
© Bertrand-Hillion Marie-Paola/ABACA
Le fabricant d’obus Europlasma est en passe de racheter les fonderies de Bretagne. Mais aura-t-il la surface financière pour reprendre le site et de réaliser les investissements promis ?
Par Pierric MARISSAL.
La Fonderie de Bretagne (FDB), en redressement judiciaire depuis fin janvier, a reçu deux offres de reprise à la date butoir de mardi 4 mars midi, dont une du groupe français de traitement de déchets dangereux et fabricant de corps creux d’obus Europlasma, a annoncé la direction de l’entreprise dans un communiqué. Offre qu’elle qualifie de « très complète ».
« La deuxième offre, qui est une simple lettre d’intention, est portée par une société qui souhaite rester anonyme à ce stade », toujours selon le communiqué. Côté syndical, les représentants du personnel seront informés ce mercredi après-midi du contenu des offres (combien des 350 emplois seraient repris ? Des investissements sont-ils promis ?…) au cours d’un CSE. Contactés par l’Humanité avant le CSE, ils attendaient de connaître la qualité des offres avant de se prononcer.
Seul espoir pour la direction : vendre
Nul doute qu’ils ne perdront pas de vue la responsabilité de Renault dans leur situation. La Fonderie de Bretagne est une ancienne filiale du constructeur automobile, vendue en 2022 au groupe allemand Callista. L’entreprise reste néanmoins complètement dépendante de son ancien propriétaire, dont les commandes représentent 95 % du chiffre d’affaires.
Sauf que Renault a dénoncé le contrat qui liait le constructeur automobile aux fonderies jusqu’en 2026 et qui garantissait à son fournisseur de Caudan (Morbihan) un volume d’affaires, entraînant les actuelles difficultés de la FDB. L’entreprise a été placée en redressement judiciaire fin janvier par le tribunal de commerce de Rennes. Et c’est suite à l’annonce que Renault ne soutiendrait pas le projet de reprise à la hauteur des demandes du candidat repreneur, un fonds d’investissement allemand, Private Assets, et également propriétaire d’un groupe de fonderies, que les négociations ont capoté.
« Pour FDB, la problématique n’étant pas celle d’un endettement ou d’un passif d’exploitation à étaler dans le temps, la seule solution reste celle d’un plan de cession et de l’identification d’un repreneur potentiel intéressé par l’outil industriel performant, par la capacité de production disponible et par le savoir-faire et l’expertise des équipes », assure sa direction.
Europlasma : un repreneur qui pose question
Le repreneur dont l’offre est la plus structurée, Europlasma, est un groupe à l’origine spécialisée dans le traitement et la valorisation des déchets dangereux. Elle a échappé de peu à la liquidation en 2019, suite à l’apport en capital du fonds d’investissement luxembourgeois Zigi Capital.
Depuis, Europlasma reprend des entreprises en difficulté, avec l’aide de l’État comme des collectivités territoriales : Les Forges de Tarbes – ancien arsenal de Tarbes, spécialisé dans les corps creux d’obus – en 2021 ; Les Forges de Gerzat [ex-Luxfer], à Clermont-Ferrand ; Satma Industries (aluminium pour condensateurs) en 2022 et Valdunes SA, dernier fabricant hexagonal de roues de train, en 2024.
À chaque fois se pose la question : Europlasma a-t-elle les moyens de reprendre le site et de réaliser les investissements promis ? Outre les aides publiques, l’entreprise avait dû émettre pour 30 millions d’euros d’obligations convertibles en actions pour s’offrir Valdunes.
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URL de cet article: https://lherminerouge.fr/europlasma-a-depose-une-offre-pour-reprendre-la-fonderie-de-bretagne-h-fr-5-03-26/
Europlasma a une valo de 500k€. Tous les fonds pour les acquisitions sont levés par une société off-shore (Alpha Blue Ocean) basée aux iles Cayman.
Pour le reste aucune des acquisitions récentes n’est rentable et viable sans le soutien des aides publiques.
https://www.businesswire.com/news/home/20240425028344/en/Alpha-Blue-Ocean-Group-and-Europlasma-Expert-in-Depollution-Solutions-Announce-the-Signing-of-a-New-%E2%82%AC30-Million-Financing-Agreement