Éoliennes en mer : les pêcheurs s’inquiètent pour leurs zones de pêche (OF.fr-13/10/22-19h28)

Comme plusieurs fileyeurs de Lorient, mais aussi du Finistère et de l’île d’Yeu, David Le Quintrec a l’habitude de poser ses filets au-dessus des roches au sud de Groix et Belle-Île, la zone sélectionnée pour l’implantation des éoliennes flottantes.

La localisation du parc éolien flottant au large de Groix (Morbihan), prévue par le gouvernement, ne fait pas l’unanimité chez les pêcheurs, notamment les fileyeurs, comme David Le Quintrec, qui dénonce la perte de leur zone de pêche. Témoignage.

La localisation du futur parc éolien flottant au large de Belle-Île et Groix (Morbihan) continue de faire des remous. Après les associations et élus qui demandent à les repousser plus au large, ce sont les pêcheurs qui s’inquiètent pour leurs zones de pêche, notamment les fileyeurs. Parmi eux, David Le Quintrec, qui pêche depuis des années sur la zone d’ancrage prévue.

Pourquoi la zone choisie pour les éoliennes en mer vous dérange-t-elle ?

Car c’est ma zone de pêche ! J’ai l’habitude de travailler là la moitié de l’année. Je serai le premier impacté. Cette zone, ça représente toute la superficie de celle prévue pour les éoliennes. C’est là que je pêche la lotte, la langouste, le lieu jaune, le merlu. Je pêche là la moitié de l’année, voire plus. Et je ne suis pas le seul. À Lorient, nous sommes quatre cinq bateaux à travailler là, il y en a aussi du Finistère et de l’île d’Yeu. C’est une zone fréquentée les trois quarts du temps par des fileyeurs. Déjà, cet été, avec le bateau qui effectuait des carottages, je n’ai pas pu pêcher comme tous les ans la lotte. On n’a pas pu travailler comme on voulait. Et il y a des collègues qui n’allaient plus dans ces eaux-là de peur d’être embêtés.

Le comité des pêches a pourtant proposé cette zone car c’est celle où l’impact serait le plus faible ?

Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que quel que soit le lieu d’implantation, il y aura un impact ! Pour moi, elles ont été mises là car c’est au-dessus d’un banc de roche où travaillent en majorité les fileyeurs. Ils l’ont choisi car ils n’ont pas voulu embêter les chalutiers. Les seuls qui sont impactés, c’est nous, les fileyeurs lorientais et finistériens.​Ça m’horripile d’entendre des choses comme ça. Les éoliennes ont été implantées là car nous sommes minoritaires par rapport aux chalutiers.

Avec son fileyeur Izel Vor II, David Le Quintrec pêche la langouste, la lotte, le lieu jaune et le merlu au large de Groix et Belle-Île, où le gouvernement a choisi d’implanter un parc d’éoliennes flottantes.

Pour vous, quelle serait la meilleure solution ou la « moins mauvaise » ?

La solution, c’est qu’il n’y en ait pas du tout ! C’est un non-sens écologique de toute façon. Mais on ne pourra pas revenir en arrière. Nous, les petits pêcheurs, on va devoir faire avec. Pour les fileyeurs, les zones où ce serait le moins dérangeant, c’est dans le franc, la vase, là ou travaillent les chalutiers, pas dans la roche.

Pour vous, quel sera l’impact de cette implantation ?

Il y a déjà un impact psychologique. On est toujours en train d’y penser, se demander comment on va pouvoir travailler. Qu’est-ce qu’on va faire si on ne peut plus aller à l’intérieur des parcs ? On va être obligés de se reporter sur d’autres zones avec d’autres bateaux. L’effort de pêche va être concentré sur des zones plus restreintes. Il y aura forcément un impact négatif pour la flotte des fileyeurs. Il y a des nuits, j’en dors plus tellement j’y pense.

Olivier CLERO

source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/lorient-56100/eoliennes-en-mer-les-seuls-impactes-c-est-nous-les-fileyeurs-622e94cc-465b-11ed-9aa2-6712ce5e3d21

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