Entretien. Pour la députée de Redon, « la diabolisation de LFI profite à l’extrême droite ». (OF.fr – 14/10/23)

Mathilde Hignet, députée LFI de la 4e circonscription d’Ille-et-Vilaine
Mathilde Hignet, députée LFI de la 4e circonscription d’Ille-et-Vilaine | OUEST-FRANCE

En cette rentrée politique chahutée, Mathilde Hignet, députée LFI de la 4e circonscription d’Ille-et-Vilaine ne peut faire l’impasse sur le contexte international et qualifie « d’actes terroristes » l’attaque du Hamas en Israël. Crise au sein de la Nupes, « cas Mélenchon » et 49-3, la parlementaire fait le point.

La rentrée politique s’est tendue après l’attaque du Hamas contre Israël. Un trait de fracture a vu le jour entre les élus LFI qui se refusent à la caractériser de terroriste et les autres qui esquissent l’adjectif tout en rappelant le conflit ancien entre Israël et la bande de Gaza. Mathilde Hignet, députée LFI de la 4e circonscription, est de ces derniers tout en dénonçant les manœuvres politiciennes à l’origine de la polémique. Entretien.

La réaction de LFI a été ambiguë après l’attaque du Hamas contre Israël. Quelle est votre position ?

J’ai été profondément touchée et choquée par la cruauté des actes terroristes commis par le Hamas la semaine dernière et je suis aussi choquée par la réponse du gouvernement israélien, on ne peut que condamner ce qui se passe au moyen orient.

J’estime qu’on ne répond pas des crimes de guerre par d’autres crimes de guerre. Les premières victimes de l’escalade de ce conflit sont les milliers de civils. Il ne faut pas perdre de vue notre seul objectif qui est la paix.

Il faut que l’on aboutisse par tous les moyens possibles à la création de deux états égaux dans ce conflit qui ne date pas d’aujourd’hui. Vu le nombre de vie en danger, la France, en tant que nation, a un poids assez fort et doit appeler à un vrai cessez-le-feu.

Le Parti socialiste a répliqué en suspendant sa participation à la présentation du contre-budget de la gauche. C’est la fin de la Nupes ?

Je suis assez déçue par les manœuvres de politique politicienne. Ce désaccord-là est utilisé par ceux qui étaient déjà distants avec la Nupes, quasiment depuis le début pour en sortir définitivement.

J’ai eu des échanges avec des députés d’autres groupes politiques qui étaient dans un état d’esprit collectif dès le départ, ce sont des gens qui, après l’impact de cette rentrée parlementaire secouée, sont ouverts pour jouer carte sur table.

Il faut revenir à notre objectif initial commun sur la base des 650 mesures proposées lors des législatives qui visaient à améliorer la vie des gens.

Ce qui se passe loin de chez nous aujourd’hui qui est terrible ne doit pas nous faire oublier pourquoi on a créé la Nupes et ce que l’on vit dans notre pays : de plus en plus de gens sont dans la pauvreté, certains se privent d’au moins un repas par jour.

Y a-t-il « un problème Mélenchon » comme l’évoque Olivier Faure ?

Je ne dirais pas ça. Je rappelle souvent que Jean-Luc Mélenchon n’est plus élu. En tant que groupe politique, on a une organisation à l’Assemblée qui fait que l’on a des espaces de débats collectifs où chacun peut exprimer son point de vue.

Quand on a des désaccords, on a un processus de vote, on a un espace au sein du groupe, et on peut prendre des décisions sans avoir Jean-Luc Mélenchon autour de la table. Son nom revient souvent dans la bouche de gens de Renaissance ou du RN dans l’hémicycle qui, d’ailleurs, craignent un débat face à lui. Globalement, il y a une volonté de nous diaboliser.

Ce focus sur nous de la majorité présidentielle, qui prétendrait qu’on ferait n’importe quoi au pouvoir, profite au RN. Renaissance en joue et ne fait même plus barrage à l’extrême droite en faisant notamment élire deux vice-présidents de leur camp les rendant respectables. C’est pour ça que cette diabolisation m’inquiète.

Arrivent rapidement à l’Assemblée les projets de loi de finances. Le match 49-3 contre motions de censure va reprendre ?

On sait que l’article 49-3 va être dégainé le plus vite possible par le gouvernement. Ils ne veulent pas attendre des débats, ils n’ont pas envie que l’on ait des victoires. La motion de censure est, elle, impossible, on est en fait dans un blocage permanent. On est totalement freinés, voire empêchés de faire notre travail parlementaire. C’est grave que le budget de l’État soit adopté sans vote. Où est la démocratie là-dedans ?

En tant que parlementaire, on est censé déposer des amendements, essayer de faire évoluer la loi. Comme Renaissance n’a pas de majorité et qu’ils ne veulent pas se confronter au vote, ils utilisent tous les moyens possibles pour passer au-delà du parlement. Ils nous parlent de compromis mais quels compromis quand on fait adopter des textes sans vote ?

Je sais que les deux projets LFI de finance vont être adoptés en 49-3 mais ça me semble important de faire mon travail de parlementaire, de déposer des amendements qui vont dans le sens d’une amélioration de la vie des gens. Mais on voit la limite de la Ve épublique et la nécessité d’en changer.

Source : Entretien. Pour la députée de Redon, « la diabolisation de LFI profite à l’extrême droite » (ouest-france.fr)

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