Par Delphine LANDAY.
La marche contre Monsanto s’élancera ce samedi 20 mai 2023, à Lorient (Morbihan), pour dénoncer l’usage des pesticides dans l’agriculture et l’importation de soja OGM utilisé dans l’élevage breton, qui transite par le port de commerce. Ce dernier amorce un changement et attend un agrément biologique.
« Lorient (Morbihan) reste un site important du transport d’OGM, expliquaient les militants du collectif d’organisation de la Marche contre Bayer-Monsanto, ce lundi 15 mai 2023 à Ouest-France. C’est une porte d’entrée de matières premières dont on connaît l’origine… »
Le port de commerce de Kergroise, poumon économique de la Bretagne, c’est 2,72 millions de tonnes déchargées et chargées sur les quais en 2022, essentiellement des hydrocarbures et les vracs agroalimentaires destinés à l’alimentation des élevages bretons. Ce qui fâche les militants ? Les 600 000 tonnes de soja (dont une grande part est OGM) qui ont transité par les quais de Kergroise en 2022.
Des tonnes de soja et des emplois
Seulement voilà, entre 200 et 250 emplois directs. De quoi rendre la transition complexe. « C’est le problème sévère de la Bretagne, commente Daniel Cueff, vice-président à la région Bretagne (propriétaire du port de commerce) en charge de la mer et du littoral. Nous sommes extrêmement dépendants de l’importation de soja qui fait énormément de mouvements à Brest (Finistère) et Lorient. Nous travaillons pour l’autonomie protéinique de la Bretagne. La baisse des importations est lente. » Mais elle est une réalité. « C’est la volonté politique affirmée du président de Région. Lorient et Brest (Finistère) doivent différencier leurs activités, cela va notamment être possible avec les marchés des éoliennes. »
Un label bio très attendu
L’autre enjeu porte sur l’obtention de l’agrément bio du port de commerce, pour pouvoir décharger des produits bio. Demandé, attendu, cet agrément permettrait de répondre à un marché en plein dynamisme.
Car les habitudes de consommation de viande changent. Moins de viande dans les assiettes, c’est moins d’animaux à produire, moins de nourriture à importer et donc moins de trafic pour le port de commerce. Cet agrément permettrait une diversification bienvenue.
« C’est ubuesque, raconte Daniel Cueff. Ce label qui permettrait d’accroître les volumes de bio, c’est en fait la détention d’un tampon qui dépend de la direction générale des douanes et du ministère de l’Économie. Brest (Finistère), Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) et Roscoff (Finistère) ont eu l’accord de principe, mais n’ont toujours pas le tampon. Et nous demandons également ce tampon pour Lorient, voire même Douarnenez (Finistère). »
La réponse de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, concernant ce dossier pourrait rendre chèvre : « Vous n’avez pas les flux en bio, donc vous n’avez pas besoin du label… », rapporte Daniel Cueff. Un frein qui a déjà des conséquences sur un secteur en plein développement. L’entreprise Grain de Sail, né sur la côte morlaisienne (Finistère), développe du transport de chocolat et de café en voilier-cargo est obligé de décharger au Havre (Seine-Maritime). « Beaucoup de projets à propulsion véliques (portés par le vent) émergent, ce n’est plus marginal. »
« Réveiller les consciences »
Le port de Kergroise et plus globalement ceux de Bretagne se cherchent un avenir sans les OGM. Le label bio, suspendu à la volonté politique d’un ministère, en est l’un des leviers.
En attendant les militants écologistes appellent à une nouvelle marche, ce samedi 20 mai 2023. « Elle a pour objectif de réveiller les consciences. Nous nous devons de dénoncer ces importations comme nous dénonçons les pollutions insidieuses provoquées par les pesticides de synthèse sur notre santé et ces pollutions de l’eau, de l’air et de la terre qui aboutissent à la destruction de la biodiversité sur cette planète. »
Samedi 20 mai 2023, village associatif et militant ouvert à partir de 10 h, quai des Indes à Lorient. Départ de la marche contre Monsanto à 14 h.
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