Épuisée par la précarité, Emmanuelle quitte son poste d’AESH à Brest. ( LT.fr – 02/09/22 – 12h55 )

Emmanuelle Le Pors, après sept ans dans l’Éducation nationale a décidé de jeter l’éponge, mais elle continue à soutenir ses collègues, elle manifestera le 29 septembre.
Emmanuelle Le Pors, après sept ans dans l’Éducation nationale a décidé de jeter l’éponge, mais elle continue à soutenir ses collègues, elle manifestera le 29 septembre. (Le Télégramme/Catherine Le Guen)

Après deux ans de contrats aidés et cinq ans en tant qu’accompagnante des élèves en situation de handicap (AESH), la Brestoise Emmanuelle Le Pors jette l’éponge.

Épuisée par la précarité, la Brestoise Emmanuelle Le Pors a décidé de quitter l’Éducation nationale, mercredi 31 août 2022. Elle n’a pas renouvelé son contrat de trois ans d’AESH, après avoir travaillé sept ans auprès des élèves handicapés.

« On ne peut pas vivre avec 860 € par mois »

« Un salaire de 860 € par mois pour 24 heures hebdomadaires, alors qu’on ne cesse de demander un temps plein, ne permet pas de vivre. Très peu d’accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) bénéficient d’un temps plein. J’aimais ce métier mais j’ai perdu la motivation », constate Emmanuelle Le Pors, qui souhaite se reconvertir. Mais comment faire lorsque son compte formation a royalement été abondé de 590 € durant ces sept ans d’activités ?

« J’ai d’abord eu deux contrats aidés, puis cinq ans de contrats avec l’Éducation nationale.? Nous sommes nombreuses à partir, le métier est à 92 % féminin. Cela va être la catastrophe pour les enfants en situation de handicap. C’est de pire en pire, depuis un an, on nous demande de couvrir plusieurs établissements, cela augmente les frais de déplacement, et quand on est dans le bus, on n’est pas auprès des enfants ».

Une ferme pédagogique pour les enfants handicapés en projet

La Brestoise souhaite à présent suivre une formation de formateur, puis de maraîchage, avec le projet d’ouvrir une ferme pédagogique pour les enfants handicapés et ceux qui sont en échec scolaire.

« Dans le privé, quand un contrat s’arrête cela ouvre des droits mais pas dans le public », ajoute Emmanuelle Le Pors, qui devra attendre quatre mois d’inscription à Pôle emploi pour une allocation-chômage.

« Les femmes sont les plus précarisées »

« Je ne voulais plus être complice de ce système. Depuis des années, je demande à être formée, à travailler plus. Je paye ma mutuelle MGEN 125 € mais j’ai dû avancer 140 € quand il a fallu passer une IRM. J’étais mieux prise en charge lorsque j’étais en contrat aidé, je bénéficiais de la complémentaire santé solidaire (ex-CMU, NDLR). Nos formations se passent devant un ordinateur, on nous balade, et cela se dégrade. J’ai la chance de pouvoir partir, parce que j’ai un compagnon. Seule, jamais je n’aurais pas pu partir.? Quand on dit que les droits des femmes sont la grande cause du quinquennat, dans les faits, ce n’est pas le cas, ce sont toujours les femmes qui sont le plus précarisées », conclut Emmanuelle Le Pors, qui invite tous les parents, dont l’enfant ne bénéficie pas du nombre d’heures d’accompagnement notifié, à saisir le défenseur des droits de leur ville, pour exiger qu’il ait un accompagnement ou la totalité des heures promises.

Source : Épuisée par la précarité, Emmanuelle quitte son poste d’AESH à Brest – Brest – Le Télégramme (letelegramme.fr)

Auteur : Catherine Le Guen

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *