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